Le Superdome, théâtre du Final Four NCAA 2022 : zoom sur un lieu à part, où un nouveau moment d’histoire est sur le point de s’écrire

Le 02 avr. 2022 à 11:40 par Nicolas Meichel

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Après deux semaines marquées par des surprises, des belles histoires et forcément un peu de folie, la March Madness se délocalise à la Nouvelle-Orléans ce week-end pour le fameux Final Four, où les quatre meilleures équipes du tournoi universitaire se retrouvent afin de se disputer le titre suprême. Une bataille qui se déroulera dans l’une des enceintes sportives les plus mythiques des États-Unis, le Superdome.

Dans le grand paysage du sport US, certains lieux possèdent une place à part. Pour leur histoire, pour ce qu’ils représentent, pour les souvenirs qu’ils rappellent. Le Madison Square Garden de New York est la Mecque pour tous les fans de basket. L’ancien stade des Yankees qui se trouvait dans le Bronx était surnommé la Cathédrale du baseball. L’Augusta National Golf Club est le paradis des golfeurs. Le Lambeau Field de Green Bay sera pour toujours le lieu sacré de Vince Lombardi, considéré par beaucoup comme le plus grand coach de l’histoire du football américain. À cette liste, vous pouvez ajouter le Superdome, ce stade fermé situé au plein cœur de la Nouvelle-Orléans – pas loin de la salle des Pelicans – et pouvant accueillir jusqu’à 75 000 personnes. Comme son nom l’indique, il est caractérisé par un dôme de couleur blanche qui fait quasiment 80 mètres de hauteur, dôme qui est devenu le symbole d’une ville connue pour son côté festif avec ses célébrations carnavalesques et ses airs de jazz, mais aussi pour avoir accueilli certains des plus grands événements sportifs des 50 dernières années. Pas moins de sept Super Bowls ont été joués au Superdome, Muhammad Ali a remporté son dernier combat professionnel dans ce stade, la première franchise NBA de la Nouvelle-Orléans y résidait dans la deuxième partie des années 1970 avant son déménagement à Salt Lake City, et le Final Four NCAA est venu s’y installer à cinq reprises pour offrir des moments qui sont entrés dans la légende du basket universitaire. C’est notamment au Superdome que Mike Jordan est devenu Michael Jordan en 1982, quand il a planté le game-winner lors de la grande finale opposant North Carolina à Georgetown. C’est également à l’intérieur de celui-ci que Chris Webber a condamné le Fab Five de Michigan en prenant un temps-mort inexistant en 1993. Et c’est dans le centre de NOLA que Carmelo Anthony a remporté la seule bagouze de sa carrière en guidant Syracuse vers le titre national en 2003.

Le Superdome fait partie de ces arènes qui respirent l’histoire du sport américain. De ces arènes qui peuvent sublimer un événement comme le Final Four de ce week-end rien que par l’atmosphère toujours très spéciale qui y règne. Mais en même temps, il est tellement plus que ça. Quand l’ouragan Katrina est venu frapper de plein fouet la Nouvelle-Orléans à l’été 2005 pour provoquer l’une des plus grandes catastrophes naturelles de l’histoire des States, c’est au Superdome que plus de 25 000 habitants de NOLA ont trouvé refuge après avoir tout perdu. L’arène, malgré les gros dégâts qu’elle a pu subir pendant la catastrophe, était devenue un abri de dernier recours alors qu’elle est habituellement le domicile des New Orleans Saints, l’équipe NFL de la ville. Ces derniers ont dû déménager à San Antonio et Bâton-Rouge durant la restauration du Superdome pendant que l’équipe NBA des Hornets – guidés par un jeune Chris Paul – jouait temporairement à Oklahoma City. Il a fallu attendre le 25 septembre 2006 pour voir le stade rouvrir ses portes pour un match NFL opposant la Nouvelle-Orléans à Atlanta, remporté avec panache par l’équipe du Bayou. Ce jour-là, le dôme n’était pas seulement la maison des Saints. Il était tout simplement le lieu de renaissance pour toute une ville venant de traverser l’enfer. Difficile de faire plus poignant comme symbole, à tel point que le Superdome a été inscrit au Registre national des lieux historiques une décennie plus tard.

Le Superdome, après le passage de l’ouragan Katrina (source : YouTube).

C’est donc dans ce stade vraiment pas comme les autres que Duke, North Carolina, Kansas et Villanova vont tenter d’écrire l’une des plus belles pages de leur histoire ce week-end, et accessoirement un chapitre supplémentaire dans celle du Superdome. Si personne ne sait ce qu’il va se passer d’ici à lundi, on peut assurer que le Final Four 2022 restera dans les mémoires d’une manière ou d’une autre. Déjà parce que quatre des plus gros programmes du basket universitaire sont sur le point de se rentrer dedans. Mais surtout parce que c’est la dernière danse du légendaire boss de Duke Mike Krzyzewski. Entraîneur le plus victorieux de l’histoire de la NCAA et ancien coach de Team USA entre 2005 et 2016, il est sur le point de raccrocher après plus de quatre décennies sur le banc. Reste à voir s’il quittera la grande scène au sommet avec un sixième titre national en mode Jojo en 1998, ou si une équipe va mettre un terme au rêve de tous les fans basés dans la ville de Durham. Cette équipe, ça pourrait très bien être North Carolina, le rival historique des Blue Devils qui adorerait envoyer Coach K à la retraite dès samedi soir lors de la deuxième demi-finale. Duke et UNC se sont affrontés plus de 250 fois dans leur histoire commune, mais jamais lors de la March Madness. Une rencontre forcément hyper attendue où le prix d’un billet au bord du terrain pourrait monter jusqu’à 20 000 dollars. Quelque part, cela ne pouvait que se passer dans le légendaire Superdome.

De Michael Jordan à Muhammad Ali en passant par les Rolling Stones et même le Pape Jean-Paul II, le Superdome a vu passer quelques-unes des plus grandes figures du dernier demi-siècle. Ce week-end, il sera le théâtre d’un sixième Final Four NCAA après ceux de 1982, 1987, 1993, 2003 et 2012. Peut-être le plus mémorable de tous…