Le billet d’Alex : Stephen Curry, l’altruiste

Le 28 avr. 2022 à 13:07 par Alexandre Martin

Stephen Curry
Source : NBA League Pass

La nuit dernière, les Warriors ont terminé proprement leur série de premier tour de Playoffs. Ils étaient trop forts et avaient trop d’armes pour les Nuggets d’un grand Jokic esseulé. Dans le sillage de son trio magique, Golden State est l’équipe qui a montré le plus de certitudes collectives à l’Ouest. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette grosse impression laissée par les hommes de Steve Kerr mais l’une d’entre elles prédomine  : l’altruisme de Stephen Curry. 

Il n’est pas question ici de la capacité de Stephen Curry à faire des passes à ses équipiers. Enfin, pas seulement. Les passes ne sont qu’une petite partie, visible sur le terrain, de l’altruisme dont Stephen Curry fait preuve depuis qu’il est en NBA. Une notion à laquelle il n’a jamais dérogé même depuis qu’il est devenu une superstar, futur Hall of Famer et légende absolue du Basketball. Cet altruisme est sa marque de fabrique, autant que son tir. Être altruiste c’est faire quelque chose pour le bien des autres, sans se soucier de ce que ça va nous rapporter à titre personnel. Être altruiste pour un basketteur c’est, par exemple, accepter le rôle que l’entraîneur vous donne quel qu’il soit et quel que soit votre statut dans le groupe. Être altruiste, c’est être une superstar qui n’a plus rien à prouver mais quand même continuer de donner sans forcément recevoir (individuellement s’entend) pour le plaisir de voir l’équipe progresser et rester compétitive. 

Stephen Curry n’avait pas joué depuis le 16 mars dernier quand Steve Kerr nous a annoncé que son meneur serait prêt pour le game 1 contre les Nuggets mais qu’il allait le réintégrer tranquillement, depuis le banc. Remplaçant ? Une situation que le Chef n’avait alors connue qu’à six reprises en saison régulière (sur 826 matchs) et deux fois sur 112 sorties en Playoffs. Playoffs, dont il est, rappelons-le, le shooteur à trois points le plus prolifique de tous les temps. Il l’est d’ailleurs également si l’on prend en compte uniquement les séries de Finales. Curry aurait eu toute la légitimité pour dire à son coach qu’il voulait démarrer en tant que titulaire sa huitième campagne de post-season en carrière. Sauf que ce côté diva n’est pas du tout le genre de la maison. Au contraire. A 34 ans et alors qu’il est encore un des meilleurs joueurs de la ligue, Steph’ a donc accepté sans broncher de jouer le sixième homme de luxe. Un rôle qu’il a même sublimé avec notamment 34 points en 23 minutes au match 2. Tout un symbole. 

Curry rime avec pyromanie, ce n’est peut-être pas un hasard. 

Ce n’est pas un hasard non plus si Jordan Poole a été l’une des darlings de ce début de Playoffs. Il est devenu le joueur ayant rentré le plus de tirs à trois points lors de ses deux premiers matchs de Playoffs (10). C’est dû à son talent évidemment mais c’est aussi le fruit des conditions idéales dans lesquelles il a pu se lancer dans la cour des grands. Poole est arrivé bien dans son basket après une fin de saison où il a rayonné en l’absence de Curry : 26 points de moyenne sur les 13 derniers matchs de la régulière, accompagnés de 6 passes décisives. Et aussi bien dans le groupe car bénéficiant de la confiance absolue de son coach et de la superstar. C’est inestimable pour un jeune comme Poole (22 ans) d’avoir un soutien aussi franc et massif. Cela a dû être génial pour lui de voir la joie et le sourire de Curry (et de tout le groupe) quand il a pris feu dès le game 1. Cela a dû être incroyable pour lui de voir Curry le servir dès que possible parce que, justement, il était en feu.  Au final : Poole a tout explosé sur les matchs 1, 2 et 3 avec 30, 29 et 27 points. Du bonheur à voir pour les fans car l’ami Jordan est spectaculaire et du bonheur pour les Warriors car ils savent qu’ils ont là un petit frère des Splash Brothers. 

L’insolence et l’altruisme réunis.

Et quand Jordan est redevenu Poole, le Chef a immédiatement pris le relais. Quel relais !  De nouveau titulaire pour le match 5 lors duquel Kerr avait décidé d’envoyer son cinq small ball avec Draymond Green en pivot dès l’entame, Stephen Curry a planté 20 de ses 30 points en deuxième mi-temps à 6/11 au tir et ⅗ de loin sur cette période. Dans le dernier quart fatal aux valeureux Nuggets car remporté 32 à 20 par les Warriors, ce sont 11 points qui viennent des tirs de Curry dont le lay-up qui tue et les lancers pour fermer le couvercle. Dans le même temps, c’est un autre joueur qui se mettait en avant à ses côtés : Gary Payton II.  Le fils naturel de The Glove et fils spirituel de Draymond s’est éclaté dans le moneytime. On le connaissait étouffant en défense, on l’a vu décisif en attaque sur des services venant d’un peu tous ses comparses. Parce qu’à Golden State, on fait comme le patron, on joue sur le mec en forme quel qu’il soit. Et on gagne en jouant comme ça. 

On va me dire que les Warriors jouent ainsi également grâce à Draymond Green. C’est vrai. Green est un incroyable chef de meute qui apporte son énergie, sa science défensive, son cœur, ses cou*****, ses poumons. Il change tant de choses quand il est sur le terrain. Curry aussi et le plus fou avec ce dernier c’est que même quand il n’est pas sur le parquet, il influe sur le jeu par l’exemple qu’il donne. 

Jeu sans ballon, shoot de n’importe quelle distance, logo, shimmy, sourire, dribble, spectacle. Tous ces mots font partie de ceux qu’on peut utiliser pour décrire Stephen Curry. Ce premier tour de Playoffs nous a rappelé à quel point son altruisme ne doit pas être occulté et est une arme à part entière de sa panoplie de leader. Un immense leader qui fait toujours passer la réussite collective avant la sienne, qui encourage ses équipiers comme une groupie, qui sait se mettre en retrait quand il faut alors qu’il est fabuleux quand il est dans la lumière. 

L’altruisme dont fait preuve Stephen Curry au quotidien le rend encore plus unique, encore plus légendaire. Il représente déjà une bonne partie du passé et de l’histoire des Golden State Warriors. Il est encore largement dans leur présent et, grâce à lui, ils sont en train de préparer un futur brillant. C’est insolent et altruiste à la fois. C’est Curry.