Ils sont nés 30 ans trop tôt : Sam Perkins, “légèrement” plus polyvalent et technique que son homonyme Kendrick
Le 29 mai 2020 à 18:18 par Alexandre Martin
Sam Perkins est né en juin 1961. S’il était né 30 ans plus tard, en juin 1991, il serait proche de ses 29 ans au moment où ces lignes s’écrivent. Il serait donc en plein dans son prime et il est difficile de croire que la jolie carrière de 17 saisons dont il nous a gratifié sur les années 80 et 90 n’aurait pas pu être encore plus belle sur les décennies 2010 et 2020. Beaucoup trop smooth l’ami Samuel…
2 juin 1991. Quasiment 19 000 personnes sont massées dans le Chicago Stadium (guichets archi fermés) pour le match 1 des Finales NBA entre Bulls et Lakers. Michael Jordan, Magic Johnson, Scottie Pippen, James Worthy, Horace Grant, Vlade Divac sont sur le parquet. Côté Lakers, on retrouve aussi ce bon Sam Perkins titulaire au poste 4 pour former avec le Serbe aux mains d’or une raquette atypique. Perkins approche des 30 ans, il fait partie des pièces importantes de ces Lakers vieillissants mais encore tellement compétitifs. Il aura un peu plus de 40 minutes de temps de jeu sur ce Game 1 et en profitera pour finir avec 22 points et 4 rebonds au compteur. C’est très logiquement qu’il est dans les 5 Angelinos qui reviennent sur le parquet après un temps-mort à un peu plus de 23 secondes du gong final. Les Bulls mènent 91-89, le Stadium rugit mais ce sont bien Magic et ses potes qui ont la possession.
Remise en jeu et le ballon arrive vite ensuite dans les mains du maître du Showtime. Il est défendu par un Michael Jordan ayant déjà 36 points et 12 passes décisives dans sa ligne de stats (business as usual en Finales pour le grand Mike) mais aussi 5 fautes. Magic le sait et compte bien en profiter. Il recule dos au panier. La défense des Bulls se resserrent. Bill Cartwright – qui est sensé s’occuper de Sam Perkins sur cette action – décroche de son joueur et s’approche du duel de légendes avec certainement dans l’idée de prendre Johnson à deux et de lui faire lâcher la balle. Sauf que Magic a toujours un coup d’avance et, à peine Cartwright commence à s’avancer dans sa direction que le meneur sert Perkins avec une précision et un timing dont il a le secret. Ouvert derrière l’arc dans l’aile, Perkins dégaine sans hésiter. Horace Grant tente de contester le tir lointain de l’intérieur des Lakers mais il est trop loin. 3 points pour Los Angeles, qui passent devant (92-91) avec 14 secondes sur l’horloge. Adresse et clutchitude pour Perkins. Chicago ne reviendra pas, dans ce match. Car la suite de ces Finales sera à sens unique pour les Taureaux avec un Jordan trop dominant et un Pippen trop collant pour Magic notamment. Mais ce n’est pas le sujet ici.
Est-ce que ce shoot a servi de déclic à Sam Perkins ? On peut se poser la question car même s’il était en confiance de loin avec 2 succès sur 3 tentatives avant de prendre ce tir fatal aux Bulls, Perkins avait déjà 7 saisons et plus de 550 matchs derrière lui en NBA pour moins d’un tir primé pris en moyenne par soir et un pourcentage de réussite qui dépassait difficilement 25. Et si l’on observe la production statistique du garçon ainsi que l’évolution de son jeu, on se rend compte que dès la saison suivante, il va prendre un peu plus de tris lointains. Le vrai changement interviendra à partir de son arrivée à Seattle, chez les Sonics, dans le courant de la saison 1992-93. Dans la ville du grunge, Big Smooth va tout de suite s’installer dans la rotation de George Karl dans laquelle il va sortir du banc mais avec un gros temps de jeu. La polyvalence de Perkins qui peut jouer 4 ou 5 sans sourciller, lui permet de jouer aux côtés ou à la place de Shawn Kemp. Dans ce rôle et alors qu’il commence à décliner un peu athlétiquement et ne peut plus courir comme il le faisait aux Mavs ou ensuite aux Lakers, Sam prend de plus en plus ses aises dans le périmètre. Il prend moins de rebonds mais prend de plus en plus de trois points et surtout, il se met à les rentrer !
Sur la saison 1993-94, il prend directement plus de 3 tirs primés par match et en plante presque 37%. Sur 1994-95, ce sont 40% de ses 4,4 tentatives par rencontre qui font trembler les filets adverses. Il est vrai que ce pourcentage va un peu baisser sur 1995-96 mais Perkins et sa capacité à artiller de loin seront une arme très importante pour ces Sonics meilleur bilan à l’Ouest et finalistes malheureux. D’autant plus que le vétéran connait son rôle en défense. A ce moment, Perkins a déjà 34 ans et 12 saisons dans la ligue dans les jambes. Pour autant, le profil complet du joueur peut faire saliver une fois transposé dans la NBA d’aujourd’hui.
Pivot ou ailier-fort, mobile, doté d’un bon toucher en attaque et capable de scorer efficacement à trois points. Combien d’équipes actuelles ne voudraient pas d’un tel profil en sortie de banc ou en titulaire ? Probablement aucune. Car quand on repense au Perkins rapide en transition, aimant attaquer le cercle balle en main et pas avare d’effort au rebond. On a envie de se dire que dans le basket des années 2010 et plus encore dans celui qui nous attend dans les années 2020, il aurait été un intérieur très prisé ! De Dallas à Los Angeles, Perkins c’est du 15 ou 16 points de moyenne accompagnés de 8 ou 9 rebonds, et ce pendant 8 saisons. Sérieux sans être dingue mais ajoutez-lui une culture su shoot lointain qui lui serait venue plus tôt, avant de décliner athlétiquement, il n’est pas du tout impossible que vous obteniez plus de 20 points de moyenne, toujours autant de rebonds et pourquoi pas un peu plus de spectacle.
Dans une équipe qui gagne pas mal de matchs, on a vite fait d’appeler ça un All-Star, ce que Sam Perkins n’a jamais été… Comme quoi l’époque, le contexte sont des facteurs clé dans beaucoup de carrières.
Dans la série “Ils sont nés 30 ans trop tôt” :
Le fameux tir du game 1 des Finales de 1991