Nikola Jokic en triple-double de moyenne : le Joker montre son vrai visage, et il fait très peur à tout le monde

Le 15 janv. 2021 à 12:21 par Arthur Verdelet

Quin Snyder
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Nikola Jokic est peu à peu en train de devenir un excellent synonyme des mots “propreté” et “efficacité”. En triple-double de moyenne sur ce début de saison 2020-21, le magicien des Nuggets pourrait être le premier intérieur de l’histoire à boucler un exercice avec de telles statistiques. On y croit ?

Qu’il pleuve, vente ou neige, Nikola Jokic sera en triple-double ou alors tout proche d’en réaliser un. C’est un peu le constat que l’on peut faire depuis des années déjà et encore plus cette saison chaque jour de match. On n’est en réalité plus du tout surpris du talent d’un garçon en étant déjà à son sixième exercice en NBA alors qu’il va seulement souffler ses 26 bougies le 19 février prochain. Souvent raillé pour son poids et sa lenteur, le Joker est avant tout un joueur gracieux, au QI basket ainsi qu’au jeu complètement à part et si inattendu pour un mur de 2m13 et plus de 120 kilos. Déjà très impactant depuis plusieurs saisons, le double All-Star a encore haussé le ton depuis l’entame de saison 2020-21. Si son rôle et les belles choses proposées n’ont pas toujours été confirmées par les résultats collectifs pour une équipe à peine à l’équilibre (6-6), Jokic s’inscrit tout de même comme candidat au titre de MVP au vu de sa production. Pour preuve, Big Honey est quand même en triple-double de moyenne avec 24,2 points à 56,9% au tir dont 36,8% à trois points, 11,2 rebonds et 10,4 passes lors des douze matchs disputés. Le plus impressionnant reste sans doute que le 41è choix de la Draft 2014 semble pouvoir faire encore mieux tant sa panoplie est grande et ses inspirations nombreuses. Quel genre d’énergumène est capable d’une telle production tout en jouant en claquettes-chaussettes ? Très peu de noms nous viennent à l’esprit, ce qui place tout de suite Jokic parmi les cracks de la Ligue. Avec sa dégaine d’adolescent prépubère ayant un peu trop forcé sur les gâteaux de mamy, le jeune homme est capable de mettre tous les pivots de la NBA dans sa poche durant 48 minutes s’il en a envie.

Ultra-présent et auteur de son cinquième triple-double de la saison la nuit dernière face aux Warriors (114 à 104) avec ses 23 points, 14 rebonds et 10 passes, le garnement fait beaucoup parler de lui et nous interroge. Jusqu’où va-t-il bien pouvoir aller ? Quel est son plafond ? Est-il possible de le voir boucler une saison en triple-double de moyenne, la première de l’histoire pour un big man ? En effet, jusqu’alors, les seuls joueurs à avoir réalisé une performance de la sorte sont des meneurs : un certain Oscar Robertson et Russell Westbrook, passé maître en la matière ces dernières années. Tant sa production est constante, propre et régulière, l’intérieur passeur peut clairement viser ce défi inédit pour un pivot. Si le haut du classement des joueurs avec le plus de triple-doubles de l’histoire de la NBA est monopolisé par les meneurs, Big O pointant en tête avec 181 performances de la sorte, devançant Westbrook, premier joueur en activité avec ses 150 triple-doubles en carrière, le gros bébé peut écrire l’histoire. Encore bien loin de ses aînés, Jokic vient lui tout juste de rejoindre James Harden en huitième position de ce classement honorifique avec 46 triple-doubles, mais est sans doute encore très loin d’avoir fini de grimper vers les sommets. Alors qu’il est tout sauf au crépuscule d’une pige en NBA qu’on lui souhaite la plus longue possible, aucun autre pivot ne devance le Serbe que le mythique Wilt Chamberlain (78 triple-doubles). Déjà considéré comme l’un des meilleurs intérieurs passeurs de l’histoire de la NBA, Jokic pourrait, s’il continue sur ce rythme, s’installer à terme sur le très prestigieux podium dans le domaine, voire trôner tout en tête d’un classement le représentant si bien. Ses coéquipiers ne s’en plaignent pas.

Pour cela, il va falloir multiplier les cartons, gober les rebonds avec constance et distribuer les caviars. Rien d’impossible pour un véritable intérieur-meneur ayant déjà atteint ou dépassé à huit reprises les dix passes cette saison, avec notamment une pointe à 18 offrandes fin décembre face aux Rockets. Beaucoup plus affûté et déterminé qu’auparavant, Jokic a grandi, appris et sans doute compris qu’il était capable de faire de très grandes choses que ce soit sur le plan personnel ou collectif avec les Nuggets. Le long arrêt dû à l’arrivée du COVID lui a permis de revenir beaucoup plus en forme qu’auparavant sur les parquets. Fini les barbecues et les petites binouzes avec la famille en Serbie durant l’intersaison, et place au travail pour continuer à apprendre. Son parcours dans la bulle et notamment lors des Playoffs l’a également changé. Jokic aura été un vrai leader en compagnie de son coéquipier et ami Jamal Murray, menant son équipe avec fraîcheur lors de l’élimination du Jazz (4-3) puis la remontée face aux Clippers (de 1-3 à 4-3), mais ne pouvant rien face à des Lakers plus frais et trop forts (1-4) en finale de Conférence Ouest. Ce parcours a été un déclic psychologique pour le pivot, plus que jamais conscient de ses qualités. Désormais, le Serbe sait qu’il est capable de rivaliser avec les meilleurs talents de la NBA et que son équipe a son mot à dire à l’Ouest. Il va cependant rapidement falloir remonter au classement pour s’assurer une fin de saison régulière moins tendue et un parcours pas trop difficile dès l’entame des prochains Playoffs. Et puis, si Jokic peut rentrer dans l’histoire en bouclant son exercice en triple-double sans forcer comme il le fait actuellement, pourquoi s’en priver après tout ? Personne ne semble capable de l’en empêcher !

Nikola Jokic est en mission cette saison. Sur la lancée de la bulle NBA organisée à Orlando et des Playoffs inattendus des Nuggets, le Serbe tourne en triple-double de moyenne pour le moment. Si ses performances sont déjà historiques, il va falloir en faire encore plus pour faire grimper Denver à l’Ouest et s’installer comme un candidat très assumé au titre de MVP.

Source texte : NBA.com et BasketballReference.com