Du All-Star Game à Pôle Emploi : le syndrome de l’étoile filante

Le 11 déc. 2018 à 12:57 par Alexandre Taupin

Montage All-Stars Disparus
Source image : montage TrashTalk via YouTube

Nous sommes le 11 décembre, et c’est aujourd’hui l’anniversaire de Roy Hibbert, qui fête ses 32 ans. L’ancien pivot des Pacers est sans club depuis un an et demi et son dernier passage chez les Hornets, un comble quand on sait que le joueur était encore All-Star il y a quatre ans. Féroce défenseur et protecteur de cercle du temps où il évoluait dans l’Indiana, “Mr Verticality” n’a désormais plus le physique pour évoluer dans la grande ligue : trop lourd pour suivre le rythme, trop lent pour défendre un intérieur fuyant, sans shoot extérieur, il n’a aucune chance de convaincre un GM de miser sur lui. Tout comme Hibbert, d’autres joueurs ayant à peine dépassé la trentaine sont désormais mis de côté, la faute à une blessure, à une éthique de travail douteuse ou à un niveau tout simplement insuffisant. Focus sur ces All-Stars que vous adoriez hier et que vous avez oublié aujourd’hui. 

35 ans… Que représente cet âge pour un All-Star ? Cela dépend du talent, du physique, du statut dans l’équipe et bien entendu de l’éthique de travail. Une superstar comme Jordan, Malone ou Jabbar mènerait encore son équipe en tant qu’option offensive numéro une, mais d’autres vont se contenter d’un rôle de lieutenant ou de sixième homme de luxe (coucou Ginobili). À 35 ans, un All-Star n’est pas cuit et il doit pouvoir contribuer au succès de son équipe, peu importe son rôle. Et pourtant, il existe des joueurs qui, récemment, et pour de multiples raisons, ne peuvent pas ou n’ont pas pu poursuivre leur carrière NBA, alors qu’ils n’ont pas même pas atteint cet âge. Parmi ces joueurs nous avons fait une sélection en respectant deux règles simples : le joueur doit avoir moins de 35 ans aujourd’hui et avoir été All-Star dans sa carrière. Voilà la raison pour laquelle nous mentionnerons mais écarterons de cette liste : Al Jefferson, vrai référence au poste 5 pendant une décennie mais jamais appelé aux matchs des étoiles tout comme Monta Ellis, 33 ans, la torche humaine et ancienne star des Warriors ou encore Joe Johnson qui est lui trop vieux malgré sa fantastique carrière et ses multiples sélections en tant que All-Star. On s’intéresse à présent aux joueurs qui entrent dans nos catégories.

Deron Williams (34 ans) : comment un joueur aussi talentueux que D-Will a pu en arriver là ? Pour situer le bonhomme on parle quand même de quelqu’un qui, à la fin des années 2000, était considéré comme le meilleur meneur NBA avec Chris Paul et il y avait un vrai débat. Meneur scoreur mais aussi merveilleux créateur, Williams avait la panoplie complète pour s’imposer, que ce soit au Jazz sous les ordres de la légende Jerry Sloan ou aux Nets. Entre 2008 et 2012, il compile trois sélections au match des étoiles ainsi que deux médailles olympiques avec Team USA, preuve qu’à son poste il n’y avait pas mieux. Malheureusement pour lui, les blessures, une perte de confiance grandissante et une lenteur de plus en plus prononcée ont mis fin à son aventure NBA. On regrettera au passage que son arrogance ait entraîné la fin de carrière de l’un des plus grands coachs de l’histoire. Aux dernières nouvelles, il profiterait désormais de sa vie de famille et ne ferait pas d’un retour en NBA une priorité.

Stats en carrière : 16 points, 8 passes. 

Mo Williams (35 ans) : si on vous parle d’un meneur à Cleveland, bon manieur de ballon, efficace à longue distance, portant le numéro 2 et ayant développé une bromance très prononcée avec LeBron James, vous voyez de qui on parle bien sûr ? Maurice Williams plus communément appelé Mo Williams a été pendant deux ans le lieutenant du King, dont une en tant qu’All-Star, et l’un de ses coéquipiers les plus proches. Fâché avec le Chosen One suite à son départ, le joueur a ensuite quitté la franchise avant de revenir en 2015, histoire de gagner un titre avec son ancien/nouveau pote. Il prendra finalement sa retraite en 2017 suite à une blessure persistante au genou, blessure que le staff médical des Cavs avait minimisé selon lui. Et si vous vous dites qu’il est un peu faiblard pour figurer dans ce classement, allez donc regarder son poster sur Paul Pierce durant les Playoffs 2010 ou encore son match à 52 points avec les Wolves en 2015.

Stats en carrière : 13 points, 5 passes. 

Danny Granger (35 ans) : il y a eu une vie avant Paul George à Indiana et Danny Granger y a grandement contribué. Star des Pacers entre 2007 et 2012, Danny Granger a été un attaquant d’une incroyable efficacité pendant des années mais il a atteint son pic lors de la saison 2009 où il compile 26 points, 5 rebonds, 3 passes, tout en shootant à 40% du parking. Il devient All-Star, récupère le titre de MIP et la saison suivante il s’invite au Championnat du Monde qu’il remportera en compagnie d’une jeune génération composée de Curry, Durant, Westbrook et Rose entre autres. Si le joueur est aujourd’hui à la retraite forcée c’est, non pas à cause de ses qualités, mais bien d’un corps qui l’a abandonné. Une première grosse blessure au genou en 2012, suivi d’un grand nombre d’autres petits pépins physiques, ont détruit les dernières chances du joueur. Échangé par Larry Bird en 2014, il ne parviendra jamais à remonter la pente, enchaînant des piges chez les Clippers et le Heat avant d’être envoyé aux Suns puis aux Pistons, où il ne jouera même pas. Il achève donc sa carrière en 2015, à 32 ans seulement.

Stats en carrière : 16,8 points, 4,9 rebonds et 1,9 passe.   

Brandon Roy (34 ans) : ah.. les fans de Portland vont longtemps se demander ce qu’aurait donné l’association Oden – Roy si ces deux joueurs avaient pu être à 100% de leurs moyens. B-Roy était grand, tellement grand que la ligue n’était pas prête pour un joueur pareil. Clutch au possible, attaquant le cercle en permanence, capable de marquer sur tout et tout le monde, le joueur pouvait se transformer en véritable incendie humain certains soirs. Et puisque les faits parlent plus que les mots, on pourra citer son record en point, 52 contre les Suns un soir de 2008 mais surtout son incroyable comeback contre les Mavs, les futurs champions en 2011, qui n’ont tout simplement rien pu faire pour l’arrêter : un match sur lequel nous avions fait un dossier il n’y a pas si longtemps. Malheureusement, B-Roy c’est aussi des soucis au genou, encore et encore, au point que le médecin oblige le triple All-Star à arrêter sa carrière alors que lui a toujours cette flamme qui brûle en lui : l’histoire d’un des plus beaux gâchis du basket pour un joueur qui devait marquer les années 2010 et l’un des rares arrières qui pouvait regarder D-Wade et Kobe les yeux dans les yeux. Il est désormais coach de lycée et connait un grand succès puisqu’il a gagné le titre de son état et qu’il a formé Michael Porter Jr. récemment.

Stats en carrière : 19 points, 4 rebonds et 5 passes. 

Andrew Bynum (31 ans) : Si Shaq était là il écrirait sans doute que Bynum fait partie des derniers vrais pivots de la ligue. Référencé à 2m13 pour 130 kilos, Andrew Bynum n’a rien à voir avec les pivots d’aujourd’hui : plus lourd, plus costaud mais pas forcément plus lent, il était une machine à rebond, à contrer tout en pouvant aussi marquer sa dose de points lorsqu’il ne commettait pas des attentats sur J.J. Barea. Si le joueur dispose de bonnes mains et de quelques moves en attaque, c’est avant tout par sa capacité à gober du rebond et à contrer des tirs qu’il se fait connaître. Son record de 10 contres en Playoffs, co-détenus avec Mark Eaton et Hakeem Olajuwon, excusez du peu, tient toujours aujourd’hui. Autre performance remarquable, un soir de victoire à San Antonio où il va chopper 30 rebonds sur la truffe de Tim Duncan, soit à peu près autant que l’équipe adverse toute entière ! (33) Bynum était aussi un joueur qui n’avait pas peur d’un bon fight : lorsque O’Neal vient le postériser en 2006, il remonte immédiatement le terrain pour aller défier son adversaire, reçoit le ballon poste bas, enchaîne avec une feinte de corps qui envoie Shaq cueillir des pâquerettes avant de claquer le dunk à deux mains et de bousculer son adversaire sur la route du retour. Le jeune a le talent, les baloches qui vont avec, et c’est donc sans surprise qu’il devient All-Star titulaire à 25 ans : on se dit que l’avenir qui l’attend est grand, sauf que… Une blessure au genou plus tard et un transfert à Philadelphie et c’en est fini du prometteur Bynum. Après une année sans jouer puis une double pige entre Cleveland, où il ne trouvera rien de mieux que d’envoyer des ballons du milieu du terrain, et Indiana, il rangera les baskets … à 27 ans. Aux dernières nouvelles, le joueur tenterait actuellement un comeback sur les parquets et se maintiendrait en forme du côté de L.A., sa ville.

Stats en carrière : 11,5 points, 7,7 rebonds et 1,6 contre. 

Bonus

Josh Smith (33 ans) : c’est une petite déviation de notre règle du haut puisque le joueur n’a jamais été All-Star mais on a choisi de lui accorder une wild card, que ce soit pour son concours de dunks remporté en 2005 ou pour l’énorme gâchis qu’est sa seconde partie de carrière. Voilà l’histoire d’un joueur qui est sans doute entré dans la ligue dix ans trop tard et qui a souffert de la domination du tir longue distance. Excellent défenseur, gros contreur et doté de capacités athlétiques hors du commun, J-Smoove avait tout pour briller des deux côtés du terrain, si seulement il en avait eu l’envie… Ou comment gâcher un immense talent par son manque d’implication et sa suffisance. Drafté par les Hawks en 2004, il progresse pourtant d’année en année, raflant plusieurs records de précocité aux contres, et formant un trio redoutable avec Joe Johnson et Al Horford. C’est seulement à son départ d’Atlanta que la carrière du joueur commence à dérailler : installé au poste d’ailier chez les Pistons du fait de la présence de Greg Monroe et Andre Drummond, il montre toutes ses limites à 3-points, un défaut qu’il n’a jamais réglé, et devient le point faible de l’équipe. Il rompt son contrat l’année suivante et file à Houston où il retrouve le poste 4 et enchaîne de bien meilleures performances. Ce sera sa dernière année à peu près convaincante. Il ne fera qu’une demi-saison supplémentaire ainsi qu’une pige chez les Pelicans le temps de trois matchs l’an dernier. Il n’aurait toutefois pas renoncé à un retour en NBA et se maintiendrait en forme selon Ben Stinar. Reste à voir qui voudra remettre en piste un joueur encore bon défensivement et au rebond mais qui ne rentre rien à plus de trois mètres du panier.

Stats en carrière : 14,5 points, 8 rebonds et 2 contres. 

Si certains de ces joueurs n’ont pas pu atteindre leur pic de carrière du fait d’une blessure, d’autres ont également montré une attitude qui n’était pas en adéquation avec la carrière d’un All-Star, on pense ici à la suffisance d’un Smith ou l’irresponsabilité de Bynum face à ses blessures, lui qui s’est blessé tout seul en jouant au bowling. La pérennité d’un All-Star s’obtient par des sacrifices, un travail régulier sur son corps et savoir ce qu’il est capable d’endurer ou non, comme le montrent année après année des exemples tels que Vince Carter et, jusqu’à récemment encore, Manu Ginobili.