Flashback : quand Carmelo Anthony s’est pris une giga pression de la NBA après une baston contre les Knicks

Le 24 mai 2023 à 16:11 par Clément Hénot

Carmelo Anthony
Source image : YouTube

C’était il y a presque 17 ans, cette bagarre entre les Knicks et les Nuggets au Madison Square Garden qui reste à ce jour comme la dernière vraie grosse baston en NBA. Les faits se déroulent à peine 2 ans après la Malice at the Palace. Carmelo Anthony a joué un rôle tristement majeur dans cette échauffourée, et il a fallu l’intervention de David Stern pour lui faire regagner le droit chemin.

Le 16 décembre 2006, les Knicks reçoivent les Nuggets pour un match de saison régulière. Une soirée rien de plus banale, Denver mène même 119 à 100 à moins de deux minutes du terme de la rencontre. Jusque là, rien d’anormal, sauf que c’est à ce moment précis que va éclater une bagarre générale. Isiah Thomas, furieux que George Karl ait gardé ses titulaires jusqu’au bout pour l’humilier selon lui, demande à ses joueurs de durcir le ton, et aurait même pris à parti Carmelo, pour lui dire qu’il ferait mieux de ne pas s’aventurer dans la raquette.

Ni une ni deux, pour stopper une contre-attaque, Mardy Collins met en applique les demandes de son coach, commet une grosse faute en chopant JR Smith par le colback, l’envoyant directement au tapis. Ni une ni deux, Gérard se relève et vient en découdre avec le meneur adverse. Nate Robinson et Carmelo Anthony se joignent aux festivités et distribuent également les poussettes. Kryptonate envoie ses bras dans Smith, alors retenu par David Lee. Dommage, Gérard parvient à s’en défaire et entre en furie en envoyant un coup du bélier à son agresseur pour terminer au beau milieu des photographes situés au premier rang, le tout en s’envoyant des calotes. Tout le monde s’emploie à séparer les protagonistes, et un début d’accalmie semble enfin pointer le bout de son nez.

Sauf que c’est le moment choisi par Melo pour disjoncter totalement et envoyer une salade de phalanges dans les gencives de Mardy Collins, coupable de la grosse faute initiale sur JR Smith. Direct du droit, le meneur tombe à la renverse, Melo s’échappe mais est coursé par Jared Jeffries, bien déterminé à venger son coéquipier. Il trébuche sur Marcus Camby mais pas de quoi freiner ses ardeurs, lui qui est déterminé à rattraper le fuyard, heureusement que la sécurité veille au grain… Quelques noms d’oiseaux volent encore entre Mardy Collins, Nate Robinson et JR Smith, mais la situation est sous contrôle à partir de ce moment et la tension finit par redescendre d’un cran.

Chaque joueur regagne son banc, le corps arbitral, dont fait partie Dick Bavetta ce soir-là, délibère et décide d’exclure les 10 joueurs sur le parquet au moment des faits. Mardy Collins, Jared Jeffries, Channing Frye, Nate Robinson et David Lee pour les Knicks. Andre Miller, JR Smith, Carmelo Anthony, Eduardo Najera et Marcus Camby côté Nuggets, tous sont renvoyés aux vestiaires avant les autres. Le match se finit sur le score de 123 à 100 pour les Nuggets.

Pour la petite histoire, sachez aussi que 24 heures après cette baston, Allen Iverson débarque à Denver. Mais revenons en à notre échange de mornifles. David Stern fait pleuvoir les sanctions après avoir revu les images. Les deux équipes écopent d’une amende de 500 000$, et certains joueurs sont également suspendus. Nene Hilario et Jerome James écopent d’un match de suspension, coupables d’avoir quitté leur banc, Jared Jeffries est suspendu 4 matches pour avoir voulu se faire justice lui-même, Mardy Collins en prend 6 pour avoir mis le feu aux poudres, tandis que Nate Robinson et JR Smith en sont quittes pour 10 matchs. Pour Carmelo Anthony, la sanction est plus lourde, elle est à hauteur de 15 matchs, et c’est l’une des plus longues suspensions de l’histoire de la NBA pour des raisons autre que le dopage. Cette échauffourée oblige David Stern, le commish de l’époque à intervenir et à se pencher sur le cas Melo.

Stern déclare que si la sanction à l’encontre de Melo est si forte, c’est à cause de son passif. Si rien n’est à signaler sur les terrains NBA pour le numéro 15 jusqu’à cette date, il a trempé dans des affaires un peu sombres par le passé. Déjà dans le creux de la vague à l’époque à cause d’une attitude de diva, notamment avec Team USA aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, où l’ailier refuse de rentrer en jeu. Après les JO, il déraille en apprenant que Sugar Ray, l’ex petit-ami de sa femme LaLa Vasquez, lui a craché dessus dans une boîte de nuit à New York, dont sont originaires les deux tourtereaux. Melo serait allé en découdre avec lui. Même si aucune source ne peut officiellement l’affirmer, cet épisode fait déjà tâche dans le dossier de Melo, et ce n’est même pas encore fini.

Toujours en 2004, il a embarqué dans l’avion avec les Nuggets en possession de marijuana, et est apparu dans un DVD intitulé “Stop Snitchin” (“Arrête de balancer” en français), qui a pour but de dissuader les personnes souhaitant informer les policiers d’activités illégales dans les rues de Baltimore. Cela commence à faire lourd pour lui qui endosse déjà le costume de “vilain” en NBA, bien loin de l’image de gendre idéal dont jouit à l’époque LeBron James, issu de la même classe de Draft en 2003. La grosse baston entre Nuggets, son équipe de l’époque, et Knicks, sa future équipe, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour David Stern, qui l’a interpellé de façon musclée comme l’a confié le joueur dans le podcast Million Dollaz Worth Of Game (aux alentours de la 54ème minute).

“Tu veux être en NBA ou dans la rue ? Tu joues avec une corporation là. Tu vas laisser tout ça derrière toi. Je sais avec qui tu traînes. Je sais où tu vis. Je sais où tes gars vivent. Je sais quand tu t’endors et je sais quand tu te réveilles. Je sais ce qu’ils font. Alors soit tu leur dis d’arrêter, soit tu coupes les ponts avec eux. […] Je dois faire un exemple avec toi. Je connais toute ta bande et je sais qui fait quoi. Si je te donne 100 millions de dollars, alors je dois tout savoir de toi.” – David Stern à Carmelo Anthony

“J’étais là à me dire “mais putain ?”. Et c’est là que j’ai compris que la NBA travaille avec les fédéraux. […] Il a fallu que je vieillisse pour comprendre qu’il avait raison.” – Carmelo Anthony à propos de David Stern.

Le message est on ne peut plus limpide de la part du Commish’, qui fait comprendre à son joueur qu’il peut tout perdre à cause de ses agissements… et que sa carrière peut ainsi prendre fin de façon brutale. Carmelo Anthony dira plus tard que David Stern gérait la NBA comme un parrain de la mafia, mais force est de constater que ce coup de pression a fonctionné puisqu’il a ensuite fait le ménage dans sa vie, et a prêté plus d’attention à la gestion de sa carrière, sportive et extra-sportive, notamment avec l’aide de sa mère et de sa femme.

Les vétérans des Nuggets l’ont également beaucoup encadré et son nom n’a finalement été que très rarement associé à cette bagarre lors des années suivantes. Cette histoire ne peut que faire écho à ce que vit Ja Morant actuellement, lui qui a récidivé en s’exhibant avec un gun sur Instagram, seulement deux mois après sa première incartade du même genre. Le meneur des Grizzlies pourrait bien subir le même coup de pression que Carmelo Anthony de la part d’Adam Silver, qui a pourtant été clément la première fois.

Malgré certains déboires à l’aube de sa carrière, Carmelo Anthony a su prendre de meilleures décisions et se concentrer sur le basket avec un entourage plus sain et bienveillant. Il a perpétué son image de scoreur invétéré après avoir rejoint les… Knicks. Il prend certes sa retraite sans titre NBA, mais avec la tranquillité d’esprit de se dire qu’il a tout fait pour y parvenir, et devenir chaque jour une meilleure version de lui-même. Bonne retraite Melo.

Sources texte : Clutch Points, Fade Away World, The Shadow League

 


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