Aaron Cel, l’autre Français en demi-finale de l’Euro : d’Orléans à Berlin, focus sur l’intérieur Franco-Polonais
Le 15 sept. 2022 à 15:57 par Maxime Chauveau
Après la victoire surprise de l’Allemagne contre la Grèce et la qualification miracle des Bleus face à l’Italie, c’est bel et bien la Pologne qui a clôturé le bal en validant son ticket pour les demi-finales. Déchaînés, les Polonais ont montré de très belles choses face à la Slovénie, notamment par l’intermédiaire d’un Mateusz Ponitka en triple-double. Toutefois on le sait, pour arriver jusqu’à ce stade de la compétition, il ne faut pas se reposer sur un seul joueur, mais bien sur un groupe entier. Et en parlant de groupe, il y a quand même un joueur qui devrait rappeler quelques souvenirs aux amateurs du basket Gaulois. Son nom ? Aaron Cel, l’intérieur mi-Français, mi-Polonais.
Et si on vous disait qu’en fait, il n’y aura pas douze, mais bien treize Français présents sur le terrain en marge de la demi-finale de vendredi (17h15) face à la Pologne ? Alors non, Vincent Collet n’a pas appelé Tony Parker cette nuit pour lui demander d’enfiler à nouveau les sneakers, c’est en fait bien plus simple. Aaron Cel, intérieur titulaire de la Pologne est né à Orléans. Eh oui, ce monsieur est également un fier Gaulois et a d’ailleurs vécu dans l’Hexagone jusqu’à ses 24 ans. Né d’une mère polonaise et d’un père franco-polonais, Aaron a toujours gardé un lien spécial avec la France. Déjà, et certains s’en rappelleront peut-être, ce garçon a écumé pendant longtemps notre bon vieux championnat, en passant par Nantes, Brest ou encore Le Mans pour ne citer qu’eux. Plus fort encore, l’intérieur est même sélectionné en Équipe de France dans à peu près toutes les catégories juniors, preuve d’un basketteur au talent certain. Son talent justement, Aaron va vite décider de l’exploiter loin de l’Hexagone, chez lui en Pologne.
Malgré un titre de champion de France acquis avec le Mans en 2006, Cel ne joue que trop peu et s’enlise dans le championnat français. L’intérieur prend alors une décision radicale, quitter le pays de ses débuts pour continuer sa progression dans le championnat polonais. Le move est bon, très bon même puisque Aaron change de dimension en signant au PGE Turow Zgorzelec. Excellent avec ce club dont on ne s’infligera pas le calvaire de réécrire le nom, le Franco-Polonais détonne au point d’attirer la convoitise de la plus grosse team du pays, le Zielona Gora. De jeune espoir encore incertain à ailier fort titulaire dans un cinq d’EuroLeague, voilà le genre de progression dont on vous parle. Les progrès sont flagrants, à tel point que la fédération polonaise décide de se pencher sur ce garçon passé sous les radars, mais on y reviendra. Après avoir roulé sur le championnat polonais, Aaron Cel décide de rentrer en France pour la saison 2015-2016, afin d’effacer un précédent passage bien trop discret. Sous les couleurs de Monaco d’abord, puis celles de Gravelines-Dunkerque par la suite. Malheureusement, l’expérience n’est pas ce qu’on appelle une franche réussite, et Cel décide de tourner, sûrement définitivement, la page du basket tricolore. Finalement, c’est retour en Pologne pour l’ailier fort, qui revient une nouvelle fois à la maison. Depuis 2017, Aaron évolue pour le Twarde Pierniki Toruń. Encore une fois, le pari est réussi puisque même à 35 ans, monsieur continue de faire le taf (12 points et 5 rebonds à 51% au tir en 2021-22).
I cyk, trójeczka. 3⃣ Takich rzutów potrzebujemy jak najwięcej. 👏 Brawo Aaron Cel. 💪🇵🇱🏀 #koszkadra #DawajPolska pic.twitter.com/9FRSL9Z4HC
— TVP SPORT (@sport_tvppl) February 23, 2020
Si le parcours en club a parfois pu être un peu sinueux, l’aventure avec la sélection polonaise, elle, est juste magnifique. Aaron y fait ses débuts en 2014, en plein dans ce qui se révèlera être l’une des plus belles génération du basket polonais. Malgré sa présence avec les Bleus dans les équipes juniors, l’intérieur savait que son avenir en Équipe de France A était incertain, la faute à quelques joueurs assez sérieux : Boris Diaw, Flo Piétrus ou Adrien Moerman pour ne citer qu’eux. Qu’importe, à chaque problème sa solution et Cel s’éclate sous les couleurs des Aigles. Le Franco-Polonais est présent à toutes les compétions majeures que dispute sa sélection, et s’impose rapidement comme un joueur fondamental dans le système de Mike Taylor, ancien sélectionneur de la Pologne. Aujourd’hui beaucoup de choses se sont passées et Cel compte désormais plus de 100 capes avec le maillot rouge et blanc. Un joli accomplissement pour un garçon au parcours semé d’embuches, mais qui n’a jamais rien lâché. D’ailleurs, la plus belle des récompenses pourrait très bien arriver dans les jours qui suivent, puisque la Pologne n’est plus qu’à deux match (voire un) de s’adjuger une médaille dans cet EuroBasket version 2022. Pas un mince exploit pour cette équipe qui n’avait plus atteint le dernier carré d’un Euro depuis 1971 (ils avaient alors chopé une médaille de bronze). Attention toutefois car si Aaron et ses potes ont été grandioses pour sortir la Slovénie, il va falloir être encore plus grands pour se défaire d’une Équipe de France qui semble increvable dans ce tournoi. L’occasion pour Aaron Cel de terminer sa carrière de la meilleure des manières ? En tout cas, c’est ce que l’intérieur avait promis si Français et Polonais étaient amenés à se rencontrer lors des demis.
“Si j’affronte l’Équipe de France en demi-finale de l’EuroBasket, j’arrête ma carrière là-dessus !” — Aaron Cel pour BeBasket
Aaron Cel fait partie de ces joueurs à l’histoire peu médiatisée mais néanmoins unique. Déjà emblématique dans son pays, le Franco-Polonais a l’occasion d’écrire une nouvelle page de sa carrière, sans doute la plus belle. Pour cela, il va falloir se défaire des Bleus, alors rendez-vous vendredi, à 17h15.
Sources texte : Proballers / BeBasket