Carmelo Anthony mérite-t-il d’avoir son maillot retiré chez les Knicks ?

Le 24 mai 2023 à 12:49 par Nicolas Meichel

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Deux jours après l’annonce de la retraite de Carmelo Anthony, des discussions concernant sa legacy animent évidemment la Twittosphère ainsi que les plateaux TV. Parmi les débats qu’on retrouve le plus souvent, celui concernant un potentiel retrait de maillot pour Melo. Le neuvième meilleur scoreur all-time mérite-t-il d’avoir son maillot retiré dans une franchise NBA ? Et si oui, où ça ? On a décidé de peser le pour et le contre, en analysant son dossier chez les Knicks. 

Après un début de carrière du côté de Denver, Carmelo Anthony est arrivé à New York en 2011 et y est resté jusqu’en 2017. Un peu plus de six saisons au total donc, durant lesquelles il a plusieurs fois fait vibrer le Madison Square Garden, aka la Mecque du basket.

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Les arguments pour retirer son maillot à New York

Un soir de janvier 2014, Carmelo Anthony a offert le plus grand spectacle offensif de l’histoire du mythique Madison Square Garden, avec 62 points inscrits sur la tête des Charlotte Bobcats (record personnel, record de franchise, record au MSG). Bien évidemment, cet exploit à lui seul ne représente pas une raison suffisante pour retirer le maillot de Melo, mais il symbolise bien l’excitation que ce roi du scoring suscitait à New York City durant les années 2010.

Né à Brooklyn, Carmelo Anthony est celui qui a accepté de relever le challenge Knicks à une époque où peu de superstars étaient prêtes à se jeter dans la folie new-yorkaise. La franchise de NY restait sur six saisons consécutives sans Playoffs, et la présence du propriétaire James Dolan faisait fuir les éventuels intéressés. C’est d’ailleurs toujours le cas concernant ce dernier mais bref passons. Ce qu’il faut retenir, c’est que Melo voulait évoluer sous les bright lights de la Grosse Pomme, il voulait devenir le visage de cette franchise historique mais en manque de succès, et ça les gens de New York ont kiffé. Il n’y a qu’à voir l’ovation que reçoit Melo à chaque fois qu’il vient au MSG pour se rendre compte de la popularité du bonhomme à Manhattan.

Cette popularité, il l’a construite en offrant soir après soir des gros cartons au scoring, et plusieurs moments mémorables. Les 62 points contre Charlotte en font évidemment partie, mais on n’a pas oublié non plus sa fin de match exceptionnelle face aux Bulls à Pâques en 2012, quand il a planté deux énormes banderilles à 3-points pour faire exploser le Madison Square Garden. On peut dire ce qu’on veut sur Melo, il a fait vibrer la plus belle salle de basket du monde, encore et encore, à un moment où la fanbase des Knicks avait besoin d’un fer de lance pour pouvoir s’enflammer à nouveau.

L’un des meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA (multiple All-Star, triple-champion olympique…) a offert aux Knicks certaines de ses meilleures années en carrière. Il est devenu le visage d’une franchise qui a retrouvé les Playoffs avec lui pendant trois saisons de suite, dont une à 54 victoires en 2012-13 avec une deuxième place de la Conférence Est en prime. Pour rappel, cette saison-là, Carmelo Anthony a terminé troisième de la course au MVP, empêchant par la même occasion LeBron James de devenir le premier joueur élu à l’unanimité.

Quand on prend tout ça en compte, le dossier de Melo pèse pas mal.

Les arguments pour ne pas retirer son maillot à New York

Le dossier de Melo pèse pas mal, mais pèse-t-il assez ? Car dans la franchise historique de New York, on est plutôt exigeant quand il s’agit de retirer un numéro. Des anciennes gloires comme Bernard King, Allan Houston, Harry Gallatin, Richie Guerin ou encore John Starks n’ont jamais eu droit à cet immense honneur, réservé uniquement à huit joueurs dont six qui ont fait partie des équipes championnes du début des années 1970 (Walt Frazier, Dick Barnett, Earl Monroe, Willis Reed, Dave DeBusschere, Bill Bradley). Depuis, seul Patrick Ewing a été récompensé pour ses bons et loyaux services. Et le grand Pat a été le symbole d’une ère entière des Knicks durant laquelle ces derniers sont passés à seulement une petite victoire du titre NBA.

Le titre NBA, Carmelo Anthony ne s’en est jamais approché avec New York. Oui, les Knicks ont retrouvé les Playoffs avec lui, mais ils n’ont jamais fait mieux qu’une demi-finale de Conférence Est. Trois campagnes de Playoffs en six ans avec seulement une série gagnée au total, en matière de résultats collectifs c’est faible. Ce manque de succès associé à une longévité très relative ne joue pas en faveur de Melo, qui en plus a quitté les Knicks en plein conflit avec le président Phil Jackson (même si ce dernier possède une grosse part de responsabilité dans ce divorce).

Vous l’avez compris, la période Melo à New York était excitante mais pas transcendante, loin de là. Pour certains, son arrivée des Nuggets via un transfert au cours de la saison 2010-11 a même cassé un noyau qui aurait pu faire mieux que les escouades menées par Anthony. Rappelez-vous, suite à l’arrivée du All-Star Amar’e Stoudemire à la Free Agency 2010, les Knicks avaient trouvé un équilibre très intéressant sous les ordres de Mike D’Antoni, avec de solides role players comme Wilson Chandler, Raymond Felton, Danilo Gallinari et Landry Fields autour de STAT. Les trois premiers ont été envoyés à Denver en échange de Melo, et il a fallu un peu de temps pour que les Knicks retrouvent une bonne dynamique. Cela a notamment poussé D’Antoni vers la sortie juste après l’épisode de la “Linsanity” début 2012, et Anthony n’était pas étranger à cette instabilité.

C’est donc un héritage compliqué qui accompagne le passage de Carmelo Anthony chez les Knicks. Et chacun retiendra ce qu’il voudra au final. Les gros cartons individuels ou plutôt le manque de succès collectif. Son énorme talent offensif ou plutôt ses limites défensives. L’impact émotionnel ou le manque d’impact sur les victoires…