Rudy Fernandez, le vice à l’état pur : depuis plus de dix ans, l’Espagnol reste l’ennemi public numéro 1 en France

Le 18 sept. 2022 à 11:48 par Maxime Chauveau

Rudy Fernandez Espagne 16 septembre 2022
Source image : FIBA

Rien qu’à entendre son nom, les plus O.G d’entre vous ont sûrement le poil qui se hérisse, le sang qui  bouillonne et un désir ardent, brûlant même, d’envoyer une bonne grosse claque dans la tronche de Rudy Fernandez. Bon, c’est probablement un peu moins vrai aujourd’hui, d’autant plus qu’à désormais 37 balais, papy s’est assagi, en tout cas pour le moment. Longtemps ennemi public numéro 1 des Bleus, l’Espagnol va recroiser la route de l’Équipe de France ce soir à 20h30 en finale de l’Euro, l’occasion de revenir sur cette animosité mutuelle qui a longtemps pimenté les rencontres franco-ibères. 

Quoiqu’on en dise et quoiqu’on en pense, Rudy Fernandez est une immense légende du basket européen. Oui, chaque appui sur une touche du clavier pour taper la dernière phrase a brûlé les doigts du rédacteur, mais avant de tirer Sur Rodolfo à boulets rouge, il semble important de rendre hommage à un monsieur à la carrière brillante, très brillante. Cinq médailles d’or, trois d’argent et deux breloques de bronze, des tirs clutchs et des bastons, voilà à peu près ce que pèse Rudy Fernandez avec l’Espagne. Côté club, on est pas tout mal non plus puisque monsieur est sextuple champion de Liga ACB (championnat espagnol) et dispose également d’un petit background en NBA, notamment avec Portland. Bref, vous l’aurez compris, Rodolfo, c’est son vrai blaze, est un monument du panier-ballon sur le Vieux Continent. Membre de la génération dorée aux côtés des frères Gasol, José Calderon ou encore Juan Carlos Navarro pour ne citer qu’eux, l’arrière continue pourtant d’écumer les parquets sous les couleurs de la Roja. Ce soir et à 37 ans, le grand-père de la “Familia” à l’occasion d’écrire un peu plus sa légende, qui plus est face à ses meilleurs ennemis.

“Il est tellement vicieux sur un terrain qu’il est difficile de l’apprécier en dehors. Même certains de ses coéquipiers trouvent son comportement moyen, arrogant, provocateur…” – Fabien Causeur au sujet de Rudy Fernandez

Dire que les relations entre Rudy Fernandez et l’Équipe de France n’ont pas toujours été au beau fixe revient quand même à lâcher un sacré pléonasme. Tout commence en finale de l’Euro 2011, alors que des Espagnols déjà bien habitués des podiums défient une jeune garde française en pleine ascension. Menés par Tony Parker, Joakim Noah et autres Boris Diaw, les Bleus ont faim de titres et semblent bien décidés à s’offrir le scalp de l’Espagne. Bon attention hein, ces saligauds sont forts, très forts même, puisqu’ils mènent déjà de huit points quand le drama arrive. Petit mise en contexte, nous sommes dans le deuxième quart-temps, les Gambas sont donc en tête et Tony Parker coupe backdoor pour rajouter deux pions faciles, bien servi par Boris Diaw. Oui mais voilà Rudy Fernandez a décrété ne rien vouloir laisser aux Bleus, pas même les miettes. L’arrière chope TP au niveau de la gorge alors que celui-ci est déjà en l’air, et Tony chute lourdement sur le parquet. Bien évidemment qu’au delà d’être inutile, cette faute est extrêmement dangereuse et ce n’est pas nos gars qui vous diront le contraire puisque un attroupement se forme rapidement autour de Tony et Rudy, afin d’expliquer la vie à ce vicelard d’Ibère. Finalement, c’est une double soupe à la grimace, puisqu’en plus de ce fâcheux évènement, la France finira par s’incliner (98-85), laissant la médaille d’or à des Espagnols qui deviendront vite de très grands rivaux.

Un an plus tard, c’est cette fois au cours d’un match amical, sur le papier en tout cas, que les choses dégénèrent. Nous sommes une dizaine de jours avant le début des Jeux Olympiques 2012 prévus à Londres, et Français et Espagnols s’affrontent pour préparer tranquillement la compet. Enfin tranquillement. Disons simplement que dans le troisième quart-temps et alors que les Bleus filent en contre-attaque, un p’tit gars de la Roja décide de tenter une interception un peu trop véhémente sur Mickael Gelabale, qui l’a pourtant vite lâché (lol). Le nom de ce p’tit gars ? Oh, au hasard tiens, Rudy Fernandez. Eh ouais, toujours aussi teigneux, l’arrière espagnole rate son steal et se venge en revenant rapidement vers Mike, visiblement bien déterminé à lui faire un gros câlin (non). Bon, vous commencez à connaître l’animal et les deux en seraient venus aux mains si Serge Ibaka et Kévin Seraphin entre autres ne se s’étaient pas interposés. Bilan des courses, une expulsion pour nos deux larrons qui quittent le terrain bras-dessus, bras-dessous (re-non). D’ailleurs, toujours important de rappeler qu’en relou invétéré, Fernandez a d’abord refusé de sortir, visiblement décidé à nous casser les arpions jusqu’au bout.

Allez, un petit dernier pour la route ? Cette fois-ci, nous sommes quelques semaines seulement après la baston face à Micka. Bleus et Rouges se retrouvent en quart de finale des Jeux Olympiques de Londres et le match est ce qu’on pourrait qualifier de “disputé”. Pour preuve, alors que nous sommes dans le dernier quart et qu’il reste une bonne grosse minute et demie à jouer, le score est de 58 à 57 en faveur de la Roja. Après un shoot manqué des Espagnols, Tony Parker hérite du ballon et décide de tenter un pull-up à mi-distance pour reprendre la tête. Trop long, le ballon rebondit sur le fond du cercle et Nicolas Batum s’élève pour gober un rebond offensif ultra-précieux. Alors oui, mais en fait non. Nos yeux sont tout de suite attirés par un joueur espagnol qui se vautre sous le cercle et glisse sur 300 mètres, apparemment bousculé par Nico dans la lutte au rebond. Inutile de vous préciser qui est ce garçon, mais le choc à l’air violent et le bonhomme se tortille de douleur au sol. Les arbitres sifflent faute, a priori logiquement, mais Batman conteste ce coup de sifflet. La raison ? Eh bien en fait, les images au ralenti montrent clairement que Nico touche à peine Fernandez, qui se jette au sol pour gratter deux lancers francs. Tema la taille du roublard. Bien évidemment, le dos de Rudy va quand même tout de suite mieux au moment de se présenter sur la ligne, et l’arrière ne tremble pas. Deux points supplémentaires dans la besace, et l’Espagne se dirige doucement vers une nouvelle victoire face à nos Bleus, pour qui l’aventure olympique s’arrête donc à l’étape des quarts de finale.

“On ne peut pas le résumer à ça. C’est un super joueur. Bien sûr, il énerve, il est tout le temps en train de parler aux arbitres etc… C’est un joueur qui est en déficit de taille et de poids par rapport aux joueurs qu’il affronte, donc il est obligé de les jouer sur la vitesse et à la limite.” – Jacques Monclar

Vicelard ultime, floppeur invétéré et provocateur en chef, Rudy Fernandez a tout du basketteur que l’on déteste. Pourtant et malgré tout, l’Espagnol reste un superbe joueur qui continue d’apporter à la Roja malgré ses 37 ans. Déjà auteur d’une carrière formidable avec l’Espagne, l’arrière a l’occasion d’ajouter une nouvelle médaille dorée à un palmarès déjà exceptionnel. Ce sera ce soir, 20h30 et encore face à nos Bleus, et sur nos vies… on va faire en sorte que ça n’arrive pas.

Sources texte : FIBA / 20minutes


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