Luka Doncic et Dallas, l’ex-histoire d’amour d’une vie
Le 03 févr. 2025 à 14:59 par Nicolas Vrignaud

Parti à Los Angeles dans un transfert qui n’a laissé personne indemne sur le plan de la surprise, Luka Doncic laisse derrière lui une histoire unique à Dallas. Vu comme le digne successeur de Dirk Nowitzki, il a offert aux fans des Mavericks des moments d’une joie rare. Qui ne seront jamais oubliés.
Lorsqu’il arrive à Dallas, en 2018, Luka Doncic est déjà une superstar. Pas aux États-Unis, mais en Europe. Prodige qui a dominé l’EuroLeague sous les couleurs du prestigieux Real Madrid, le Slovène a le luxe de pouvoir dire dès 18 ans qu’il a fait le tour du continent sur le plan du palmarès. Champion et MVP de l’EuroLeague, MVP du Final Four de la compétition, champion et MVP de Liga Endesa. À 18 ans. C’est donc en tant que professionnel aguerri que Luka arrive à Dallas via Atlanta, qui l’a sélectionné puis transféré directement à la Draft.
Diamant déjà poli
Dès les premiers matchs disputés avec le maillot des Mavericks sur les épaules, on comprend que les consultants ayant osé critiquer son origine européenne, qui lui causerait soit disant du tort en NBA, peuvent se rhabiller chaudement. Le rookie joue déjà comme un vétéran, et beaucoup de membres expérimentés de la ligue n’ont pas les highlights de sa saison rookie. On pense bien évidemment à son buzzer beater pour arracher la prolongation contre les Blazers de Damian Lillard, sans doute le premier moment fort de son aventure aux États-Unis et premier acte de sa relation avec les fans de Dallas, qui voient déjà en lui un successeur de Dirk Nowitzki.
Des highlights à la pelle, et que ça fait glisser Paul George, et que ça envoie des pralines depuis le milieu de terrain sans même se poser la question de la difficulté du tir, et que ça fait danser Rudy Gobert. Une insolence venue de loin qui rend immédiatement les fans amoureux. Le renouveau de la franchise, c’est définitivement lui et personne d’autre. Luka Doncic est la personne qui doit guider Dallas vers une deuxième bague. Bien sûr, il est logiquement élu Rookie de l’Année, le premier pour les Mavericks depuis Jason Kidd en 1995.
Step by step
Sa deuxième saison sera particulière : il s’agit de la saison 2019/20, marquée par la pandémie mondiale de COVID-19 qui met la NBA en sommeil pendant plusieurs mois. Une bulle sanitaire est organisée à Disney World (Orlando) pour terminer le championnat, une bulle qui va amener plusieurs moments légendaires. Dont ce buzzer beater contre les Clippers, complètement dingue mais qui témoigne de la folie qui habite le blondinet.
Pour cette première aventure en Playoffs, les Mavericks ne passeront pas le cap des Clippers, et malgré une moyenne à 31 points de moyenne pour sa première apparition en phase finale de NBA, il faudra revenir pour tenter de faire mieux.
L’année suivante, ça y est : Luka Doncic est une superstar, il matraque les adversaires les uns après les autres dans un style pas forcément flashy sur le plan de l’intensité, mais particulièrement efficace. Les cartons statistiques s’enchaînent au point qu’on parle de lui sérieusement pour le trophée de MVP. Une saison qui renforce un peu plus sa place dans la communauté, notamment en prenant part – comme depuis son arrivée dans le Texas, ce n’est pas nouveau – à des événements de charité, en allant voir des jeunes malades dans les hôpitaux de la ville.
En 2021, ce sont à nouveau les Clippers en Playoffs. Là, Luka atteint de nouveaux sommets : 35,7 points de moyenne dans la série, son record en carrière. Une série perdue en 7 alors que les Mavericks menaient 3-2. Un gros coup dur, mais qui laissera place à mieux. Parce que l’année suivante, les Mavericks vont nous régaler d’une belle campagne de Playoffs durant laquelle ils vont notamment détruire les Suns en Game 7. Avec une image de Luka qui sourit au visage de Devin Booker et qui fait le tour de la planète basket. Un instant qui n’a pas manqué de plaire énormément aux fans. En Finale de Conférence, Luka doit laisser la place aux Warriors à la poursuite de leur propre histoire.
La seule grosse bévue de sa carrière à Dallas est la saison 2022/23, où les Mavericks ne font même pas les Playoffs. Pourtant, il accomplit fin décembre ce qui actuellement le plus grand exploit individuelle de sa carrière : 60 points, 21 rebonds, 10 passes. Un moment de légende, un moment d’histoire. Un moment de bonheur pour les fans. Qui ne se consomme pas mieux qu’en vidéo.
Première apparition en Finales NBA, mais la marche était trop haute face à des Celtics qui n’ont pas tellement forcé pour s’offrir le titre. Toutefois, l’étape sans doute la plus difficile est atteinte : rallier la dernière scène de la ligue, la plus prestigieuse. Reste désormais à travailler, apprendre des erreurs et revenir plus fort, pour toucher le bonheur ultime et l’offrir à toute une ville. Il n’en sera rien, la ville de Dallas est désormais orpheline de son prodige.
Luka à Dallas, un magicien
Des gestes lents, pas forcément tout le temps protocolaires, mais diablement efficaces. Et des fondamentaux techniques solides comme le diamant qu’il est. Son step back à gauche, sa spécialité ultime qui est connue de tous mais toujours aussi difficile à défendre. Qui gueule certes beaucoup contre l’arbitrage, jusqu’à s’en rendre agaçant. Mais qui au final, ne sera pas défini par son côté raleur mais son talent immense au basketball. Un Européen qui devait mener Dallas aux sommets, qui en avait pris la voie. Et qui ne pourra malheureusement pas mener sa quête jusqu’à son terme.
Un crachat au visage des fans
Loin des yeux, près du coeur. Dallas sera toujours amoureuse de Luka. Il y a fort à parier que le Mavericks – Lakers du 10 avril sera très particulier. Un moment émouvant, un moment de retrouvailles avec celui dont on pense encore qu’il n’est pas vraiment parti, qu’il ne s’agit que d’une blague. Les Mavericks ont bafoué, comme l’explique très justement @DallasMavsFr sur Twitter, le principe d’émotions intimement lié au sport de manière globale.
La victoire, même dans cette ligue qui ne jure que par les chiffres et le palmarès lorsqu’il faut faire le bilan d’une carrière, n’est pas la finalité. De grandes émotions se vivent dans des moments anodins. Et Luka fait partie de ceux qui ont le mieux cultivé, jusqu’ici, ces moments anodins qui créent des sourires, provoquent des larmes. Dallas vient de l’effacer, d’un revers de main très sévère. À son échelle, celle du sport et du basket, l’histoire jugera les actes de ceux qui ont choisi de gifler leurs fans et de rompre avec leur passé.
Le 2 février 2025 restera comme le pire jour de l’histoire des Dallas Mavericks.
Avant toutes choses, les mots qui vont suivre ne parleront pas de la situation sportive du trade (AD, les implications à court/moyen/long terme, etc) ou de ce qu’on voudrait dire à Luka, mais de ce… pic.twitter.com/x4A7A9rM7p
— Dallas Mavs France (@DallasMavsFr) February 2, 2025