Pascal Siakam de retour au bled avec les Raptors : on oublie la parenthèse en Floride et on reprend la marche en avant ?

Le 25 sept. 2021 à 12:05 par Benoît Carlier

Pascal Siakam vs Nets 15 décembre 2019
Source image : NBA League Pass

La pandémie a été dure pour tout le monde, mais Pascal Siakam et les Raptors en ont encore un peu plus souffert que les autres. Au moment de rentrer au pays pour préparer la saison 2021-22, l’heure est à la remobilisation générale. Il reste encore quelques semaines au Camerounais pour tout remettre à plat avec son entraîneur afin d’éviter de faire de nouvelles étincelles en cours d’année. Il en va de la réussite de toute une franchise.

Que la redescente fut dure pour Toronto après le titre obtenu en 2019 ! Le départ de Kawhi Leonard sans un mot ni une contrepartie, la défaillance de Spicy-P en Playoffs dans la bulle et puis ce déménagement temporaire à Tampa Bay. Il y a de quoi perdre tous ses repères et ces Raptors n’ont plus grand-chose à voir avec l’équipe qui a fait chuter les Warriors de leur piédestal il y a deux ans. Même Kyle Lowry est parti voir ailleurs cet été, peut-être le seul qui s’était vraiment acclimaté au soleil floridien. Au milieu de tout ce va-et-vient et entre deux vidages de cartons, la situation de Pascal Siakam est longtemps restée floue. Il n’y a rien de pire que de changer d’appartement avec son conjoint tout en ayant des doutes sur celui-ci. Pourtant, c’est bien la réalité avec laquelle doivent actuellement jongler les Dinos qui ont vraisemblablement exploré des pistes pour trader leur MIP 2019 pendant l’été ou au moins été attentifs aux différents packages qui leurs étaient proposés. Mais que ce soit Philadelphie ou les Warriors, Masai Ujiri a tenu bon pour garder sa ligne directrice et préparer cette nouvelle année en conservant son franchise player.

Plus que jamais depuis le départ de Calorie à la Free Agency et dans une moindre mesure l’envoi de Norman Powell à Portland dans un échange à la trade deadline, Pascal Siakam s’affirme comme le leader de cette équipe en pleine reconstruction. Au moment de signer une prolongation de contrat de 130 millions de dollars sur quatre ans en 2019, on se demandait s’il pouvait assumer ce rôle. Son invitation au All-Star Game 2020 et sa sélection dans une All-NBA Team ont partiellement répondu à nos interrogations de manière positive même si sa série décevante et assumée face à Boston lors des Playoffs de la même année à Disneyland a freiné un peu cet enthousiasme général. Dans un contexte difficile et loin de sa zone de confort, le natif de Douala avait quand même quelques circonstances atténuantes et il fallait lui reconnaître cette capacité à step-up individuellement un an après avoir obtenu le trophée de meilleure progression de l’année. C’est donc sur cette saison 2020-21 que l’on allait vraiment pouvoir juger de son niveau et de ses perspectives en tant que franchise player.

Malheureusement, ça a vite tourné au vinaigre. Suspendu par sa propre équipe au bout du quatrième match pour avoir abandonné ses coéquipiers rapidement après avoir été exclu pour six fautes lors de la rencontre précédente, ses relations avec Nick Nurse sont restées tendues plusieurs mois. A peine rétabli du COVID, il a reçu une amende de 50 000 dollars des Raptors suite à des échanges verbaux excessifs avec son entraîneur comprenant même des insultes lors d’une défaite contre les Cavaliers en mars. Toronto était alors au milieu d’une série de neuf revers consécutifs et même de 13 défaites en 14 matchs et la cocotte-minute a donc fini par exploser. Loin de leur public et de leurs repères, on peut comprendre la frustration même si personne au pays ne peut se satisfaire de cette triste douzième place au sein de la Conférence Est et de ce terrible bilan de 27-45. A ce moment-là, c’était le travail du président d’étudier toutes les options, y compris celle d’un avenir sans le Camerounais. Il a bien réfléchi et, aujourd’hui, il n’en est plus du tout question comme l’a très bien clarifié Masai Ujiri auprès de Josh Lewenberg de TSN Sports.

“Je sais que les fans ont été durs avec lui. Mais croyez moi, Pascal est quelqu’un de fier, Pascal est un joueur de basket incroyable. […] Pascal est ici, il est un Raptor et il va jouer avec nous.”

Re: Siakam and trade rumours: “I know the fan base has been hard on him. But trust me, Pascal is a prideful man, Pascal is an unbelievable basketball player… Pascal is here, he’s a Raptor, and he’s going to play with us.”

— Josh Lewenberg (@JLew1050) August 18, 2021

Maintenant que la décision est prise et que les Raptors savent quelle direction prendre sur le très court terme, il reste quelques semaines à Nick Nurse pour solidifier son groupe en interne et renouer avec son franchise player pour ne pas perdre une deuxième année à errer sans but au sein de cette Conférence Est. Spicy P encaissera encore 100 millions de dollars jusqu’en 2024 et Toronto souhaite lui donner une nouvelle chance une fois pleinement remis de son opération à l’épaule qui devrait lui faire manquer la reprise. En progression spectaculaire de 2016 à 2020, nous avions oublié à quel point il venait de loin. 27è choix de Draft en 2016, d’abord assigné en G League, rien ne le prédestinait à devenir un jour un All-Star. C’est là qu’on se rend compte de son hallucinant parcours, au point de nous décevoir avec ses 21,4 points, 7,2 rebonds et 4,5 rebonds de moyenne. 80% de la Ligue s’en contenterait largement mais pas lui, qui s’est remis en cause après son échec dans la bulle. Ses coups de gueule dans le vestiaire n’étaient pas forcément agréables à entendre, mais ils démontrent aussi le caractère de ce grand gaillard désarticulé qui est tout simplement frustré de ne pas pouvoir aider son équipe à se sortir d’une spirale négative. Le voir rigoler avec FVV sur le banc aurait été autrement plus alarmant, fort heureusement ce n’est pas arrivé. Pascal Siakam et Nick Nurse sont deux compétiteurs qui détestent la défaite et leur accrochage cette saison ne va pas plus loin que ça comme l’ailier-fort a tenu à le rectifier dans le The Bob McCowan Podcast (via Sports Illustrated).

“C’est frustrant de perdre et ce qui s’est passé montre simplement que nous sommes deux personnes qui voulons vraiment gagner. Ce n’était rien de plus que de la frustration de ne pas pouvoir accomplir ce dont nous nous sentions capables et c’était juste un désaccord. Nous sommes passés à autre chose depuis longtemps. C’était drôle pour moi de voir des gens en parler. C’est du passé, il faut avancer. C’était un désaccord et maintenant tout va bien.”

En refusant le septième choix de la dernière Draft et James Wiseman contre son franchise player selon certaines rumeurs, Toronto souhaite aussi envoyer un message. Tout n’a pas été rose à Tampa, mais les Raptors trônaient encore sur la NBA il n’y a pas si longtemps et leur identité n’a pas pu disparaître aussi vite. Le renouveau des Dinos passera par le retour d’un Pascal Siakam dominant pour montrer la voie à ses jeunes coéquipiers. A 27 ans, il s’apprête à débuter son prime avec les clés du camion. Maintenant, c’est à lui de montrer que l’apogée de sa carrière est devant lui et qu’il n’a pas besoin de Kawhi Leonard pour redonner la chair de poule à 37 millions de Canadien. Au pays de Drake en tout cas, on a envie d’y croire encore un peu.

Sources texte : TSN Sports