Michael Porter Jr., une saison rookie à retardement : des débuts réussis, bonne pioche pour Denver ?

Le 10 avr. 2020 à 12:41 par Benoît Carlier

Michael Porter Jr 6 avril 2020
Source image : YouTube/NBA on ESPN

Sélectionné par les Nuggets en quatorzième position de la Draft 2018, Michael Porter Jr. n’a pas déçu pour ses grands débuts en NBA. A ce rythme-là, il aura vite rattrapé sa saison blanche et fait regretter à de nombreuses franchises de l’avoir snobé.

Depuis deux ans, Denver aime tenter des coups à la Draft. Après MPJ, c’est Bol Bol qui était pioché par l’équipe de Tim Connelly en milieu de deuxième tour au mois de juin dernier. Mais c’est bien du premier auquel nous allons nous intéresser aujourd’hui. Longtemps considéré comme le grandissime favori de la cuvée 2018, le produit du Missouri avait vu sa cote chuter en flèche à cause de ses pépins physiques au dos. Blessé au bout de seulement trois matchs en NCAA, l’ailier n’a pas eu le temps d’éclabousser les scouts de son talent, passant progressivement de la première à la cinquième place dans les mocks Draft, jusqu’à glisser en toute fin de Lottery picks donc. A l’époque, les Nuggets sortent d’une saison régulière frustrante terminée à la place du con suite à une ultime défaite rageante face aux Wolves en prolongation, néanmoins le futur s’annonce brillant pour la franchise du Colorado qui jure de ne pas presser le retour de sa pépite. Mike Malone n’a pas besoin de l’ancien protégé de Brandon Roy à la Nathan Hale High School tout de suite et mène son équipe à une magnifique deuxième place au sein de la Conférence Ouest. Toujours pas complètement remis, le prodige de Columbia suit donc la folle série face aux Blazers sur le banc au deuxième tour des Playoffs. Le timing est malheureux, c’est justement lorsqu’il est déclaré apte à jouer que la saison de Denver s’arrête. Tant pis, ce sera l’occasion de faire une grosse impression à la Summer League avant de démarrer sa saison rookie en octobre 2019…

… C’était le programme avant que le gamin ne souffre d’une entorse du genou qui l’empêche de se rendre à Las Vegas avec son équipe pendant l’été. Il n’y aura donc pas de préchauffage avant d’attaquer la vraie compétition, non sans quelques doutes de la part des fans et de la franchise qui imaginent peut-être déjà avoir affaire à un joueur maudit. C’est finalement lors d’une rencontre de pré-saison contre Portland que le rookie enfile la première fois un maillot des Nuggets et on se rend très vite compte qu’il n’a pas perdu son jeu pendant ces deux ans sans toucher un ballon ou presque. Ce ne sont que 9 points à 4/7 au tir et 3 rebonds en 17 minutes mais cela signifie beaucoup plus pour Denver qui sait désormais qu’elle détient un petit prodige qui pourrait lui rendre de précieux services la saison à venir. Le soir même, le rookie apprend que sa troisième année de contrat en team option est activée pour garantir sa présence dans l’équipe jusqu’en 2021 au minimum. On croit au phénomène dans les montagnes alors inutile de perdre plus de temps pour témoigner cette confiance au petit génie. Mais du temps, le coach en prend quand même avant de le lancer dans le grand bain de la saison régulière. Il faut attendre le cinquième match et un déplacement perdu à New Orleans le soir d’Halloween pour voir débarquer sa petite frimousse sur un parquet NBA, 469 jours après sa Draft, 709 jours après son dernier match officiel. 21 minutes de pur bonheur pour le first year qui en profite pour se montrer un peu dans le garbage time avec 15 points à 5/8 au tir.

La suite va être encore meilleure, même si Mike Malone n’a pas l’air très soucieux du développement de son rookie, lui qui a pour seul objectif de gagner coûte que coûte avec un effectif taillé pour aller loin en Playoffs. Le temps de jeu est donc irrégulier. D’abord très faible, puis de plus en plus important avec le temps. De neuf minutes de moyenne le premier mois on passe à 10 en décembre, puis 21 en janvier, son meilleur bout de calendrier depuis son arrivée chez les pros avec même sa première titularisation le 29 décembre si on est un peu laxiste sur les dates. En l’absence de Gary Harris, c’est Michael Porter Jr. qui est choisi pour débuter aux côtés de Will Barton et Jamal Murray malgré les nombreuses options à disposition du staff. Résultat ? Un carton plein face aux Kings avec 19 pions et 6 rebonds à 8/10 au tir. Un record immédiatement amélioré quatre jours plus tard à Indianapolis. 25 points à 11/12, 5 boards et une seule petite perte de balle contre les Pacers. Un quasi perfect pour le rookie aux mensurations généreuses qui n’est pas sans rappeler des profils à la Kevin Durant. Evidement, le chemin est encore long et il a de nouveau moins joué en février. Mais le talent offensif est indéniable, mêlant puissance sur les départs en drive et le toucher nécessaire pour terminer plus en douceur. La palette d’un vrai numéro 1 de Draft qui n’aurait pas vécu tous ces allers-retours à l’infirmerie.

Bien sûr, il faudra encore du temps à MPJ pour atteindre son plein potentiel. Avec 14 minutes de moyenne sur la saison pour 7,5 points à 42,2% du centre-ville, on est encore loin de statistiques de ROY pour lequel il aurait pu concourir cette année. Mais Denver n’est ni Memphis, ni New Orleans. Ça joue le titre dans les Rocheuses et la responsabilité du produit de Missouri est toute autre que ses paires de la cuvée suivante. Son équipe n’est pas du tout au même stade et les exigences de son entraîneur sont toutes autres mais Porter nous a laissé entrevoir une partie de son talent et on peut déjà le dire aujourd’hui : c’était une bonne pioche de la part des Nuggets, il faut juste continuer à être patient et les résultats suivront.


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