Taylor Hendricks au Jazz, le point tactico-technique
Le 27 juin 2023 à 08:05 par Antoine Demaegdt
Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leur maison respective. Chez TrashTalk, on a décidé de faire un point tactico-technique pour le top 10 de cette Draft 2023 ! L’objectif ? Entremêler profil et environnement des 10 premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. On enchaîne avec Taylor Hendricks, l’intérieur shooteur du Jazz. Un profil intéressant pour l’équipe, mais pas forcément le meilleur contexte pour le joueur.
Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !
Après avoir traité le cas de Cason Wallace au Thunder, c’est au tour de Taylor Hendricks de se faire inspecter avant de fouler les parquets de Salt Lake City. Sans grande surprise par rapport aux projections, l’ancien intérieur de Florida rejoint un jeune frontcourt plutôt séduisant sur le papier. Lauri Markkanen, Walker Kessler, et même John Collins depuis peu : ça va, on a vu pire comme collègues de travail. Mais qui dit bons collègues, dit également concurrence, et le récent trade de Utah pour ramener Collins à Salt Lake City laisse présager une future place sur le banc pour Hendricks. Mais bien que son profil atypique semble être intéressant pour se faire sa place dans l’effectif, le Jazz a tout de même quelques carences dont Taylor pourrait potentiellement souffrir…
La fiabilité : une complémentarité théorique avec Walker Kessler
Lorsque Taylor Hendricks a été appelé par Adam Silver en 9 pour Utah, c’est sûrement l’une des premières choses à laquelle pas mal d’observateurs ont pensé. Pour ceux qui ne le connaissent pas forcément, Walker Kessler a réalisé une saison rookie de haut niveau en tant que protecteur de cercle du Jazz. Il a d’ailleurs décroché une place bien mérité de All-Rookie 1st Team cette année grâce à ses prouesses défensives. De quoi réconforter les fans de Utah du départ de Rudy Gobert. Mais ajouter Taylor Hendricks à l’équation, c’est avoir une jeune raquette de très haut potentiel défensif, tout en conservant un spacing en attaque.
En défense, Walker Kessler apporte déjà ce rôle de protecteur de cercle comme ancre de la raquette. Son dynamisme et ses lectures déjà très bonnes peuvent même étendre son impact défensif loin du ballon. Du côté de Taylor Hendricks, on est également sur du bestiau capable de protéger un cercle NBA. La vraie interrogation de son profil défensif reste dans sa capacité à switcher sur les joueurs plus petits, notamment les plus explosifs, mais le principal reste de dissuader l’accès au cercle. Pas impossible de le voir dans un rôle de protecteur d’arceau en second rideau derrière Walker Kessler, grâce à son alliage mobilité – verticalité. Si on fait l’impasse sur des erreurs défensives propres à un rookie (manque de communication, saut sur les feintes…), on est face à un bon élément complémentaire de Kessler, laissant présager une raquette défensive qui tient largement la route :
I think Taylor Hendricks can help bring out the best in Walker Kessler
Kessler’s role as a rim protector has made it so he stays around the paint to help his teammates
Having a secondary rim protector like Hendricks will allow Kessler to play more aggressively and force TO’s pic.twitter.com/HlZBH1Vdf7
— Jazz Lead (@JazzLead) June 25, 2023
Mais l’autre atout considérable qui fait tout le charme du profil d’Hendricks, c’est son tir à 3-points de haut niveau. L’année dernière à Florida, il shootait à 41% en catch & shoot (54/132). Si l’on part du principe que son adresse ne s’évapore pas dans l’Utah, il y a de quoi présager une option de pick-and-pop très intéressante (lorsque le poseur d’écran s’écarte ensuite pour une position de tir). Et le fait d’être capable de défendre son cercle pourrait même présager un 5-Out en remplaçant Walker Kessler (les 5 attaquants s’écartent derrière la ligne à 3-points), histoire de favoriser le spacing de Will Hardy. Bref, l’association coule de source, et les possibilités tactiques sont plutôt intéressantes.
Cependant, l’arrivée récente de John Collins lassera du temps à Hendricks pour se développer. Les rotations intérieures de Will Hardy seront à suivre de prêt la saison prochaine. Un défi supplémentaire pour Taylor, qui n’est pas forcément négatif. Cohabiter avec Collins sur son poste de prédilection pourrait être perçu comme un frein à son développement. Mais on peut également voir le verre à moitié plein : le pousser à la compétitivité peut être une méthode d’obtenir le meilleur de lui-même, tout en apprenant de ceux qui ont de la bouteille dans la Grande Ligue.
L’inquiétude : le manque de créateurs autour de lui
Ce qui peut par contre être problématique dans le développement de Taylor Hendricks, c’est une création offensive toujours vacante à Salt Lake City. Après les trades de Donovan Mitchell, Rudy Gobert et Mike Conley, l’équipe de Will Hardy, jusqu’à preuve du contraire, semble vouloir miser sur Lauri Markkanen en pièce principale. Sauf que Lauri n’est pas vraiment orienté vers la création pour autrui. En plus de cette première option plutôt tournée vers le scoring, le Jazz ne possède pas vraiment de créateur à la mène capable d’organiser le jeu en trouvant les copains ouverts, grâce à une vision supérieure à la moyenne. Collin Sexton, Jordan Clarkson, voire Talen Horton-Tucker ont plutôt des profils de scoreurs qui aiment balancer de la bombinette en solitaire.
Et toute cette configuration n’optimise pas vraiment le profil de Taylor Hendricks, loin d’être un pro pour se créer son tir lui-même. Ce qui est dommage lorsqu’on connait son potentiel en catch & shoot. Keyonte George, un des autres rookies du Jazz, pourrait potentiellement amener du jeu à deux, mais là encore on est sur un jeune joueur qui doit faire des progrès dans ce secteur. Une signature d’un vétéran à la Free Agency pourrait soulager pas mal de besoins, tout en favorisant le développement des jeunes. Ramenez-nous un daron pour encadrer tout ça, histoire d’être un poil soulagé.
Le point de bascule : sa capacité à poser un ou deux dribbles sereinement
Comme dit précédemment, Hendricks n’est pas le champion pour faire trembler les filets sans l’aide de personne. Pas mal de ses paniers NBA risquent d’être assistés, que ce soit en catch & shoot ou sous le panier par des coupes vers le cercle. Son manque de poids par rapport aux standards de la Grande Ligue ne va pas l’aider à s’imposer immédiatement dans la raquette pour se créer des tirs. Il va falloir être patient avec Taylor Hendricks…
Mais ce qui le handicape surtout dans ses perspectives de scoring, c’est l’incapacité de poser le ballon au sol sereinement, au point d’être dangereux. Si Taylor arrive à progresser en ce sens au fil des années, il pourrait gagner en autonomie pour marquer des paniers. En étant à 40% de réussite pour des lay-up sur demi-terrain (22/55), Hendricks va devoir peaufiner sa finition près du cercle. Mais s’il arrive à mieux maitriser la balle en posant un ou deux dribbles, tout en gagnant du poids, le jeune pivot du Jazz pourrait rendre son physique déjà impressionnant pleinement fonctionnel. C’est certainement ce qui pourrait lui faire passer un cap en NBA.
Taylor Hendricks représente le profil d’intérieur moderne que pas mal d’équipes NBA peuvent jalouser. Des bases solides pour impacter le jeu dès sa première année, mais des bémols qui impose une certaine patience. Espérons pour lui et son développement que Utah fasse le nécessaire pour le mettre dans de bonnes conditions, sans lui demander l’impossible. Une des évolutions passionnante à suivre ces prochaines années.
Sources : Envergure, Hoop Intellect, QiBasket, No Cellings