L’ère des Black Fives dans l’histoire du basketball afro-américain

Au début du vingtième siècle, les équipes de ballers sont baptisées Fives, comme le nombre de joueurs sur le terrain. A cette époque, le sport en général et le basketball en particulier est ségrégué, dans une société américaine régie par le tristement fameux “séparé mais égaux” issu de l’arrêt Plessy v Ferguson à la fin du siècle précédent. Ce qui signifie que les équipes blanches ne prennent aucun joueur afro-américain dans leur effectif. Par conséquent les noirs s’organisent de leur côté pour pouvoir aussi tâter la balle orange. Ces équipes ainsi formées au sein de la communauté afro-américaine reprennent donc le blaze de Five auquel est accolé différents qualificatifs en fonction de la personne en parlant, mais rappelant forcément la couleur des joueurs, leur différence dans cette société peu tolérante : “Colored”, “Negro” ou “Black”. C’est ce dernier qui est retenu pour revenir sur cette période de l’histoire du basketball afro-américain, la Black Fives Era, l’ère des Black Fives. Ces équipes s’affrontent principalement entre elles, même si à cette période de la balle orange amateur les barrières peuvent être poreuses entre communautés minoritaires. Ainsi il arrive régulièrement que les Black Fives se frottent également à des équipes juives, italiennes, asiatiques et même amérindiennes.

Les premières formations afro-américaines – ou du moins les premières villes où elles prennent de l’importance – sont Washington et New York. D.C. s’appuie sur Howard University puis les 12th Streeters pour squatter le haut de l’affiche, Big Apple voit le Smart Set Athletic Club of Brooklyn, l’Alpha Physical Culture Club ou encore le St. Christopher Club briller dans les années dix. Le mouvement s’étend à d’autres villes comme Pittsburgh, Philadelphie ou Chicago, alors que l’amateurisme des premiers Black Fives est remis en question. Et c’est là encore New York qui tire son épingle du jeu, même si le professionnalisme n’est pas très bien accepté au début, aussi bien par les autres Black Fives que par la presse qui s’offusquent de voir l’argent prendre le dessus sur les principes plus puritains qui régulaient le sport et le basket jusqu’à présent. Et comme souvent dans l’histoire de l’Oncle Sam, ce sont ceux qui ont suivi le chemin du capitalisme qui l’emportent car si aujourd’hui la plupart des Black Fives sont tombés dans l’oubli, les formations professionnelles afro-américaines qu’ont été les New York Renaissance ou encore les Harlem Globetrotters – oui, ceux qui assurent encore le show dans le monde entier – demeurent celles qui ont survécu un minima à l’épreuve du temps dans les mémoires collectives.

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Source image : cityroom.blogs.nytimes.com via Black Fives Inc.