Andrew Wiggins débarque aux Warriors : plutôt un bon fit sur le papier, l’opération rachat peut commencer

Le 07 févr. 2020 à 13:41 par Benoît Carlier

Andrew Wiggins
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Envoyé à San Francisco avec des tours de Draft en contrepartie de D’Angelo Russell lors du trade le plus marquant de cette deadline 2020 en NBA, l’arrivée de Andrew Wiggins soulève de nombreuses questions chez les fans des Warriors. 94 millions de points d’interrogation pour être exact.

Avant de réfléchir à la place qui attend l’ailier dans l’organisation des derniers finalistes, il faut déjà se retourner sur son parcours en NBA depuis cinq ans et demi. Sélectionné en première place par les Cavaliers lors de la Draft 2014, le Canadien a tout de suite été échangé dans les forêts du Minnesota pour permettre de réunir Kevin Love avec LeBron James et Kyrie Irving à Cleveland. D’abord vu comme un futur franchise player par les Wolves, il remporte le trophée de MVP du Rising Stars Challenge et décroche le ROY malgré une saison terminée avec le pire bilan de la Ligue. Puis, il est rapidement devenu le lieutenant de Karl-Anthony Towns qui lui a succédé dans la longue lignée des first picks de Draft en 2015. Avec le pivot, le fils de Mitchell Wiggins devait permettre aux Wolves de retrouver la joie des campagnes de postseason au printemps grâce à ses qualités au scoring notamment. Il y a bien eu des cartons comme ses 47 points envoyés contre les Lakers en novembre 2016 ou plus récemment son 40/7/5/2 balancé lors de la victoire face aux… Warriors en début de saison. Il y a même eu la première série de Playoffs des Loups depuis quinze ans en 2018 à l’époque de Jimmy Butler. Mais les années sont passées et Wigo est peu à peu devenu une punchline pour son irrégularité et son manque de leadership flagrant malgré des moyennes de 19,7 points, 4,3 rebonds, 2,3 assists et 1 interception en 442 apparitions avec le maillot forestier de Minny.

Or, pour faire fonctionner ce deal et permettre à KAT de former un duo avec son pote D-Lo, il allait forcément falloir inclure le contrat du produit de Kansas dans la balance de manière à équilibrer les comptes. Les Warriors ont donc finalement pris la décision de récupérer les trois dernières saisons à 94,7 millions de dollars du Canadien entre 2020 et 2023 pour rendre cet échange possible et aussi (surtout) obtenir le premier tour de Draft 2021 des Wolves (protégé Top 3) ainsi que le deuxième tour de Draft de la même année. La réussite de ce trade ne pourra donc être évaluée que dans plusieurs années en fonction de ce que donneront ces picks dans une cuvée annoncée beaucoup plus forte que celle de 2020 mais elle dépendra forcément en partie de l’adaptation et des résultats de Drew dans le collectif des Warriors. Etant donné le contrat et la cote du joueur actuellement, il ne semble pas que le natif de Toronto ait été récupéré dans le but de préparer un nouveau trade et ce nouveau chapitre californien va aussi être décisif pour juger la carrière globale de Wiggins qui atteindra son prime au terme de son deal actuel.

A l’inverse d’un D’Angelo Russell qui avait carte blanche dans cette saison jetée aux oubliettes dès le départ dans la Baie, Andrew Wiggins va pouvoir prendre ses marques pendant deux mois et demi avant de devoir être un membre à part entière du projet des Dubs pour redevenir un contender à partir de la rentrée prochaine. Déjà, ce qui saute aux yeux tout de suite, c’est que la complémentarité du ROY 2015 avec les Splash Brothers est bien meilleure que celle de D-Lo. En envoyant Glenn Robinson III à Philadelphie quelques heures plus tôt, Bob Myers faisait savoir à tout le monde que le poste d’ailier titulaire était à prendre à Golden State. Il ne sera pas resté disponible longtemps, le Toronto boy inscrivant son nom en majuscule pour compléter un cinq majeur qui devrait ressembler à ça à la reprise 2020 : Curry – Thompson – Wiggins – Green – Looney. Du lourd à chaque poste autant en termes de niveau que de chèque puisque à part pour le pivot tout le monde dépasse allègrement les 20 patates par an. On est même à 34 millions de dollars de moyenne la saison prochaine concernant les quatre premiers noms de la liste soit un total de 136 plaques pour un quatuor. Sauf trade, vous avez donc compris que les triples champions NBA sur la précédente décennie n’auront pas le droit à l’erreur avec un supporting cast probablement très léger pour tenter de respecter les critères financiers fixés par la Ligue.

The readjusted Warriors core with multiple years of team control remaining after this season
PG: Steph Curry – 2 yrs, $88.8 mil
SG: Klay Thompson – 4 yrs, $157 mil
SF: Andrew Wiggins – 3 yrs, $94.7 mil
PF: Draymond Green – 4 yrs, $99.7 mil
C: Kevon Looney – 2 yrs, $9.9 mil

— Anthony Slater (@anthonyVslater) February 6, 2020

S’il est amené à rester dans la Baie, Andrew Wiggins va donc devoir apporter quelque chose au risque de devenir la cible de nombreuses critiques. Pour cela, il devrait déjà pouvoir compter sur un environnement beaucoup plus stable qu’à Minneapolis. En six saisons, il a déjà joué pour quatre entraîneurs différents avec des styles et des attentes là aussi bien différentes. La cohabitation avec Jimmy Buckets n’a pas non plus été facile et il devrait cette fois arriver dans une organisation avec la culture de la gagne où ses missions lui seront expliquées dans le détail par Steve Kerr et son staff. Dans la lignée d’un Harrison Barnes avant lui, Andrew a clairement un créneau à prendre avec son profil d’ailier athlétique. Défensivement, il va falloir step-up s’il ne veut pas devenir le souffre-douleur de Draymond Green très vite. Mais s’il a parfois pu être moqué sur cet aspect de son jeu, le first pick a tout le bagage nécessaire pour changer cette idée préconstruite dans un système où il ne pourra plus se cacher derrière le fouillis qu’il pouvait exister chez les Wolves. Offensivement, on sait qu’il est capable de prendre de gros coups de chauds. Avec des snipers tout autour de lui pour espacer les défenses, il aura de quoi se régaler en catch-and-shoot où il est bien plus efficace qu’en isolation ou en partant au drive comme il en est tout à fait capable avec sa vitesse, son impact physique et sa verticalité pour finir malgré le contact. Il doit bien comprendre qu’à Golden State il devient un petit rouage dans une grosse machine et qu’il n’aurai plus besoin de planter 20 pions tous les soirs pour répondre aux attentes.

Sur le papier, le fit existe bel et bien. Dans un cadre plus structuré et au sein d’une équipe taillée pour le titre qui ne s’en remettra pas exclusivement à lui en attaque, Andrew Wiggins pourrait vite prendre ses aises et s’imposer comme une pièce complémentaire dans le cinq majeur de Steve Kerr ces prochaines années. C’est peut-être sa chance de se racheter en prenant un rôle qui semble taillé plus lui car moins exposé. Mais attention à être réactif car son contrat reste un boulet que les Warriors pourraient traîner jusqu’en 2023 et le sujet risque vite de revenir sur la table s’il ne donne pas satisfaction dès les premiers mois de la saison 2020-21.

Source texte : The Athletic