Black History Month : Maya Moore, la plus belle des victoires se trouve en dehors des terrains
Le 04 févr. 2023 à 18:04 par Bastien Fontanieu
Lorsque vous êtes au sommet de votre profession, que vous êtes la meilleure et que rien ne semble pouvoir vous arrêter. Pourquoi… vous arrêter ? Maya Moore sait comment répondre à cette question, elle qui a obtenu sa plus grande victoire en dehors des terrains, sur le parquet de la justice.
Imaginez ce scénario, pour n’importe quel basketteur évoluant en NBA.
Vous êtes rookie de l’année, et vous remportez un titre de champion dès votre première saison pro.
Vous enchaînez avec un nouveau titre deux ans plus tard, en étant MVP des Finales qui plus est.
Vous ajoutez un titre de MVP de saison régulière la saison suivante, en vous assurant d’être All-Star, MVP du All-Star Game, et accessoirement meilleur marqueur de toute la Ligue.
Vous continuez sur votre voie et vous voilà, au bout de 8 saisons, au sommet de votre profession.
Dans votre prime, à l’âge de 29 ans, rien ne peut vous bloquer, chaque challenge est passé avec brio.
Impossible de s’arrêter ainsi, n’est-ce pas ?
Et pourtant, c’est ce que Maya Moore a fait, en 2019, alors que sa carrière partait sur les bases du titre de GOAT.
Comme évoqué en tout début de mois, lors de l’introduction du Black History Month chez TrashTalk, nous ne sommes pas ici pour décrire et raconter les carrières sportives de grands joueurs et de grandes joueuses. Mettre en avant les autres performances, plus significatives, hors des terrains, voilà ce qui nous intéresse le plus en ce mois de février 2023.
Cependant, il est impossible de raconter l’histoire de Maya Moore sans évoquer ce contexte sportif, celui d’une reine qui domine sur son royaume.
Rien ne pouvait l’arrêter, rien ni personne, plusieurs joueurs de NBA l’acclamant pour son niveau de jeu exceptionnel.
Rien ne nous préparait également à la suite, une fin de carrière sportive pour affronter son plus beau et grand combat.
Nous sommes en 2019, et loin des parquets de WNBA, Jonathan Irons a 39 ans.
Incarcéré depuis 1998, cet Afro-Américain condamné pour cambriolage et agression n’est pas près de sortir de prison puisque sa peine est de 50 ans.
Cinquante ans de sa vie à devoir passer derrière les barreaux, en étant sûr et certain d’une chose : il n’est pas coupable.
Irons a beau prier et croire qu’un jour son sort changera, la situation reste inchangée en 2019. Alors certes, cela fait 11 ans maintenant qu’il connaît Maya Moore, la famille de la joueuse ayant rencontré le jeune Jonathan lorsque cette dernière n’était pas encore en WNBA, mais qu’est-ce que cela va bien pouvoir changer ? Qu’est-ce qui va l’aider, du fait de connaître une légende du basket, pour sortir de prison ? Formant une relation d’abord amicale très forte, Moore et Irons restent en contact mais le dossier de Jonathan n’évolue pas.
C’est justement en 2019 que tout va basculer.
Maya Moore choque la planète basket en annonçant son retrait des parquets de WNBA, pour se concentrer sur ce nouveau combat.
La joueuse des Lynx du Minnesota sait que Jonathan Irons n’est pas coupable, et qu’il faut se battre pour l’aider à s’en sortir. Elle qui est déjà derrière le End It Movement visant à dénoncer les formes modernes d’esclavage, Maya sent que son plus grand fight reste à venir. Et elle va justement suivre ses paroles avec les actes.
Pour le dernier appel de son dossier, Irons sait qu’un grand avocat lui sera nécessaire. Maya Moore le sait aussi, elle utilise donc une partie de sa notoriété pour sensibiliser les gens à sa cause et que tout le monde se retrousse les manches pour aider Jonathan. Le meilleur scénario ? Ce serait d’obtenir les services de Kent Gipson, un avocat de Kansas City réputé pour sa capacité à défendre les dossiers lourds. Déjà grandement responsable financièrement de la défense de Irons, Maya Moore donne tout pour que le dossier soit désormais entre les mains de l’avocat Gipson.
Bingo.
Nous sommes en 2019, la première pétition lancée par Gipson remettant en cause les empreintes digitales prélevées précédemment est validée par le juge Daniel R. Green. Un élément clé, qui suit la remise en question du travail du Détective Hanlen, après avoir vu ce dernier se vanter des conduites illégales de la police… sur son propre blog. On est sur la bonne voie, Maya Moore et Jonathan Irons ne vont pas lâcher le morceau.
C’est un an plus tard, en 2020, que le combat prend fin.
Le 1er juillet 2020, la cour du Missouri libère Jonathan Irons.
Et la première présente à la sortie du Jefferson City Correctional Center ? C’est Maya Moore.
At the height of her @WNBA career, Maya Moore walked away from basketball to fight for Jonathan Irons’ freedom.
Our next 30 for 30, “Breakaway”, chronicles a search for justice, and a relationship that changed the lives of two people forever.
Premieres July 13 on @ESPN. pic.twitter.com/bRJoKkpo2d
— 30 for 30 (@30for30) June 23, 2021
Loin des parquets, loin des écrans, loin des quatrième quart-temps serrés et des temps-morts soudains.
Loin de toute cette carrière de basketteuse pour laquelle elle s’est battue toute sa vie, Maya Moore vit sa plus belle victoire.
Jonathan Irons est libéré, et on apprend quelques mois plus tard que les deux se sont mariés.
Mieux encore, le couple annonce en juillet 2022 la naissance d’un petit Jonathan Irons Jr, deux ans après la libération du père de prison.
Imaginez ce scénario, encore une fois, pour n’importe quel sportive ou sportif.
Être au sommet de sa profession, dominer sa pratique outrageusement, et monter les marches une par une vers le statut de légende à tout jamais.
Quitter ce milieu en plein prime, pour défendre une cause et une personne qui dépasse tout cadre professionnel et sportif.
Remporter cette bataille, se marier avec cette même personne et avoir un enfant avec.
Maya Moore continue de se battre pour celles et ceux qui sont injustement traités par le système judiciaire américain. Rien n’égalera ce qu’elle a accompli pour Jonathan Irons en plein milieu de sa carrière, et rien que pour cela cette légende du basket doit être mise en avant en ce Black History Month.