Les Clippers face à leur destin dans ces Playoffs 2021 : nouveau choke en perspective ou gros parcours à venir ?

Le 21 mai 2021 à 15:01 par Nicolas Meichel

Kawhi Leonard Paul George Patrick Beverley Los Angeles Clippers
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Quand les Clippers avaient recruté Kawhi Leonard et Paul George à l’été 2019, des ambitions de titre NBA étaient tout de suite venues accompagner les deux nouvelles stars de la Cité des Anges, bien décidées à faire de l’autre équipe de Los Angeles une équipe de champions. Mais le passé a rattrapé la franchise californienne lors des Playoffs 2020, un souvenir toujours douloureux que les Clippers auront à cœur d’effacer cette année, en décrochant pour la première fois une place en Finales de Conférence Ouest et bien plus encore.

Nous sommes le 21 mai 2021. Un jour avant le début officiel des Playoffs, et 248 jours après le Game 7 entre les Clippers et les Nuggets dans la bulle de Mickey. Les jours, les semaines, les mois ont passé, mais personne n’a oublié la manière avec laquelle la bande à Kawhi Leonard s’est plantée lors des demi-finales de Conférence Ouest face à Denver. Trois défaites de suite après avoir mené 3-1, avec le tir de Paul George qui heurte le côté de la planche et une deuxième mi-temps désastreuse en attaque lors du Game 7, pour un choke all-time dans la plus pure tradition de la franchise californienne. Comment voulez-vous oublier ça ? Impossible. Cette saison, les Clippers ont cependant fait de leur mieux pour laisser cet épisode traumatisant derrière eux : Tyronn Lue a pris les commandes du vestiaire, PG-13 était en mode Revenge Tour, Kawhi Leonard a commencé à jouer les back-to-backs, les arrivées de Serge Ibaka et Nicolas Batum ont apporté du sang neuf, et globalement on a senti une équipe de Los Angeles plus sérieuse que la saison passée en régulière. Les Clips ont compris que jouer 72 ou 82 matchs avant les Playoffs, ça pouvait quand même servir à quelque chose. Certes les hommes de Ty Lue ont connu des moments faibles pouvant renforcer les doutes par rapport à leur capacité de franchir enfin un cap en Playoffs mais globalement, ils ont bien fait le boulot. Bilan solide de 47 victoires pour 25 défaites, troisièmes à l’efficacité offensive (116,7 points marqués pour 100 possessions) et largement premiers à l’adresse à 3-points (41,1% de réussite), huitièmes à l’efficacité défensive (110,6 points encaissés pour 100 possessions), deuxièmes au net rating (c’est-à-dire la différence entre l’efficacité offensive et défensive, à savoir 6,1 points), autant dire que çaaa vaaaa. Juste pour info, à peine trois autres équipes NBA sont à la fois dans le Top 10 de l’efficacité offensive ET défensive cette année, à savoir le Jazz, les Suns et les Bucks. Et quand on regarde les dix derniers champions, seulement deux ne se retrouvaient pas dans ces deux catégories à la fois, mais de très peu : les Lakers 2020 (onzième efficacité offensive, troisième en défense) et les Warriors 2018 (troisième efficacité offensive, onzième en défense).

“La saison dernière, c’était la saison dernière. Nous avons une équipe différente, nous avons une formule différente. Notre équipe est en bonne santé. Nous avons réalisé quelques changements. Donc nous sommes une équipe totalement différente. Cela ne veut pas forcément dire que nous allons gagner le titre grâce à tout ça, mais nous avons une mentalité différente, et nous sommes prêts à y aller.”

– Le coach Tyronn Lue, via ESPN

Alors, est-ce que 2021 peut représenter la bonne année pour atteindre les Finales de Conférence Ouest pour la première fois et véritablement jouer le titre NBA ? Les chiffres disent que oui, les principaux acteurs aussi. On a l’habitude des grandes déclas avant les Playoffs, et on a appris à les prendre avec des pincettes car nombreuses d’entre elles ont tendance à tomber à la poubelle une fois que la réalité du terrain prend le dessus. Mais chez les Clippers visiblement, la confiance est là malgré le choke de l’an passé et ça, c’est un élément indispensable pour pouvoir surpasser cet épisode. Car ça va clairement se jouer dans les têtes pour l’autre franchise de Los Angeles. Le talent est là, on parle peut-être de l’équipe la plus talentueuse de la Conférence Ouest, une équipe qui peut prendre n’importe qui sur une série. La vraie question, c’est : arriveront-ils enfin à vaincre leurs vieux démons ?

“Désormais, c’est ce qui se passe entre les deux oreilles qui est important. À quel point sommes-nous prêts à réaliser des sacrifices pour décrocher une victoire ? À quel point allons-nous nous investir mentalement et physiquement dans ces Playoffs ? Voilà où j’en suis. J’ai confiance en ce groupe.”

– Kawhi Leonard

Être locked-in, avoir faim, être solide dans la tête pour éviter tout craquage, voilà ce qu’il faut en plus du talent, non seulement pour résister à la pression mais aussi pour surpasser le défi physique qui accompagnent chaque campagne de Playoffs. Moqué pour ses perfs dans la bulle d’Orlando l’an dernier, Paul George sera particulièrement attendu. S’il veut éviter que son surnom de “Playoffs-P” soit à nouveau transformé en “Wayoff-P” ou “Pandemic-P”, il devra véritablement step-up et confirmer sa belle saison régulière 2020-21. Quand il était à Disneyland, PG-13 n’avait pas hésité à s’ouvrir sur ses galères psychologiques provoquées par l’environnement fermé de la bulle. Aujourd’hui, Paulo semble bien mieux dans sa tête et on espère pour lui que cela va se traduire avec une campagne de Playoffs à la hauteur de son talent.

“Je pense que c’était plus facile cette année car j’avais des exutoires. Vous comprenez, je peux vivre une vie normale. Je peux rentrer chez moi, voir et passer du temps avec ma famille. Je peux interagir avec d’autres personnes en dehors de l’équipe. Rien que ça représente une grande différence dans le retour à un peu de normalité. D’un point de vue mental, c’est très différent par rapport à la vie dans la bulle.”

C’est le genre de décla qu’on aime entendre, mais va falloir assumer sur les parquets maintenant. Et le seul moyen pour vraiment changer sa réputation, c’est de réaliser un gros parcours qui ferme les bouches, autant individuellement pour Paul George que collectivement pour les Clippers. L’infirmerie est vide, Serge Ibaka est de retour après deux mois d’absence, le roster est complet, Rajon Rondo a débarqué pour apporter du leadership à la mène et le groupe vit plutôt bien si l’on en croit les principaux acteurs. Traduction, c’est le moment là ! Si on peut dire que les Clips ont souffert de petits bobos lors des dernières semaines de régulière et que cela n’a évidemment pas favorisé une montée en puissance collective en vue des Playoffs, personne ne va leur trouver d’excuses s’ils se plantent une nouvelle fois. Car aujourd’hui, quand on regarde de près la gueule de la Conférence Ouest, cela a rarement été aussi wide open et les Clippers doivent être capables de profiter de ça. Oui, trois équipes ont terminé devant eux dans le classement de la saison régulière, mais leurs anciens bourreaux de Denver sont aujourd’hui privés de Jamal Murray, les Suns sont de retour en Playoffs pour la première fois depuis… 2010 et manquent d’expérience derrière le maestro Chris Paul, tandis que le Jazz est une belle machine mais qui ne fait pas forcément flipper non plus malgré son statut de numéro un. Bien évidemment, les Lakers de LeBron James et Anthony Davis sont toujours là, dans la position du septième, sauf que les hommes de Tyronn Lue ont volontairement oublié leur fierté pour les éviter lors des deux premiers tours de Playoffs. Malin pour certains, manque de couilles pour d’autres mais en tout cas, Lakers ou pas, tout autre résultat qu’une participation aux Finales NBA serait considéré comme un nouvel échec.

Parce que quand vous balancez votre futur par la fenêtre pour gagner tout de suite, et bah il vaut mieux… gagner. Les Clippers ont lâché la pépite Shai Gilgeous-Alexander et surtout un wagon de picks de draft pour acquérir Paul George et par la même occasion Kawhi Leonard. En sachant que ce dernier peut potentiellement devenir agent libre l’été prochain, les Clippers ont lâché une blinde pour prolonger en décembre dernier PG-13, qui sera payé – mouillez-vous la nuque – 48,7 millions de dollars en 2024-25, quand il aura 35 balais. Vous l’avez compris, l’avenir à moyen/long terme est très nuageux pour les Clippers et le seul moyen de rendre ce sacrifice vraiment légitime, c’est de ramener une bannière de champion NBA, qui pourra ensuite flotter dans leur future salle d’Inglewood.

Les Clippers vont commencer leur campagne de Playoffs demain face aux Mavericks de Luka Doncic, comme dans la bulle d’Orlando la saison dernière. Espérons pour eux que le dénouement sera différent car sinon, l’été sera long, très très long dans la Cité des Anges.