Bonjour, au revoir : le passage express de D’Angelo Russell à San Francisco, suffisant pour perdre quelques matchs

Le 17 mars 2020 à 17:08 par Benoît Carlier

D'Angelo Russell
Source image : YouTube/Golden State Warriors

C’était l’une des premières bombes de cette Free Agency 2019. Dans leur malheur, les Warriors réussissaient quand même à obtenir une contrepartie en échange de Kevin Durant. L’arrivée de D’Angelo Russell à Golden State a même réussi à surprendre Adrian Wojnarowski tellement elle était inattendue. Quand on voit la suite des événements, on comprend mieux pourquoi.

On n’est pas près d’oublier ce 1er juillet 2019. Mais si on va surtout se rappeler de la formation d’un nouveau Big Three avec KD, Kyrie Irving et DeAndre Jordan à Brooklyn, tout le monde risque vite de zapper le move effectué par Bob Myers. En coulisses, les Dubs ont visiblement tout fait pour conserver le double MVP des Finales. Mais en manque d’arguments, ils ont fini par céder. Néanmoins, cela aurait pu être pire. En fin de contrat, le Snake aurait pu s’en aller sans un au revoir. Au lieu de ça, les Warriors ont tout de même réussi à négocier un sign-and-trade de D’Angelo Russell s’ils acceptaient de récupérer les contrats de Trevor Graham et Shabazz Napier ainsi que de lâcher un premier tour de draft protégé Top 20 qui se convertira finalement en un second tour de draft 2025 (WTF) comme l’a réclamé Dudu qui estimait qu’un simple échange était injuste pour les Nets. Tant pis, Golden State accepte les termes du deal et se retrouve avec un meneur All-Star qui fait déjà transpirer pas mal de monde en imaginant à quoi pourrait ressembler un backcourt à trois avec les deux Splash Brothers à ses côtés. En effet, DLo est instantanément prolongé pour 117 millions de dollars sur quatre ans et la possibilité de le voir cohabiter avec Steph et Klay existe même si beaucoup ont du mal à l’imaginer (les Rockets n’ont pas encore inventé le micro-ball à l’époque). Les perspectives sont folles avec trois menaces extérieures ultimes capables de se partager 70 points tous les soirs ou en faisant sortir un All-Star du banc pour maintenant la pression sur les défenses adverses pendant 48 minutes. Néanmoins, il faudra être patient car Killa Klay est out pour la saison et Baby Face le rejoint rapidement à l’infirmerie. Si bien que le deuxième choix de la Draft 2015 se retrouve finalement seul au volant d’un vieux tacot au bout d’une semaine de régulière.

On se dit que le temps va être long mais le front office persiste à dire qu’il ne bougera pas avant la fin de la saison. Ça tombe bien car l’ancienne poucave des Lakers se sent bien à San Francisco et a de grandes ambitions dans cette équipe. Sur le terrain, les statistiques sont à peu près les mêmes qu’à Brooklyn même si les Warriors collectionnent les défaites à l’instar de ce coup de chaud avec 52 points dans la défaite face aux Wolves bien emmenés par un Andrew Wiggins à 40 pions (le hasard parfois… mais non rien, on a dit pas de spoiler !). La mission est doublement remplie puisque le principal objectif de la saison devient vite d’obtenir le meilleur choix de draft possible. De plus, DLo n’échappe pas à la malédiction locale et effectue aussi de nombreux allers-retours à l’infirmerie pour permettre à ses coéquipiers de perdre encore plus de matchs. Au fur et à mesure que la trade deadline se rapproche, les discussions reprennent sérieusement avec les Wolves mais la veille du 6 février les deux camps semblent incapables de se mettre d’accord sur un échange. On se dit que Golden State garde toutes ses options ouvertes avant la prochaine Draft où un package pourrait être formé pour obtenir un All-Star encore plus renommé qui soit également plus compatible avec le roster de Steve Kerr. Puis, la wojbomb tombe, environ deux heures avant la fermeture du marché des transferts. DLo qui avait privilégié le soleil de la Californie à la pluie et au froid des forêts du Minnesota rejoint finalement son meilleur pote KAT tandis que Andrew Wiggins fait le chemin inverse avec deux tours de draft dans ses valises. Bob Myers a fini par accepter le contrat max du Canadien et récupère aussi de nouvelles cartouches pour de futurs steals à l’instar d’Eric Paschall en 2019. Le salaire de Wigo a de quoi faire vomir les fans des Warriors mais son adaptation en douceur a déjà commencé et laisse entrevoir de jolies choses dans la baie. Surtout, il ne faut pas oublier que son arrivée et celle des deux prochaines trouvailles des scouts à la Draft est la conséquence directe du départ de KD l’été dernier. Encore un joli move de la part du GM qui aurait très bien pu perdre un MVP et Top 5 mondial sans la moindre contrepartie il y a moins de douze mois.

Les trois mois de D’Angelo Russell en Californie du nord ne laisseront pas un souvenir impérissable aux fans de NBA. Dans quelques années, on aura probablement même oublié ce passage fulgurant. Néanmoins, son trade juste avant la deadline est peut-être à l’origine d’une nouvelle période de domination pour les Warriors. Seul l’avenir nous le dira mais la Dub Nation peut d’ores et déjà remercier le meneur pour être venu souffrir avec eux quelques semaines.