Le Thunder, l’équipe kiffante de cette première partie de saison : ça parlait reconstruction, maintenant ça parle… Playoffs

Le 06 janv. 2020 à 12:59 par Nicolas Meichel

thunder shai chris paul
Source image : NBA League Pass

Nous sommes passés en 2020 depuis quasiment une semaine et on va bientôt atteindre la fin de la première moitié de la saison régulière. Comme chaque année, on a des équipes qui déçoivent (coucou Philly), d’autres qui répondent aux attentes, et surtout quelques belles surprises. Parmi elles, le Thunder, aujourd’hui septième à l’Ouest malgré les départs de Russell Westbrook et Paul George à l’intersaison.

Reconstruction. Voici le maître-mot qui a caractérisé la dernière intersaison d’Oklahoma City. Avec les transferts de ses deux stars, et notamment celui du visage de la franchise Russell Westbrook, le Thunder a changé d’ère. Les ambitions de Playoffs, voire de titre (lol), ont laissé place à un projet basé sur des jeunes et surtout une multitude de choix de draft. OKC a certes récupéré du Chris Paul et du Danilo Gallinari, deux vétérans encore performants, mais c’était plus pour faire coller les transferts niveau billets verts que pour participer au “Process” version Oklahoma City. La preuve, le Thunder a d’abord tenté de refourguer le contrat triple XL de CP3, tandis que Gallo était sur le point de rentrer dans la dernière année de son deal. Priorité donc à la jeunesse, au développement, à la reconstruction, et tant pis s’il faut passer par quelques saisons dans les bas-fonds de la Conférence Ouest. Du coup, on attendait forcément une grosse chute dans les résultats, avec une équipe d’OKC qui cherche à bien se placer en vue de la Draft 2020. Sauf qu’aujourd’hui, le Thunder est bien placé dans la… course aux Playoffs. Oui, les hommes de Billy Donovan sont bien là, dans le Top 8 de leur conférence, avec une septième place très surprenante et un bilan de 20 victoires en 35 matchs. Vu comment ça galère derrière (San Antonio est huitième avec un bilan de 14-20, le neuvième est à 15-22), Oklahoma City a une petite marge sur ses poursuivants et peut donc légitimement croire à la post-season au printemps prochain, même si ce n’était pas prévu en octobre.

Il y a environ un an, le Thunder possédait un bilan presque similaire après 35 matchs. OKC était en effet à 22-13 avec Russell Westbrook et Paul George. On parlait d’une chute dans les résultats un peu plus haut, pour l’instant c’est loin d’être le cas. C’est parce que la bande à Chris Paul est actuellement en plein boom. Avec 10 défaites sur les 15 premières rencontres de la campagne 2019-20, le début de saison du Thunder était grosso modo dans la lignée des pronos des “experts”, mais les choses ont bien changé depuis. Du 25 novembre à aujourd’hui, Oklahoma City affiche un bilan de 15-5 et reste sur 9 victoires lors des 10 dernières sorties. S’il y a eu pas mal de succès face à des équipes au bilan négatif, le Thunder a également tapé des formations comme le Jazz, les Clippers, les Raptors, et les Mavericks. Certains pointeront du doigt l’absence d’éléments importants au sein de ces adversaires (Kawhi Leonard pour Los Angeles, Kristaps Porzingis pour Dallas, Pascal Siakam et d’autres pour Toronto), mais ça reste des victoires qui comptent, d’autant plus qu’Oklahoma City avait aussi des absents de son côté (Danilo Gallinari, Dennis Schroder). Et l’une des forces de cette équipe, c’est qu’elle ne lâche jamais rien. Cette saison, le Thunder est devenu le roi des comebacks – parfois miraculeux – et OKC a réussi à décrocher un grand nombre de victoires serrées. On ne compte plus le nombre de quatrièmes quart-temps où Oklahoma City a dominé son adversaire du soir pour finalement s’imposer. Ça, c’est le signe “d’un groupe qui vit bien” comme diraient nos amis du ballon rond. Et dans un groupe qui vit bien, il faut des leaders.

Cipi Fruit, viens par ici. Qu’on l’aime ou pas, qu’on se moque de son salaire ou pas, il faut reconnaître une chose. Chris Paul est en train de montrer à quel point il peut rendre une équipe meilleure. Il n’a peut-être plus les stats de son prime mais alors niveau leadership, bonjour. Quand OKC est dans le dur, c’est lui qui permet au groupe de garder la tête haute. Quand il faut poser ses couilles sur la table, c’est lui qui prend ses responsabilités. Quand il faut aider les jeunes et leur laisser la place pour qu’ils puissent progresser, c’est encore lui qui apporte toute son expérience et sa connaissance du game. Dans son rôle de papa, CP3 excelle et ce n’est pas un hasard si un gamin comme Shai Gilgeous-Alexander se positionne aujourd’hui comme un All-Star potentiel alors qu’il n’est que sophomore. On savait que SGA avait du ballon, on savait que le Thunder avait récupéré une pépite dans le transfert de Paul George, mais on ne s’attendait pas à le voir si bon si vite. Titulaire aux côtés de Chris Paul, Shai nous régale avec son jeu posé et mature, lui qui est aujourd’hui le meilleur marqueur de l’équipe (presque 20 points en moyenne). Sans aucun doute, il bénéficie de la présence du meneur vétéran, qui accélère son développement. Quand CP3 est arrivé à OKC, on avait du mal à le voir dans ce projet-là étant donné ses 34 balais et son palmarès collectif proche du néant en NBA, mais son apport est aujourd’hui très précieux, pour le présent mais aussi pour l’avenir.

D’une manière plus globale, on a une équipe qui joue sans complexe, avec un mélange intéressant entre des jeunes qui ont les crocs et des joueurs d’expérience qui remplissent leur rôle. Une équipe qui joue ensemble, où chacun tente d’apporter sa pierre à l’édifice, et qui se retrouve dans la première moitié du tableau au niveau de l’efficacité offensive et défensive (13è de la NBA dans les deux catégories selon ESPN). Billy Donovan, tout récemment élu coach du mois de décembre à l’Ouest, ferme pas mal de bouches en montrant sa capacité à mettre en place un vrai collectif avec un roster plutôt limité, alors qu’il a souvent été critiqué pour son travail quand le Thunder possédait encore un duo de stars. Billy a trouvé un bel équilibre avec Danilo Gallinari qui assure dans son rôle de stretch-4, le solide Steven Adams qui monte en puissance dans la raquette, Terrance Ferguson en mode chien de garde à l’extérieur et donc le duo CP3-SGA. Mais l’un des points forts aussi d’OKC, c’est le banc, avec un Dennis Schroder tout simplement essentiel dans son rôle de dynamiteur. Schroder réalise une superbe campagne au sein de la second unit et se place logiquement parmi les favoris pour le titre de Meilleur Sixième homme de l’Année. L’Allemand fait notamment la diff dans le money time, où il est souvent aligné aux côtés de Chris Paul et Shai Gilgeous-Alexander, un trio de guards qui fait pas mal de dégâts des deux côtés du terrain cette saison. Et quand vous ajoutez à ça les contributions d’un noyau de jeunes joueurs, avec les Nerlens Noel, Hamidou Diallo, Abdel Nader ou encore Darius Bazley, ça donne un ensemble bien kiffant à mater.

Pour certains, cette belle campagne ne sert pas vraiment au projet de reconstruction du Thunder, car forcément les futurs picks de draft s’annoncent moins élevés. De plus, pas sûr qu’Oklahoma City ne réussisse à garder ce rythme pendant le reste de la saison. Mais clairement, à l’instant T, OKC fait plaisir à voir et ça méritait bien une petite mise en lumière avant un enchaînement de matchs assez hardcore, avec Philly, Brooklyn, Houston et les Lakers au programme.