La Vivint Smart Home Arena : une salle chargée d’histoire, sauf le dimanche

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction l’Utah et plus particulièrement Salt Lake City, pour une visite guidée de la Vivint Smart Home Arena qui accueille les Jazz depuis 1991.

La fiche

• Nom actuel : Vivint Smart Home Arena
• Anciens noms : Delta Center, Salt Lake Ice Center, EnergySolutions Arena
• Adresse : 301 South Temple
  
• Ville : Salt Lake City, Utah
• Date d’ouverture : 9 octobre 1991
• Affluence maximum : 19 911 personnes
• Propriétaire : Miller Family Legacy Trust
• Surnoms : ‎ESA, Vivint Arena

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— Utah Jazz (@utahjazz) June 19, 2022

Histoire

Quelque part dans le fin fond de la région d’Intermountain West se trouve l’enceinte du Jazz, la Vivint Smart Home Arena. Se situant dans la capitale de l’Utah, Salt Lake City, le château de Rudy a plusieurs fois changé son passeport tel un Ronaldinho au Paraguay en 2020. 1990 sonne comme le début du chantier coûtant au regretté propriétaire Larry H. Miller 94 millions de dollars à l’époque. En 1991, cet écrin sortait donc de terre sous l’appellation Delta Center suite aux droits de naming acquis par la société Delta Airlines pour la modique somme de 25 millions de dollars sur 20 ans. Sauf qu’en 2006, l’entreprise EnergySolutions rachète les cinq derniers années de contrat dans le but de s’accaparer le nom de la salle jusqu’en 2015. Là encore, l’organisation ne prolonge pas son bail avec la franchise de Quin Snyder, l’entreprise Vivint Smart Home en profite donc pour imposer son blaze jusqu’en 2025 minimum pour un montant inconnu.

Possédant une capacité de près de 20 000 places, la salle ouvre ses portes à sa franchise fétiche un soir de pré-saison 1991 lors d’une défaite 101-95 contre les Knicks de Pat Ewing. Les Mormons font partie des supporters les plus fidèles de la NBA avec un taux de remplissage de 90% entre la saison 1992-93 et celle de 2016-17. On peut expliquer ce succès grâce à deux principaux facteurs – et on ne parle pas de Karl Malone. Le premier concerne la volonté de l’organisation de ne pas y planifier de matchs le dimanche hors Playoffs pour raisons économiques. Une bonne partie de la communauté étant très religieuse, des tests ont déjà montré que faire salle comble le septième jour de la semaine à SLC relève de l’exploit. Autre levier qui garantit une belle audience, la franchise pratique des prix relativement faibles par rapport à ce qu’il se fait partout ailleurs. Il existe deux types de tribunes au sein de cette arena : le lower bowl se situant au plus proche du terrain avec des prix moyens entre 53 et 191 dollars et l’upper bowl qui sont les sièges plus en hauteurs avec des tarifs très raisonnables entre 15 et 50 dollars. Compte tenu de son âge, la franchise a décidé d’opérer un vaste chantier de rénovation de sa salle à l’été 2017 d’une valeur de 125 millions de dollars. Parmi les différents travaux, l’entrée principale a été rénovée et est désormais équipée d’un écran géant alors que les sièges ont changé de couleur pour matcher avec la nouvelle charte graphique de la franchise. Avant cet immense chantier, Larry H. Miller dépensait en 1999 cinq millions de billets verts pour réparer le toit de l’enceinte endommagé par la tornade de l’époque.

Désormais, le parquet évolue selon la tenue portée par les joueurs. Au niveau des différents événements qui se déroulent dans les travées de l’édifice, plusieurs concerts sont organisés et pas n’importe lesquels puisqu’un show de Céline Dion prévoyait d’enflammer le dancefloor le 27 avril 2020 avant d’être finalement repoussé à cause du coronavirus. Un peu moins populaire que Céline, l’épreuve de patinage des JO d’hiver 2002 se disputait dans cette enceinte qui reçut aussi le Monster Jam en 2016. Si on revient au basket, on peut préciser que deux Finales NBA se sont déroulées entre ces murs en 1997 et 1998 alors que la NCAA a déjà fait escale dans l’Utah juste avant les travaux de rénovation. Les fans du Jazz accueilleront également le All-Star Game 2023 à la maison pour voir un nouveau co-MVP partagé entre Donovan Mitchell et Rudy Gobert à l’image de John et Karl en 1993, là-aussi à domicile. Ces derniers symbolisent la réussite de l’équipe depuis sa création, ce sont donc eux qui détiennent en toute logique les perfs les plus dingues réalisées dans les travées de la Vivint Smart Home Arena avec notamment la plus grande remontée jamais effectuée dans l’histoire de la NBA lors de la rencontre face à Denver en 1996 où les hommes de Jerry Sloan effacèrent un déficit de 36 points. Enfin, du côté des records, Karl Malone toujours lui inscrit 51 points face aux Warriors le 9 décembre 1995, John Stockton encore lui distilla 23 passes à trois reprises alors que Al Jefferson détient toujours le record de rebonds pris à la maison avec 26 captures contre les Mavericks en 2012.

Meilleur souvenir à la Vivint Smart Home Arena

Pendant 12 saisons, la Vivint Smart Home Arena a hébergé le meilleur passeurs de l’histoire. Parmi ses quelques 1504 matchs de saison régulière, il y en aura un plus marquant que les autres. Le 1er février 1995, les Mormons reçoivent les Nuggets et il manque 11 passes décisives à John Stockton pour détrôner Magic à la première place des passeurs les plus prolifiques all-time. Rien d’insurmontable quand tu tournes à 12,3 assists de moyenne cette saison-là. Comme d’habitude, Johnny va régaler ses partenaires en caviars. Une passe, deux passes, trois passes jusqu’à la dixième qu’il délivre pour un shoot à mi-distance de Tom Chambers qui fait basculer la foule dans un état second. Histoire de faire les choses proprement, Karl Malone revient sur le parquet pour être celui qui placera Stock au sommet de la hiérarchie des passeurs. The Mailman hérite du ballon dans la raquette de vous savez qui et enchaine en envoyant un jump shot qui ne crame que de la ficelle. John entre dans la légende et passe à la postérité pour se placer sur un strapontin qu’il risque d’occuper pendant un très long moment. Ah oui, vous voulez peut-être le résultat final du match ? 129-88 en faveur du Jazz avec un John Stockton auteur de 16 offrandes en 26 minutes, parce que quitte à battre des records, autant le faire avec la manière. Et puis faire des passes c’est bien, mais voler des ballons c’est pas mal aussi. La fanbase de Salt Lake City fut également témoin régulier de la lente prise de pouvoir du meneur américain dans le classement des meilleurs intercepteurs de l’histoire, comme de son titre de co-MVP du All-Star Game 1993 en compagnie de Malone. Autre moment fort également vécu dans cette enceinte ? Le buzzer beater de monsieur Stockton lors du Game 6 des Finales de Conférence contre les Rockets d’Olajuwon qui permit à Utah de se qualifier pour ses premières finales NBA en 1997.

Pire souvenir à la Vivint Smart Home Arena

Si l’enceinte a rugi au moment du buzzer beater en 1996, elle n’a pu que se taire au Game 6 contre les Bulls en 1998. Les hommes de Jerry Sloan sont dans le match, voient la victoire au bout du tunnel, surtout après le shoot longue distance de leur génial meneur à 41,9 secondes du terme sur un renversement de Karl Malone pris à deux. Comme quoi, les rôles peuvent s’inverser. Cette banderille permet donc à son équipe de prendre les commandes du match 86-83 mais sur l’action qui suit, Jojo inscrit deux points rapides sur une finition près du cercle qui ramène son équipe à une petite unité. La tension est à son comble, Jo Stock remonte la balle et décide de la donner poste bas à son fidèle compagnon Karl Malone sauf que ce dernier ne sent pas l’arrivée de Mike qui vient faire prise à deux et lui intercepte la gonfle à 20 secondes du coup de sifflet final. Dernière action pour les hommes de Phil Jackson, cette fois-ci, aucune passe n’est à prévoir, tout le monde s’écarte pour laisser His Airness offrir une sixième bagouze aux taureaux. L’ancien de North Carolina part au cercle mais s’arrête d’emblée à mi-distance pour effectuer un des cross les plus légendaires de l’histoire (les rageux diront qu’il y avait poussette également)  de ce sport pour s’offrir tout l’espace nécessaire. Jordan est seul, Bryon Russell essuie le parquet, Jordan se lève et Jordan envoie le fameux Last Shot tout en restant immobile une seconde qui paraîtra une éternité dans la tête des fans présents ce soir-là. La tête des supporters sur la photo la plus connue de cette action est absolument succulente… sauf pour les fans du Jazz.

The Last Shot.

On this day in 1998… Michael Jordan came up with the clutch steal before knocking down the game-winning jumper to deliver the @chicagobulls their 6th NBA title! #NBA75 pic.twitter.com/OLeQ77ZgrO

— NBA History (@NBAHistory) June 14, 2022

Maillots retirés au plafond de la Vivint Smart Home Arena

• #1 : Frank Layden (coach), le 9 décembre 1988
• #4 : Adrian Dantley, le 11 avril 2007
• #7 : Pete Maravich, le 14 décembre 1985
• #9 : Larry H. Miller (ancien propriétaire de la franchise), le 14 avril 2010
• #12 : John Stockton, le 22 novembre 2004
• #14 : Jeff Hornacek, le 19 novembre 2002
• #32 : Karl Malone, le 23 mars 2006
• #35 : Darrell Griffith, le 4 décembre 1993
• #53 : Mark Eaton, le 1er mars 1996
• #1223 : Jerry Sloan (nombre de victoires sur le banc du Jazz), le 31 janvier 2014
• “Hot” Rud Huntley (commentateur), le 29 janvier 2010

Palmarès à la Vivint Smart Home Arena

• Champions de Conférence (1997 et 1998)
• Champions de Division (1992, 1997, 1998, 2000, 2007, 2017, 2021 et 2022)
• Meilleur bilan : 64-18 (1997)
• Pire bilan : 25-57 (2014)

Et maintenant ?

L’équipe est solidement installée dans le classement de la Conférence Ouest. Quin Snyder possède des joueurs qui se complètent bien et jouent les premiers rôles tous les ans, la franchise dispose d’installations dernier cri depuis la rénovation de 2017, les supporters peuvent donc être optimistes, ils devraient profiter du spectacle pendant de longues années encore.

La salle a été témoin de deux records all-time à la passe et à l’interception. Elle attend désormais que Gobzilla tape les 3830 contres d’Hakeem The Dream Olajuwon.

Source image : YouTube/Vivint Smart Home Arena