Denver Nuggets : saviez-vous que ce n’était pas “vraiment” leurs premières Finales ?

Le 25 mai 2023 à 16:59 par Gaspard Devisme

ABA Finals 1976. 25/05/23
Source image : Youtube

En NBA depuis 47 ans, Denver a vu passer un joli nombre de légendes dans ses rangs, mais pas une n’aura réussi à faire ce qu’un cavalier serbe est en train de faire de la franchise du Colorado… Une franchise qui gagne, du moins une franchise qui joue la gagne. Alex English, Carmelo Anthony, Gérard, ça score c’est vrai, mais jamais encore un joueur n’avait réussi à emmener les Nuggets au round final pour jouer le titre. Jamais ? Vraiment ?

Bravo Niko, bravo Mike, bravo les Nuggets, vous êtes en Finales NBA pour la première fois de l’histoire de votre franchise. Techniquement, cette phrase n’est pas fausse, mais en creusant un peu, c’est oublier un – gros – détail de l’histoire des Nuggets… Une finale ABA. Et pour éclaircir ce détail, pas d’autre choix que de s’aventurer dans la préhistoire des Nuggets, à la recherche de petites pépites, et félicitations aux plus anglophones d’entre vous ayant saisi la subtilité.

THE NUGGETS ARE IN THE NBA FINALS FOR THE FIRST TIME IN FRANCHISE HISTORY 🤩 pic.twitter.com/AjExOCObH8

— ESPN (@espn) May 23, 2023

Alors, on prend sa meilleure pelle et on creuse… longtemps, parce que ça part dans tous les sens.

La toute première trace des Denver Nuggets dans la Grande Ligue remonte à 1948, deux ans après la fondation de la NBA, et s’étend jusqu’en 1950 quand la franchise disparaît après un affreux total de 29 victoires en deux saisons. Pas de finale ici, vous l’aurez compris.

La NBA continue de se développer, sans Denver donc… Face à ce développement, quelques villes veulent rattraper le wagon de tête, mais décident de suivre d’autre rails pour arriver à leurs fins. L’American Basketball Association (ABA) est ainsi créée en 1967, et Denver est de la partie, d’abord sous le nom de Rockets, puis de Nuggets à partir de 1974 en souvenir de la vieille franchise NBA. Plus flashy et fun que sa concurrente, la ABA n’en reste pas moins une compétition, que Denver aborde bien mieux que ses premières années NBA.

Denver rockets devenus Nuggets

Les couleurs des Lakers, le nom de Houston et le logo d’un gamin de 5 ans.
Source : http://www.logoshak.com

Les Rockets sont une équipe bien sérieuse, avant d’en devenir un vrai monstre sous la dénomination des Nuggets. En deux saisons ABA, les Nuggets c’est 125 victoires pour 43 défaites et, surtout, puisque c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, une apparition aux Finales ABA 1976, 47 ans avant les Nuggets du Joker dans la NBA moderne. David Thompson, Ralph Simpson, Dan Issel, ça parle peut-être pas à tout le monde, mais voilà du All-Star vintage auquel t’avais pas envie de te frotter quand tu jouais au basketball dans les années 70.

“Bon, ok les Nuggets ont déjà joué une finale si vous voulez, mais comme dirait Booba ‘Les vainqueurs l’écrivent, les vaincus racontent l’histoire.’ Alors à Denver, on est plutôt du genre à prendre le stylo ou le micro ?”

Sous la houlette de Larry Brown, y’a pire pour viser le haut du tableau, Denver est en balade absolue sur les parquets de l’American Basketball Association en 1975/76. Même les New York Nets de Julius Erving, on y reviendra, ne suivent pas le rythme. Un joli bilan de 60-24, une série de demi-finales prévue face au quatrième de la ligue, Denver est à l’aise. Le quatrième, c’est les Kentucky Colonels, et comme dans le Colorado y’a du All-Star à l’ancienne, et surtout la grosse star Artis Gilmore, qui a emmené son équipe au titre la saison précédente.

Gilmore, un gros bébé de 2m18 que David Thompson et compagnie nous écartent quand même en sept manches malgré l’énorme régulière qu’ils viennent de sortir. Ça y est, on l’a notre finale à Denver. Maintenant qu’on y est, il faut écrire l’histoire – Booba, vous vous rappelez ? -, et pour la gagner c’est une autre paire de manches. En ABA, il y a un gars qui a fait de la ligue son punching ball. Une fois qu’il vous a tabassé, pas la peine de consulter, c’est lui le doc. Dr Julius Erving, franchise player des New York Nets.

45, 48, 37, on ne fait pas la liste des départements français entre I et L, mais bien les hauteurs atteintes au scoring par Dr J dans ces Finales. Thompson, énorme, et son second Dan Issel, parviennent à maintenir les leurs en vie pendant six matchs. Mais quand le monstre en face est en 38 points 15 rebonds de moyenne, tu finis par rendre les armes. 4-2 Nets, Denver n’est pas champion ABA, mais en a bien joué les Finales.

Julius Erving. 25/05/23

Julius “Marsupilami” Erving

Et si maintenant vous vous demandez ce que fout Denver en NBA aujourd’hui, c’est assez simple. Mignonne avec ses concours de dunks, et ses tirs à 3-points, la ABA ne faisait pas le poids et ses franchises coulèrent petit à petit, suivies par la ligue elle-même. Alors, ces Finales 1976 sont les dernières pour Erving et tous ses collègues dans leur cour de récré. Dans un élan de générosité (attirée par le cash, soyons clairs), grande sœur NBA se propose d’accueillir les franchises ABA en échange de quelques billets, pendant qu’elle introduit dunk contest, ligne à 3-points et toutes sortes de fantaisies en son sein, toutes piquées à la petite sœur en galère.

Nous sommes en 1976, les Denver Nuggets sortent des Finales ABA, et maintenant vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.