Performance All-Time : les 8 interceptions en un quart-temps de Fat Lever
Le 09 mars 2024 à 16:10 par Robin Wolff
Le 9 mars 1985, Fat Lever a réalisé un exploit unique dans l’histoire de la NBA. Contre les Indiana Pacers, le meneur des Denver Nuggets a réussi huit interceptions en un seul quart-temps. Une des soirées les plus marquantes de la carrière de cet immense pickpocket.
Imaginez-vous, ce jour, marcher dans la rue tranquillement sans rien demander à personne. Un individu vous interpelle et en moins de 12 minutes il vous prend votre portable, votre portefeuille, votre casque audio, vos deux chaussures, votre veste, votre pull et votre slip. Vous êtes énervés bien sûr, mais vous ne pouvez vous empêcher de penser que c’est quand même un très bon voleur. Une expérience remplie de sentiments paradoxaux vécue par les extérieurs des Indiana Pacers au cœur des eighties.
Le 9 mars 1985, ils ont fait la connaissance de Fat Lever.
Le meneur originaire de l’Arkansas dispute cette année-là sa première saison aux Denver Nuggets. L’équipe des Rocheuses, portée par Alex English et Calvin Natt, est très performante. Ils collent aux basques des Los Angeles Lakers époque Showtime et espèrent leur voler la première place de la Conférence Ouest.
Un niveau de compétitivité que les Indiana Pacers ne sont même pas proches d’effleurer. La bande de Clark Kellogg ne compte aucun trésor et a le pire bilan de toute la NBA. Ils n’espèrent alors que peu de choses – le soir du 9 mars – en se rendant dans l’altitude de la McNichols Sports Arena, antre de Denver presque inviolable cette année-là. Mais ils vont quand même être déçus.
Alors que les Pacers sont dominés dès le début de match, toutes leurs (faibles) ambitions sont brisées par une performance défensive hallucinante de Fat Lever.
Le joueur d’1m91 déploie ses ailes et fait vivre un cauchemar à Steve Stipanovich, Herb Williams et Vern Fleming, auteurs de respectivement sept, cinq et quatre pertes de balles ce soir-là. C’est bien simple, sur la rencontre, 24,7% des possessions des Pacers se terminent par un turnover.
C’est lors des 12 premières minutes de la deuxième mi-temps que Fat Lever réalise un chef-d’œuvre resté depuis dans les mémoires. Les maillots jaunes des adversaires attirent le meneur comme le rouge excite un taureau. Il se rue sans cesse vers l’or comme pour rendre hommage au nom de son équipe. Huit pépites d’interceptions au retour des vestiaires pour lancer les Nuggets vers la victoire (126-116). Fat Lever entre tout simplement dans le livre des records.
OTD in NBA History (1985), Fat Lever set the still-standing NBA record for most steals in a single quarter, with 8.
In the game, he tallied:
13 PTS
15 AST
10 STL
It was the first PTS-AST-STL triple-double ever recorded in the NBA. pic.twitter.com/P3M7apW464
— Extra StatMuse (@extra_muse) March 9, 2024
L’exploit de Lever permet à Denver de prendre le dessus sur des Pacers plus accrocheurs que prévu. Le banc de touche d’Indiana a brillé sous l’impulsion de Jim Thomas (26 points) et de Bill Garnett (21), qui n’étaient qu’à un autre prénom de faire une carrière bien différente en NBA. Mention spéciale également à Devin Durrant (ça ne s’invente pas), qui a manqué d’un Next Chapter pour faire de son aventure dans la Grande Ligue un beau roman. Mais passons. Car au final, c’était la soirée d’un seul homme.
Fat Lever termine le match avec 10 interceptions, deuxième plus gros total de l’histoire sur un match. Il y ajoute 13 points mais aussi 15 passes décisives en direction notamment d’Alex English et Calvin Natt, pour un magnifique triple-double. Une performance d’une polyvalence remarquable qui ne tranche pas avec le reste de sa carrière.
Celui qui a joué à Portland, Denver et Dallas est le cinquième joueur avec la meilleure moyenne d’interceptions par match dans l’histoire derrière Alvin Robertson, Micheal Ray Richardson, Michael Jordan et Mookie Blaylock. Il est aussi au douzième rang des plus grands fournisseurs de triple-doubles en NBA, avec 43, derrière onze joueurs de qualité.
sheesh, Domas 🔥 pic.twitter.com/OCefLzNlSL
— Sacramento Kings (@SacramentoKings) March 8, 2024
Fat Lever a terminé deux fois dans le Top 10 du classement MVP, trois fois dans celui de Défenseur de l’année, son maillot est retiré à Denver et pourtant, son talent est trop souvent oublié dans les mémoires collectives. Grâce à cette performance du 9 mars 1985, le numéro 12 a toutefois gardé une place unique dans l’histoire de la Grande Ligue qu’il sera difficile de lui subtiliser.
Surtout que subtiliser des choses, c’était sa spécialité.