Memphis Grizzlies, le bilan 2022-23 : la consigne “dégainez” n’a pas été parfaitement comprise

Le 12 juin 2023 à 11:17 par Clément Hénot

Ja Morant Memphis Grizzlies
Source image : YouTube

Direction Memphis pour distribuer des torgnoles dans ce bilan de la saison 2022-2023 des Grizzlies. Le bilan de saison régulière est flatteur, mais la déception en Playoffs fut immense. Pire encore, le côté extra-sportif a fait de ce squad, autrefois rafraîchissant, une équipe facilement détestable et bien souvent détestée.

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Une cinquantaine de victoires, qualification tranquille pour la postseason pour des Grizzlies aux dents longues et à la gouaille bien aiguisée. Dans la lignée de la saison précédente, Memphis doit faire office d’épouvantail, en saison régulière comme en Playoffs, et surtout, doit assumer le fait d’avoir sulfaté à peu près toute la ligue par presse interposée. On adore ce genre d’équipe qui blablate beaucoup, mais il va falloir assumer derrière.

Ce qu’il s’est vraiment passé

51 victoires, 31 défaites, mais une élimination au premier tour face aux Lakers et surtout une série d’événements extra-sportifs dont tout le monde se serait bien passé.

La saison des Grizzlies commence parfaitement : l’équipe enchaîne les victoires, le spectacle est au rendez-vous, l’ambiance du FedEx Forum est chauffée à blanc, et pour couronner le tout, on a une bonne dose de trashtalking chez les Oursons, qui ne reculent devant rien ni personne et qui ont cette image d’équipe bien underground bien nineties qui commence à avoir ses premiers haters à force de parler encore et encore.

Malheureusement, les blessures pointent le bout de leur nez et toucher presque tous les joueurs les plus importants de l’équipe. Pour ne rien arranger à tout ça, ils commencent à plus se faire remarquer en dehors des terrains que sur le parquet. Dillon Brooks s’embrouille avec tout ce qui bouge, avec LeBron James, avec l’entièreté des Warriors, et même avec Shannon Sharpe, consultant ESPN qui était au bord du parquet de la Crypto.com Arena. Ses nombreuses déclarations tapageuses ont beaucoup desservi dans le Tennessee, si bien que le joueur ne sera même pas conservé à l’issue de la saison.

Mais surtout, c’est Ja Morant qui déraille, malheureusement… Certains épisodes refont surface, comme cette histoire de passage à tabac d’un adolescent de 17 ans sur un terrain de basket avant de… pointer une arme dans sa direction. Mais son entourage non plus n’est pas exempt de tout reproche : ce sont eux qui ont menacé certains membres des Pacers en pointant un laser rouge vers le car de l’équipe, et qui ont également intimidé un agent de sécurité de centre commercial. Le meneur voltigeur fait des siennes en dehors du parquet, avec une attitude qui pourrait gâcher sa carrière pourtant promise à des sommets assez hauts, au sens propre comme au figuré. Puis viennent les épisodes des flingues brandis sur Instagram, le premier en mars 2023, dans une boîte de nuit du Colorado. Le meneur a été suspendu 8 matchs et a avoué devoir prendre soin de sa santé mentale. Il a parlé avec Adam Silver et a promis de faire plus attention à l’avenir, mais ses promesses n’ont tenu que deux mois… Dans un autre live où il se trouve dans la voiture de son ami, ce dernier le filme alors qu’il se croit encore dans GTA V. La vidéo fait le tour du monde et cette fois, la ligue pourrait bien se montrer plus intransigeante envers son meneur récidiviste. Ja Morant risque une suspension pour la moitié de la saison prochaine. Le verdict sera annoncé après les Finales NBA, ce qui laisse penser que ça va cogner fort pour l’ancien de Murray State, qui a visiblement mal compris la consigne “il faut dégainer”.

Tous ces épisodes desservent la franchise du Tennessee, qui ne fait plus parler d’elle dans la bonne rubrique. Les highlights sont toujours là, et les résultats aussi (en tout cas en saison régulière), mais ils sont gâchés par des frasques extra-sportives de la part de plusieurs joueurs. Ce qui a probablement dissipé l’attention en Playoffs et permis aux Lakers de s’engouffrer dans la brèche. Les Grizz’ vont devoir prendre une décision cet été : faut-il continuer le trashtalking incessant ou rester plus humbles ? L’identité de l’équipe compte, mais il faut aussi savoir prendre du recul. Le talent est là, le mental doit suivre.

La saison des Grizzlies en quelques articles

L’image de la saison

Ja Morant Gun 1 Ja Morant Gun 2

Deux images pour le prix d’une ici. On y voit à chaque fois Ja Morant en train d’exhiber un gun sur un live Instagram, la première fois posté par lui-même dans un nightclub du Colorado, la deuxième fois dans une voiture accompagné par l’un de ses amis qui filme également en live. Si la première fois Adam Silver a été clément avec le meneur qui a fait amende honorable auprès de la NBA et a même intégré une cellule de soutien psychologique, la deuxième fois risque de beaucoup moins bien passer auprès des instances de la ligue, et c’est un euphémisme. Temetrius Jamel Morant de son nom complet risque gros, très gros… Le verdict sera annoncé après les Finales NBA. En attendant, il a déclaré faire une pause des réseaux sociaux à travers plusieurs storys aussi énigmatiques que flippantes.

Il a cartonné : Jaren Jackson Jr.

Evidemment, Ja Morant a toujours fait le taf sur le parquet et il reste dans le top 5 des meilleurs meneurs de la ligue (et il n’est pas 5ème), mais ses frasques extra-sportives nous empêchent de le mettre dans ce paragraphe. Notre coup de chapeau va plutôt vers Jaren Jackson Jr.. Absent en début de saison, mais dès son retour il a rappelé à quel point il est essentiel à l’équilibre des Grizzlies, que ce soit en attaque ou en défense. Lauréat du titre de meilleur défenseur cette saison, Jaren Jackson Jr. a enchaîné les blocks (3 par matchs selon les statistiques, truquées ou non), mais aussi les buckets avec 18,6 points par match et quelques cartons offensifs lorsque Ja Morant était suspendu et Desmond Bane blessé. JJJ a endossé le rôle de seconde, voire de première option des Oursons lorsqu’il y a eu de la casse dans cette franchise pas épargnée par les blessures (rupture du tendon d’Achille et fractures du cerveau entre autres). Moins foufou et plus posé que le reste de sa bande de Memphis, le triple J fait office de “grand frère” et son sérieux à toute épreuve lui a permis de décrocher sa première sélection au All-Star Game. Sans son apport et sans son calme olympien, les Grizzlies auraient pu couler bien plus bas en saison régulière, et sortir encore plus tôt en Playoffs.

On l’attendait et on l’attend toujours : Dillon Brooks

Par où commencer ? On a tellement de questions à propos de cet énergumène… Mais avant toute chose, petit disclaimer : non, Dillon Brooks n’est pas l’unique responsable de la débâcle des Grizzlies, loin de là, mais il a sa part de torts. Déjà, celle de s’embrouiller à tort et à travers pour pas grand chose au final. Shannon Sharpe en courtside, Draymond Green et tous les Warriors par médias interposés, LeBron James en conférence de presse et sur le parquet après être allé tâter ses joyeuses. Dillon Brooks fait partie de ces joueurs qui blablatent énormément, de base on adore ça, mais il faut assumer derrière, et le futur ex arrière des Grizzlies a pêché dans ce domaine, en se faisant dépasser en défense et en étant un poids mort pour sa team en attaque. On l’attend toujours, mais sachez que les médias l’attendent probablement toujours également, eux qui n’ont pas vu le numéro 24 se présenter aux conférences de presse après les défaites. Pas une attitude que l’on attend d’un joueur professionnel… Les Grizzlies ont compris que le joueur a peut-être fait son temps à Memphis, et lui ont déjà signifié qu’il ne serait pas prolongé. Dillon Brooks va donc devoir trouver un nouveau point de chute, et après ses Playoffs, ce n’est pas forcément gagné, en tout cas en NBA, parce qu’on connait bien une équipe à Shanghai qui pourrait être intéressée.

Les statistiques individuelles

Stats Grizzlies

… et la suite ?

Les Grizzlies sont toujours en attente du verdict concernant Ja Morant, lui qui a récidivé avec son gun au cours d’un live Instagram. Adam Silver doit annoncer, après les Finales NBA, la sanction qui dictera une grande partie de la saison à venir des Grizz’. Mais étant donné que ce n’est pas la première fois, le commish pourrait taper du poing sur la table assez fort, on parle d’une potentielle suspension pendant la moitié de la saison. Sans leur star, il faudra faire des ajustements à Memphis, JJJ a prouvé qu’il pouvait tenir la baraque et Desmond Bane sera chaud aussi, Steven Adams et Brandon Clarke vont quant à eux revenir de blessure et réintégrer la rotation. Dillon Brooks sera quant à lui remplacé numériquement, probablement par un joueur du même profil mais sans l’option fils qui se touchent. Au niveau de l’attitude, les Oursons ont pris une belle leçon d’humilité et vont devoir plus se concentrer sur le jeu et moins sur la parlotte, car en quelques années, ils sont passés d’une équipe kiffante, rafraîchissante et redoutable, à une équipe de bandits qui veulent juste se castagner et que tout le monde veut voir tomber. Pour éviter de partir davantage en live (Insta), il va falloir rendre les armes (au sens propre uniquement) pour pouvoir avancer. Un changement d’attitude est nécessaire dans le Tennessee, et la non-prolongation de Dillon Brooks est déjà un premier geste en ce sens.

Après un rendez-vous en Playoffs totalement manqué face aux Lakers, les Grizzlies sont redescendus sur terre. Comme on dit dans La Haine : “l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage”, mais celui-ci pourrait être violent une fois la suspension de Ja Morant annoncée. Il faudra encore probablement compter sur eux l’an prochain, mais l’équipe devra montrer davantage de sérieux, ils ont les moyens d’aller bien plus haut, à eux de mettre ce qu’il faut en œuvre pour y parvenir.

Source : ESPN