Chris Paul a survolé les débats face aux Nuggets : une série dans le costume de maestro, on n’est pas loin de la perfection là

Le 14 juin 2021 à 12:19 par Nicolas Meichel

Intouchables face aux Nuggets et qualifiés en Finales de Conférence Ouest pour la première fois depuis 2010, les Suns ont réalisé une démonstration de force contre Denver, incapable de répondre au challenge proposé par les Cactus de Chris Paul. Un Chris Paul tout simplement au sommet de son art malgré ses 36 balais, un Chris Paul qui vient de sortir l’une de ses meilleures séries en carrière. Fallait forcément qu’on revienne dessus.

On se rappelle de cette image dès le Game 1 du premier tour des Playoffs entre les Suns et les Lakers. Chris Paul, au sol, en train de se tenir l’épaule. On s’est dit, ‘oh non, pas ça, pas lui, pas après la magnifique saison régulière réalisée par les Suns’. On a évidemment flippé dans un premier temps et même après, une fois qu’il est revenu sur le terrain, ça faisait mal de voir jouer CP3 avec un bras en moins, loin de son meilleur niveau. Tout ça semble définitivement faire partie du passé désormais. Car le Chris Paul qu’on vient de voir lors de la série face aux Nuggets, c’est l’une des meilleures versions de toute sa carrière et ça, ça veut dire beaucoup quand on connaît le génie du bonhomme. Sous son impulsion, les Suns ont véritablement surclassé les Nuggets pour atteindre les Finales de Conférence Ouest après avoir terminé deuxième en saison régulière, un parcours juste exceptionnel pour une franchise qui n’avait pas goûté aux Playoffs depuis 2010. Dans le jargon, on appelle ça l’effet Point God. Suite à une série forcément compliquée face aux Lakers à cause de ses bobos, CP3 a retrouvé toutes ses sensations et les Nuggets n’ont rien pu faire : 25,5 points de moyenne, 5,0 rebonds, 10,3 passes décisives, 1,5 interception, seulement 1,3 perte de balle, le tout à des pourcentages au tir lunaires (61,8% de réussite, 58,3% du parking, 100% aux lancers-francs). On dit souvent que la perfection n’existe pas en ce bas monde, mais Chris Paul s’en approche fortement.

“Il y a deux ans, on m’a rayé de la carte, on disait que je ne pouvais plus faire ça.”

– Chris Paul

Alors oui, même si on aime bien la grinta d’un Facundo Campazzo, y’avait pas le backcourt du siècle en face et le retour de blessure de Will Barton était un peu mince pour espérer ralentir Chris Paul, auteur de 37 points (14/19 au tir, 9/9 aux lancers-francs) la nuit dernière pour conclure la série avec un bon vieux sweep des familles. Mais impossible aujourd’hui de ne pas apprécier le niveau exceptionnel de ce maestro du jeu, qui vient de rejoindre Karl Malone et Kareem Abdul-Jabbar dans le cercle très fermé des joueurs terminant un match de Playoffs avec au moins 35 pions à 36 ans ou plus. Dépassant également le légendaire Isiah Thomas au nombre d’assists en postseason (13e avec 989 assists selon Basketball-Reference), CP3 a fait la totale aux Nuggets en matière de scoring et de playmaking. La mixtape réalisée dans le troisième quart-temps hier était particulièrement épique, avec un enchaînement de ficelles à mi-distance qui a dégoûté les fans des Nuggets du basket. Plus tôt dans la série, dans le deuxième match, CriCri avait également lâché une perf’ à 17 points, 15 caviars pour… zéro perte de balle, le genre d’exploit qu’on voit une fois tous les dix ans en PO. Du très grand art, tout simplement. Et juste pour info, sachez que seulement deux autres joueurs de 36 ans ou plus (Steve Nash et John Stockton) ont réussi à sortir un match de Playoffs en 20 points et 10 passes, comme CP3 a pu le faire dans le Game 1 de la série contre Denver. Quand on voit que ses moyennes face aux Nuggets sont finalement de 25-10, on se rend compte à quel point il est énorme actuellement. Ayant parfaitement le contrôle du jeu et toujours là pour step-up quand il fallait enfoncer une équipe de Denver limitée, Chris Paul ressemble à ce daron qui apprend le basket à ses gosses à base de fondamentaux, de QI basket et de leadership, tout ça avec cette pointe de génie qui fait la différence entre les très bons joueurs et les artistes.

Après son transfert des Rockets, Chris Paul semblait sur la fin et son contrat était l’un des pires de la NBA. Aujourd’hui, il donne limite l’impression d’être dans son prime en jouant un basket de rêve avec la sérénité du maestro qu’il est. Sur le point de disputer sa deuxième finale de conf’ en carrière, le Point God veut cette fois-ci goûter aux Finales NBA et chercher sa première bagouze qui le ferait entrer dans une nouvelle dimension. Durant sa carrière, la grandeur du bonhomme a parfois été remise en question à cause de quelques ratés en Playoffs, c’est l’occasion pour CP3 de définitivement laisser ces épisodes derrière lui.