Les dépenses excessives vont-elles pousser les Warriors à démanteler leur groupe ?

Le 09 juin 2023 à 15:30 par Arthur Baudin

Jordan Poole Warriors
Source image : NBA league pass

C’est le genre de point journalistiquement impeccable, tant les explications sont claires et précises, et que l’ignorance à propos de certains sujets est clairement assumée. Mercredi, le journaliste de The Athletic Tim Kawakami s’est lancé dans un chouette question/réponse avec son lectorat. La thématique ? Les Golden State Warriors.

Dans un articlé dédié aux Warriors, Tim Kawakami – insider de la franchise californienne pour The Athletic – a souhaité répondre aux questions les plus récurrentes de son lectorat. On vous explique tout.

La pierre angulaire de ce question/réponse est une tendance : Golden State était cette saison la franchise la plus dépensière de NBA. Comment cela se traduit-il ? Par une explosion du cap space de 38 millions de dollars en trop, par rapport à la luxury tax fixée à un peu plus de 150 millions de dollars. Quand une franchise NBA dépasse la luxury tax, elle se voit contrainte de payer une amende, qui s’élevait cette saison à 164 millions de dollars pour les Warriors. Le paiement combiné de la masse salariale et de la luxury tax a fait dépenser à Joe Lacob et Peter Guber – les actionnaires majoritaires de Golden State – plus de 350 millions de dollars sur ce seul exercice 2022-23. C’est énorme, et surtout le plus gros total dépensier de toute l’histoire de la NBA. Et pour une équipe arrêtée au second tour, ça la fout un peu mal.

Interrogé sur les excès financiers de sa franchise, voilà ce que disait Joe Lacob dans The Tim Kawakami Show en janvier dernier, quand les Warriors étaient – de par leur simple statut de champions en titre – encore en lice pour jouer le trophée Larry O’Brien, aujourd’hui destiné à Miami ou Denver.

« Ce n’est pas possible de gagner sans perdre beaucoup d’argent au bout du compte, disons-le comme ça. D’un point de vue commercial, c’est une chose presque insensée à envisager. Mais je pense que nous allons devoir attendre et voir parce que la vérité, c’est que la victoire est importante. Je veux gagner un autre championnat, nous voulons gagner un autre championnat cette année et je le répéterai probablement à la fin de l’année. Voyons comment se déroule cette saison. »

Oui, Joe Lacob (dont la fortune personnelle est estimée à 1,8 milliard de dollars) se dit homme de passion plus que de billets. Mais à la rentrée, Jordan Poole débutera son contrat de quatre ans et sera rémunéré 27 millions de dollars – contre “seulement” quatre millions sur la saison écoulée. Vous voyez le souci ? La projection salariale du site Spotrac annonce… 439 millions de dollars dépensés par les Warriors sur la saison 2023-24. Comme l’explique Tim Kawakami dans sa session question/réponse, il n’est plus seulement question de sportif mais aussi – et surtout – de financier.

Jordan Poole sur la sellette ? Forcément, s’il faut dégraisser les pesos, c’est de ce côté que se tourneront les décisionnaires missionnés à l’occasion. Mais comme le rappelle Tim Kawakami, « l’objectif principal sera de conserver l’essentiel de l’effectif ».

« Si quelqu’un veut les appeler au sujet de Poole, je suis sûr qu’ils écouteront. Mais je ne pense pas que Joe Lacob puisse ordonner une purge salariale juste pour améliorer les comptes. S’ils échangent Poole, ils voudront que ce soit au moins le résultat d’une décision de basket. Et si c’est le cas, j’ai indiqué que Toronto était un partenaire commercial intéressant en raison de tous les grands ailiers talentueux qu’il y a dans l’effectif. » – Tim Kawakami

En dépit de la nuée de bruits de couloir comme quoi le groupe Warriors se disloquerait en interne, voilà que l’un des journalistes les mieux renseignés à ce sujet appuie sur la pédale de frein. Bonne nouvelle pour la franchise californienne, moins pour l’équité sportive.

Mais le calme n’en est pas absolu pour autant. En réponse à la question d’un lecteur quémandant les raisons précises du coup de poing de Draymond Green à Jordan Poole en début de saison, Tim Kawakami répond qu’elles sont encore inconnues. Cependant – et c’est là notre interprétation personnelle – il pourrait bien y avoir un sentiment de lassitude vis-à-vis de l’attitude de Poole. Ce dernier a quand même mangé un gnon et n’a bougé aucune ligne médiatique. Peut-être l’envie et le besoin de se faire petit. On ne s’impose pas dans une dynastie avec autant de culot et d’audace que dans une équipe de milieu de tableau. Maintenant qu’il dispose d’un salaire conséquent, attention à ne pas froisser son environnement de par des paroles, des actions, des négligences. Le trade pourrait arriver plus rapidement que prévu.

Bob Myers est sur le point de quitter ses fonctions. Quand les Warriors annonceront-ils le nom de leur nouvel General Manager ? Pour Tim Kawakami, « plus la situation évolue, plus il est probable que Mike Dunleavy Jr. [actuel vice président des opérations basket, ndlr] soit nommé GM ». Peut-être même que Joe Lacob rendra l’annonce officielle d’ici la semaine prochaine. Petite nuance toutefois.

« Je tiens cependant à souligner que lorsque j’ai interrogé Myers sur l’ascension de Dunleavy au poste de GM, Bob Myers a répété à plusieurs reprises que Dunleavy serait excellent à ce poste “s’il le veut”. Je me demande donc s’il ne reste pas encore quelques négociations à mener. » – Tim Kawakami

Et la suite alors ? Les Warriors sont de moins en moins concernés par la course au titre, leurs cadres vieillissent, et il manque un poste 5 à la palette offensive plus large que celle de Kevon Looney pour faire le jeu de ses extérieurs. Si Tim Kawakami était GM, qui choisirait-il au poste de pivot ?

« Victor Wembanyama. À part ça… ? Andrew Bogut m’a convaincu il y a quelque temps qu’on ne peut pas prendre un bon pivot au hasard et s’attendre à ce qu’il réussisse avec les Warriors. Il faut un ensemble de compétences et un cerveau très spécifique pour se fondre dans la masse avec Curry et Draymond. Certains l’apprennent rapidement, comme Bogut, Nemanja Bjelica ou JaVale McGee. D’autres, comme Wiseman, Willie Cauley-Stein ou JaMychal Green, n’y parviennent pas. » – Tim Kawakamian

Tirage de rideau sur ce point actu un peu “olala le groupe prend feu”, et retour au calme dans les bureaux du Chase Center. On se retrouve dans quelques semaines pour l’annonce d’une paternité involontaire par une amie de Jordan Poole ? Espérons que non.

L’article complet de The Athletic, juste ICI.