Danny Green apporte tout son savoir-faire aux Raptors : de la défense, du shoot mais surtout de l’expérience

Le 07 juin 2019 à 09:44 par Clément Hénot

Danny Green
Source : YouTube

Lorsque l’on évoque les premières Finales NBA de l’histoire des Raptors, on pense forcément en premier lieu à la campagne dantesque de Kawhi Leonard, qui peut légitimement être considéré comme le meilleur joueur de ces Playoffs. Mais aussi du soutien indéfectible de Kyle Lowry, des progrès de Pascal Siakam, du renfort de Marc Gasol ou encore d’une bench mob qui ne tremble pas. Mais ce dont on parle un peu moins, c’est l’importance de Danny Green dans le dispositif de Nick Nurse, alors remédions immédiatement à cela.

Aujourd’hui, Danny Green s’est fait une place solide en NBA, au point de disputer ses troisièmes Finales NBA en carrière avec les Raptors après celles perdues en 2013 et celles gagnées en 2014 avec les Spurs, les deux face au Heat des tres amigos. L’arrière s’est bâti une belle réputation de 3 and D sur qui on peut compter mais surtout apporte avec Kawhi Leonard, qu’il a accompagné au Canada dans le trade de DeMar DeRozan, une expérience des moments chauds qui faisait cruellement défaut aux Dinos. Ce qui se ressent dans ces Finales où les Raptors mènent 2-1, car Danny Green est loin d’être étranger à ces belles performances. De plus, l’éthique de travail du géant vert n’est plus à prouver, lui qui a sévèrement bûché pour avoir la place qu’il occupe aujourd’hui en NBA. Revenons un peu sur son parcours.

Drafté en 2009 (l’année de son titre NCAA) par les Cavaliers en 42ème position après avoir effectué tout son cursus à North Carolina, Danny Green doit d’abord ronger son frein sur le banc dans un effectif taillé pour jouer le titre mais qui tombera aux portes des finales face au Magic d’Orlando. Le rookie ne joue qu’avec parcimonie et passe le plus clair de son temps en NBDL (le nom de la G League à l’époque) aux Bayhawks d’Erié où il s’éclate et plante plus de 25 points par match. Il ne joue que 20 rencontres avec les Cavs, pour 2 points de moyenne, cimer et au revoir, car il ne sera pas conservé par Cleveland. C’est à San Antonio qu’il rebondit, mais là encore, les mêmes problèmes ressurgissent, Green ne trouve pas sa place et squatte les Bighorns de Reno, puis les Toros d’Austin. En gros, sa vie se résume à se faire couper, puis rappeler, puis envoyer en D-League, puis re-couper, puis ainsi de suite…

C’est à ce moment là que Green s’exile en Europe, lors du lock-out de 2011, puisqu’il part alors en Slovénie, à Ljubljana en attendant que la saison NBA reprenne. Et ce lock-out a peut-être bien été salvateur pour Danny Green qui a montré de belles choses en Slovénie dans ce rôle qui lui va à merveille, et cela pousse même Gregg Popovich à lui donner sa chance. Une chance qu’il saisira à merveille puisqu’il va démarrer 38 matches sur les 66 de cette saison, Manu Ginobili prenant place sur le banc pour dynamiter tout ça. L’adage “c’est en forgeant que l’on devient forgeron” est parfaitement adapté à Green qui s’installe durablement dans la rotation des Spurs et signe pour 3 ans et 12 millions de dollars. On tient ici l’origine de l’éthique de travail du bonhomme qui, sans être très talentueux pour être honnête, tire très bien son épingle du jeu.

Car en effet, quand on voit Danny Green sur un parquet, on a l’impression qu’il ne fait pas exprès de jouer au basket malgré le fait qu’il porte toujours un short assurément trop grand. Le monde entier flippe dès qu’il pose un dribble, mais ce n’est pas à cause d’un handle onctueux. L’arrière donne l’impression de ne pas contrôler ses mouvements et sa gestuelle est l’exacte opposée de celle de Paul George par exemple, mais ça il s’en cogne et il se concentre sur ce qu’il fait de mieux : shooter à 3 points et défendre son panier. C’est le genre de joueur qui peut plaire à Coach Pop et qu’il est important d’avoir avec soi. Cette théorie va se confirmer sur les Finales NBA 2013 : Danny Green est chaud bouillant et canarde tout ce qui bouge à 3-points, effaçant même des tablettes Ray Allen en inscrivant le plus grand nombre de tirs longue distance sur une Finale avec 25 . Malheureusement, ce même Ray Allen va péter en deux les rêves de Green avec un seul tir, celui du Game 6 à 5.5 secondes de la fin. Sur les cinq premiers matches ? Green a été irréprochable. Sur les deux derniers ? Il a totalement craqué en envoyant brique sur brique (1/7 aux tirs au Game 6 et 1/12 au Game 7), idéal si tu veux investir dans l’immobilier en Floride.

La saison suivante sera moins folle individuellement mais bien meilleure collectivement, car si Danny Green ne bat pas le record de 3-points et ne pulvérise aucun autre record non plus, il prend sa revanche contre ce même Heat et glane sa première bague en carrière. De plus, Popovich l’a encore laissé dans le cinq de départ dans lequel il a appris de ses erreurs tout en continuant le même boulot que d’habitude. Danny Green va passer huit ans chez les Spurs dans ce registre de 3 and D, eux qui lui ont permis de devenir le joueur qu’il est aujourd’hui. Mais en 2018, il a pris encore plus d’ampleur, grâce à Kawhi Leonard, mais loin de Fort Alamo. En effet, Kawhi fait une saison 2017-2018 sans jouer le moindre match et souhaite ouvertement quitter la franchise texane. Lui qui rêve de Los Angeles, d’où il est originaire, atterrit finalement à Toronto… Niveau géographie et climat, on n’est pas vraiment sur le délire escompté. Il prend donc Danny Green dans ses bagages pendant que Jakob Poeltl et l’enfant du pays DeMar DeRozan font le chemin inverse.

Dans cet effectif des Raptors, connu pour être un réservoir à choke depuis maintenant plusieurs années avec le backcourt composé de Kyle Lowry et DeMar DeRozan, et accessoirement être sous la tutelle de LeBron James depuis plusieurs années au grand dam de Drake, qui a vu la salle de Cleveland passer son titre “God’s Plan” une fois que le sweep était entériné en 2018. Les arrivées de Leonard (MVP des Finales 2014 on le rappelle) et Green tombent à point nommé : dans un effectif manquant cruellement d’expérience et n’arrivant pas à franchir ce cap symbolique des Finales de Conférence, The Klaw et son acolyte ont déjà franchi ce cap deux fois dans leur carrière, et ont même la recette secrète pour soulever le trophée Larry O’Brien.

Et c’est bien là que réside l’importance de Danny Green, car si Kawhi Leonard montre qu’il n’a rien perdu de son talent et peut même être considéré de façon légitime comme le meilleur joueur de ces Playoffs, Daniel Vert, qui n’est pas forcément hyper vocal non plus, continue de transmettre son énergie et son expérience à Kyle Lowry et consorts. L’apport des deux anciens Spurs va bien plus loin que le parquet, ils semblent avoir insufflé une sérénité qui déteint sur chaque joueur, y compris la second unit emmenée par un Fred VanVleet en mode sniper depuis sa paternité. Les Dinos mettent les Warriors, double tenants du titre, en grande difficulté, et ce n’est pas seulement à cause des absences de Kevin Durant, de Klay Thompson ou du cerveau de DeMarcus Cousins, mais grâce à un collectif très redoutable.

Toronto s’est trouvé une véritable identité défensive avec Danny Green et Kawhi Leonard donc, mais aussi Marc Gasol, Pascal Siakam voire Kyle Lowry et Norman Powell (quand il joue). Mais en plus, ils assurent aussi de l’autre côté du terrain en ayant des armes ultra-polyvalentes à tous les postes. Emmenés par un Kawhi Leonard de gala depuis le début de ces Playoffs, les Raptors peuvent compter sur l’avènement de Pascal Siakam, le renfort de Marc Gasol, la folie de Kyle Lowry et les coups de chaud de Fred VanVleet. Mais s’il y a bien une chose dont on ne parle pas, c’est la faculté de Danny Green à ne pas sortir de son registre car comme on vous le disait, sa technique est clairement badante, mais aussi celle à savoir apprendre de ses erreurs et de s’adapter. Danny Green a connu en Finales de Conférence le même genre de trou d’air qu’en 2013, mais se ressaisit parfaitement en Finales malgré une défense réputée solide des Warriors. Lors des trois premiers matches face à GS, Green tourne à 50% from the six comme dirait Drake, déjà 11 paniers primés sur 22 tentatives, dont certains tirs salvateurs, et c’est tout le Canada qui prie pour que la coupe iroquoise la plus dépourvue de swag du pays ne se plante pas comme il y a six ans.

Danny Green n’est pas un joueur talentueux, disons le tout net, mais sa hargne, son humilité ainsi que son vécu en font un joueur forcément incontournable des Raptors. Nick Nurse n’a pas hésité à le propulser directement dans son 5 de départ, au dépens de postulants comme Norman Powell ou OG Anunoby qui galèrent chacun à se faire une place au soleil, mais dans ces moments là, c’est l’expérience qui prime. N’est-ce pas Daniel Richard Green Jr ?


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