La grande histoire des Harlem Globetrotters, l’équipe de basket la plus connue de tous les temps

C’est l’histoire d’une équipe de basketball dont tout le monde a entendu parler.

Une équipe dont le nom évoque souvent des souvenirs d’enfance, quand gamins nous sommes allés les voir jouer avant de repartir des étoiles pleins les yeux.

Une équipe loin des parquets NBA, mais tout aussi essentielle à la popularité de la balle orange à travers le monde, qu’elle parcourt depuis des décennies et de façon bien plus abordable et joyeuse que les Global Games.

Voici l’histoire des Harlem Globetrotters, de leur Magic Circle et de Sweet Georgia Brown.

Cette histoire commence dans la deuxième moitié des années 1920.

Même si la date exacte varie selon les sources, entre 1926 et 1928. Contrairement à ce que laisse penser le blaze mythique de cette équipe, ce n’est pas à Harlem mais du côté de Chicago qu’il faut se tourner. À cette époque, l’Amérique est ségréguée. Les équipes ethniques sont nombreuses à tenter de percer pour représenter au mieux leur communauté. Dans l’Illinois de Chicago justement, le Black Five – équipe majeure afro-américaine – se nomme le Savoy Big Five.

Et pour remplir ses caisses, le Black Five cherche à partir en tournée en s’éloignant du Lac Michigan, où la concurrence n’existe plus vraiment pour eux.

Abe Saperstein lance les Harlem Globetrotters

Entre alors en scène un certain Abe Saperstein, fils d’immigrés juifs polonais dont les parents ont fui le pays pour éviter l’intégration dans l’armée russe.

Sur les conseils d’autres sportifs afro-américains du coin, Abe entre en relation avec le Black Five pour organiser une tournée dans le Midwest américain. Pour replacer le contexte, disons qu’il est plus facile pour un homme blanc de gérer ce genre de mission. Dans ces années-là les Noirs n’ont pas la cote au pays de Jim Crow… Et pour entrer dans les têtes de tout le monde, tout en annonçant que des joueurs afro-américains composent l’équipe, il faut trouver un nom marquant.

Quelque chose qui claque et reste dans la tête. Ce nom ? Les Harlem Globetrotters.

Il faut savoir qu’à cette époque, le borough new-yorkais est considéré comme la capitale de cette communauté auprès du grand public. Le lien fait donc tilt dans les têtes.

TBT – We played our first road game in Hinckley, Illinois on January 7th, 1927.

The son of a tailor, Abe Saperstein sewed the uniforms himself…

The team posted a record of 101-16 in our first year, and we’ve been winning ever since! 🏆 pic.twitter.com/SCtMXsG5GH

— Harlem Globetrotters (@Globies) December 3, 2020

Chauffeur, promoteur et parfois même remplaçant sur le terrain, Saperstein organise alors tout pour l’équipe. Les Harlem Globe Trotters effectuent leurs premières tournées dans des bleds paumés du coin. Ils s’amassent dans une Ford T un peu crasseuse. Les premiers joueurs principaux s’appellent Runt Pullins – le meneur dribbleur- et Inman Jackson – le pivot clown.

C’est à cette époque que le sceau du divertissement va frapper l’équipe, et le jeu funky de l’intérieur en posera les bases. Pourtant, cette idée révolutionnaire de “basket rigolo” qui va établir la réputation des Globetrotters survient complètement par hasard.

Un jour de grand froid, un joueur s’assoit sur un réchaud au cours d’un match, sans faire attention. Résultat : son short crame et son cul avec. Il s’enfuit en courant, devant une salle complètement hilare.

Le rire, signature move des Harlem Globetrotters

À partir de là, le créneau des facéties est pris et s’accentue.

Non seulement cela plait aux fans, mais cela permet aussi aux joueurs de souffler. Car la vie des Globetrotters n’a rien de reposant dans les années 1930 :

  • 1 match tous les jours
  • Parfois 2 matchs le dimanche
  • Des dizaines de kilomètres parcourus entre chaque rencontre
  • Et surtout aucun remplaçant disponible

Pas facile de tenir la distance.

Pire encore pour les joueurs Afro-américains, Abe Saperstein change les règles du jeu. En 1934, il annonce aux joueurs qu’il est le boss. À partir de maintenant, le partage des recettes régissant leur association est terminée. Désormais, il prendra l’argent et versera des salaires à chaque match. Pas du goût de tout le monde. Mais si plusieurs joueurs des Harlem Globetrotters quittent le navire, les remous n’entament pas la marche en avant de l’équipe qui se restructure rapidement.

La réputation des Harlem Globetrotters grandit au milieu de ces années 30, entre le talent des joueurs, le divertissement proposé et les dons de promoteurs de Saperstein. Cependant, quelques dents commencent aussi à grincer. En particulier au sein de la communauté afro-américaine qui critique le style de l’équipe. Pour beaucoup, cette représentation caricaturale proposée par les Harlem Globetrotters rappelle un peu trop les minstrel shows, ces spectacles racistes interprétés par des acteurs blancs grimés.

Surtout quand dans le même temps, les New York Rens – qui sont les principaux rivaux de l’équipe au sein des Black Fives – suivent le message de la Renaissance d’Harlem. À savoir l’émancipation de leur communauté. Une période difficile pour les Trotters, mais inévitable pour atteindre les sommets.

Le chemin vers la gloire

Cette rivalité entre New York Rens et Harlem Globetrotters se déroule en coulisses et dans la presse, car les deux équipes ne s’affrontent jamais.

Jusqu’à la première édition du World Pro Basketball Tournament, en 1939. La demi-finale oppose alors les Rens aux Trotters, et ce sont les New-yorkais qui s’imposent en remportant même la finale derrière. La saison suivante, revanche et rebelotte au WPBT, avec cette fois-ci les Globetrotters sacrés champions après avoir éliminé les Rens en quart. C’est à partir de ce moment-là que l’équipe d’Abe Saperstein prend une nouvelle ampleur.

Car non seulement ils font le spectacle, mais ils prouvent aussi que sportivement, ils sont au sommet.

Les projets d’envergure se multiplient dans la foulée pour eux, même si la Guerre mondiale va mettre un frein à certaines ambitions. Cependant, une fois celle-ci terminée, l’économie du divertissement connaît un grand boum aux USA. Les Globetrotters veulent leur part du gâteau. Entre les World Series of Basketball, des tournées désormais mondiales, ou encore des films qui sortent au cinéma, les Harlem Globetrotters sont à l’affiche un peu partout, dans le sillage de leur nouveau duo phare : Marques Haynes – Goose Tatum.

Harlem Globetrotters vs Minneapolis Lakers, le tournant

Quitte à entrer dans la légende, autant battre la crème de la crème au basket.

En 1948 et 1949, les Globetrotters viennent à bout des Minneapolis Lakers, l’une des meilleures franchises NBL puis NBA de l’époque. Leurs tournées sont désormais suivies de près et organisées avec le gouvernement américain. Pour donner une ampleur de la hype ? Ils réunissent 75 000 personnes dans l’Olympiastadion de Munich en 1951. Et les Trotters deviennent, par la même occasion, de véritables ambassadeurs pour l’Oncle Sam à travers le globe.

En bref, ils sont une des toutes premières marques sportives qui fait rayonner les USA partout sur Terre. Mais l’hypocrisie est réelle et bien cachée. De retour aux pays, les joueurs constatent que les conditions de vie et d’intégration des Afro-américains ne s’améliorent guère, étant toujours considérés comme des citoyens de seconde zone.

Devant ce raz-de-marée, une première fissure va mettre à mal l’empire dirigé par Saperstein.

En 1950, la NBA – jusque-là ségréguée – ouvre davantage ses portes avec les arrivées de Chuck Cooper, Earl Lloyd et Nathaniel Clifton. Les pionniers afro-américains débarquent au sein de la ligue professionnelle. Le monopole dont jouissait Abe sur les joueurs de cette communauté prend fin.

Lentement mais sûrement, le déclin sportif s’annonce, même si la réputation demeure. Il faut dire que la NBA n’est pas la machine à fric actuelle. Son rayonnement est confidentiel, pendant que les Globetrotters sont connus du monde entier. Et ce ne sont pas les émissions télé, les spots ou les tournées mondiales qui vont remettre en cause cette aura. Du moins, pas tout de suite…

TBT – In 1948 and 1949, we stunned the world by defeating the Minneapolis Lakers of the NBA. While they were the reigning World Champions, the Globetrotters became recognized as the world’s best basketball team! pic.twitter.com/w1RnSaUUZE

— Harlem Globetrotters (@Globies) September 17, 2020

Déclin et renaissance

La preuve ? Si Saperstein ne peut plus recruter aussi facilement les meilleurs ballers afro-américains, il réalise tout de même quelques grands coups.

On pense évidemment à la pige de Wilt Chamberlain en 1958-59, avant qu’il ne débarque en NBA. Mais aussi Connie Hawkins. Blacklisté un temps par la ligue, il portera également le jersey des Harlem Globetrotters quelques saisons. Ceci étant dit, le navire tangue. Et le décès d’Abe Saperstein en 1966 lui fait perdre son véritable capitaine. À partir de là, les changements de propriétaire s’enchaînent, sans personne pour redresser la barre durablement.

La machine ne repartira jamais. Même si quelques éclaircies comme la signature de Lynette Woodard en 1985 donnent parfois un petit coup de projecteur à une équipe dont le talent s’étiole. La fin semble proche, tout comme la banqueroute.

En 1993, Mannie Jackson – un ancien joueur des Trotters – vient sauver cette composante majeure du patrimoine du basketball. Il rachète les Globetrotters – devenant ainsi le premier Afro-américain propriétaire d’une entreprise majeure du sport – et y fait le ménage. Il renoue le lien avec les glorieux anciens, remet la question sur le talent et l’attitude. Bien sûr, cela ne fait pas des Harlem Globetrotters une équipe capable de rivaliser avec les franchises NBA d’un point de vue sportif, même si régulièrement cette institution toque à la porte en demandant à faire partie de la Ligue.

Des coups de com’, mais aussi une façon de rappeler que – oui – les Trotters ont plus que joué leur rôle dans le développement du basket.

Alors shootout aux Harlem Globetrotters, des pionniers de la balle orange, en particulier pour la communauté afro-américaine. Les travaux ont été conséquents, les milestones réalisés impressionnants, et l’héritage laissé encore plus grand. Tout ça en continuant à régaler petits et grands dans le monde entier ? R-E-S-P-E-C-T.

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Quelques joueurs majeurs des Harlem Globetrotters :

Miniature Harlem Globetrotters runt pullins

Runt Pullins

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Inman Jackson

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Sonny Boswell

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Liens utiles dans le lexique :

Source image : Harlem Globetrotters