Performance All-Time : les 65 points de Kobe Bryant face aux Blazers en 2007
Le 16 mars 2024 à 17:02 par Céleste Macquet
Qui dit performance All-Time au scoring dit forcément Kobe Bryant, auteur de 81 points face à Toronto en 2006. Cependant, l’année suivante, Kobe nous a envoyé une performance moins souvent mentionnée et pourtant presque autant fascinante : 65 points à 23/39 aux tirs et 8/12 à 3-points dans une victoire en prolongation. Allez, on retourne en 2007 au Staples Center.
Nous sommes le vendredi 16 mars 2007.
Kobe Bryant étrenne pour la première saison son maillot floqué du numéro 24. Il n’a pas eu d’All-Star dans son équipe depuis le départ de Shaquille O’Neal après les Finales perdues contre les Pistons en 2004. D’ailleurs, les Lakers n’ont pas gagné un tour de Playoffs depuis. L’effectif des Lakers peut notamment compter sur Kwame Brown, Maurice Evans, Jordan Farmar, Shammond Williams, Aaron McKie, sans oublier l’illustre Smush Parker. Le point commun entre tous ces joueurs ? Aucun n’a dépassé les 9 points par matchs en carrière. Allez, on a tout de même Lamar Odom qui montre de bonnes choses avec Ronny Turiaf et Andrew Bynum en pleine progression, mais pas évident d’aller faire de bons résultats quand ta troisième option s’appelle Luke Walton.
Avant le match, les Lakers jouent des coudes pour se maintenir à flot à la sixième place de la Conférence Ouest et viennent de perdre sept matchs d’affilée, la plus grande série de défaites du coach Phil Jackson. Leurs adversaires du jour, les Blazers, peuvent compter sur un jeune effectif prometteur, mais encore juste pour causer avec les haut placés de la Conférence Ouest. Le Rookie de l’année Brandon Roy épaule bien un Zach Randolph lourd au scoring, avec l’aide de Jarrett Jack, LaMarcus Aldridge, Jamaal Magloire, Ime Udoka et le très fourbe Sergio Rodriguez. Mais tout ça, Kobe n’en a rien à cirer.
Après un premier quart-temps tranquille à 4 points, KB24 sort la sulfateuse et envoie 19 points dans le deuxième quart-temps. Les fadeaways pleuvent (malgré les fautes) et les 3-points rentrent. Et les Lakers en ont bien besoin ! Le match sera serré du début à la fin. Par treize fois le score sera à égalité pendant la partie. Lors de la troisième reprise, Kobe perdra momentanément la mire (4/11 aux tirs) mais il la retrouvera pour le quatrième quart-temps.
On this date in 2007, Kobe was in video game mode vs. Portland.
He dropped 65 points with an array of ridiculous baskets in crunch time. This was the first game of a 65, 50, 60, 50, 43 point scoring stretch. ♾ pic.twitter.com/0lbqShut3o
— Timeless Sports (@timelesssports_) March 17, 2021
Et pas à moitié. 9/11 au tir, 4/4 à 3-points. 24 pions. Ce quatrième quart-temps, c’est le grand festival du panier pour Kobe Bryant. La foire du swish, la grande démonstration offensive, la fête du point, c’est un spectacle son et lumière où Kobe est à la fois à la sono, à l’image et à la buvette.
Kobe Bryant est automatiquement doublé dès qu’il passe la ligne médiane mais il s’en fout parce qu’il faudrait au moins quatre joueurs de plus pour l’empêcher de scorer, et c’est interdit de faire rentrer plus de cinq joueurs au basket-ball. Derrière l’arc, en déséquilibre dans la raquette, avec Jarrett Jack cramponné à ses épaules, Kobe marque, marque, et marque encore. Alors que ses Lakers sont menés 96 à 89 à une minute et 41 secondes du terme, Kobe envoie un premier tir primé. 96-92. Action suivante, la gonfle est transmise manu militari dans les mains du numéro 24 à 45 degrés. 3-points, swish. 96-95. Brandon Roy au layup pour repasser à trois points d’écart. Kobe Bryant veut bien jouer à ce jeu-là, trois points vaudront toujours mieux que deux. Kobe Bryant a son regard de tueur mais c’est d’un troisième tir du parking consécutif, sur le crâne de Zach Randolph, qu’il va assassiner les espoirs des Blazers de l’emporter dans le temps réglementaire. 98-98. Ça ira en prolongations.
Deux lancers-francs pour bien commencer, un jumper à mi-distance qui va bien et Kobe laisse ses coéquipiers prendre un peu le relai, pour le moment. On arrive à la fin de la prolongation, l’affreux Smush Parker perd la balle et permet aux Blazers de revenir à égalité. 108 partout. Il ne reste que 44 secondes, et la possession des Lakers arrive à son terme. Kobe Bryant reçoit la balle près de la ligne de fond, pris à deux par Brandon Roy et LaMarcus Aldridge. Kobe pousse B-Roy. Il pivote, pivote de l’autre côté, se retourne finalement et se lève. LaMarcus Aldridge l’a vu venir. Il saute du mieux qu’il peut, son contest est presque parfait, il est au fond du slip de Kobe. Mais le poignet de Kobe n’est pas comme les autres poignets, le shoot fait ficelle. Un panier clutch sponsorisé par Ross Geller. Le Staples Center rentre en éruption, les commentateurs gueulent, le banc des Lakers est incrédule. Ce shoot n’aurait jamais dû rentrer. Il est trop compliqué, trop en hauteur, trop en déséquilibre, trop bien contesté. Et pourtant il est rentré, il y a bien 111 à 108 au tableau d’affichage.
Alors, est-ce que Kobe a changé deux fois de pied de pivot avant son shoot, avec l’arbitre qui se tenait à quelques centimètres de lui ? Oui, c’est vrai. Il y a probablement marcher. Mais est-ce que ça retire quelque chose à la difficulté extrême et à la magie qui se dégagent de ce tir ? Pas tant que ça, non. Voyez ça comme une poussette sur Bryon Russell ou un but de la main en quarts de finale de la Coupe du monde. Une petite entorse au règlement pour faire naître un moment légendaire.
Kobe ira plus tard plier l’affaire sur la ligne des lancers-francs. Fin du match, 111 à 116 pour les Lakers. 9 points dans la prolongation. Seulement 8 points inscrits dans la raquette sur le match, le reste, c’est que du gros shoot. Pas si rat, le Mamba finit quand même la nuit avec 3 assists. Après le match, Kobe se montrera plutôt humble :
« Ma fille m’attend dehors, et je suis sûr qu’elle n’en a rien à foutre de ce qu’il vient de se passer. Elle veut juste regarder les Bisounours. Je suis juste content qu’on ait gagné. On en avait besoin de celle-là. On devait juste gagner ce match et se remettre sur une bonne dynamique, juste au niveau du moral. On est à un point où tout le monde est un peu abattu. Il fallait que je me montre agressif et que je m’impose, car notre niveau de confiance n’était pas terrible. […] c’est mon taf en tant que leader de voir ce dont on a besoin en tant qu’équipe. Et parfois, moi qui prend le contrôle du match, ça nous donne de la confiance à tous. »
65 PTS vs. the Blazers
50 vs. the Wolves
60 vs. the Grizzlies
50 vs. the Hornets
13 years ago today, Kobe began a legendary four-game, 50+ point streak 😤 pic.twitter.com/WYRokZLZEH
— Bleacher Report (@BleacherReport) March 16, 2020
Après ce match, Kobe amène ses Lakers à cinq victoires d’affilée. Ses performances au scoring ? 50 points, 60 points, 50 points et 43 points. Une série de quatre matchs à au moins 50 points, une performance rarissime. S’ensuivront deux défaites où il aura scoré 23 puis 53 points, et les limites de ces soirs où il prend le scoring à son compte se feront ressentir. Rudes pour l’organisme et pas forcément synonymes de victoires, ces soirées n’étaient pas viables sur le long terme pour Kobe. Il terminera tout de même pour la deuxième fois d’affilée meilleur scoreur de la saison avec 31,6 points par soir.
Les Lakers iront, une fois de plus, mourir au premier tour des Playoffs. Jamais plus Kobe ne scorera 65 points dans un seul match, mais pas forcément pour des mauvaises raisons. Le front office des Lakers se sera enfin décidé à épauler son Mamba comme il se doit, et c’est un certain Pau Gasol qui rejoindra les Angelinos dès la saison suivante. La suite, on la connaît.