Bill Russell a rejoint Wilt Chamberlain au paradis des basketteurs : retour sur l’une des plus grandes rivalités de l’histoire de la NBA

Le 01 août 2022 à 14:55 par Arsène Gay

Bill Russell Wilt Chamberlain 1 juillet 2022
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Si la légende de Bill Russell s’est construite par ses exploits individuels et collectifs avec les Celtics, il ne faut pas oublier que sa rivalité avec Wilt Chamberlain a également participé à la glorification de sa carrière. Décédé hier soir à l’âge de 88 ans, le joueur le plus titré de l’histoire de la NBA a donc rejoint son ennemi juré, disparu depuis 1999. L’occasion de revenir sur ces deux hommes aux destins liés.

Forcément, c’est l’une des premières choses à laquelle nous avons pensé ce dimanche en apprenant la triste nouvelle du décès de Bill Russell. Parti à 88 ans, ce dernier s’en est allé retrouver celui avec qui il a livré ses plus intenses batailles dans les années 60 : Wilt Chamberlain. Décédé en 1999 en raison d’une crise cardiaque, “The Stilt” était indissociable du “Good Lord”. Ensemble, ils faisaient régulièrement la Une des médias américains, et ce dès le début de leur carrière. Si Chamberlain ne débarque en NBA à Philadelphie qu’en 1959 après s’être éclaté avec les Harlem Globetrotters pendant un an, Bill Russell est déjà en train de faire du sale avec Boston sur les parquets de la grande Ligue depuis son arrivée trois ans plus tôt. A l’époque, les deux hommes se connaissent très bien, et l’envie de faire mieux que l’autre prédomine dans leur relation. Mais avec déjà deux bagues au compteur, l’intérieur des Celtics a de l’avance, ce qui va rendre Wilt un peu… chafouin. MVP dès sa saison rookie, le bonhomme veut montrer que le meilleur joueur du monde, c’est lui. Problème : Bill possède un avis bien différent, et leur première confrontation en Playoffs va donner le ton d’une rivalité qui s’avèrera grandiose. Les C’s s’imposent 4-2 face aux Warriors – à l’époque, ils étaient à Philly – dans une série où Russell terminera à 20,7 points et 27 rebonds de moyenne contre 30,5 points et 27,5 rebonds. Oui oui, ça n’a aucun sens, bienvenue dans les années 60. On vous met d’ailleurs un petit extrait d’une interview commune des deux bonhommes, où Wilt racontait le trashtalking version Bill Russell :

“Bill était venu chez moi un soir de Thanksgiving car il y avait Philadelphie-Boston le lendemain. Il a dormi dans mon lit, mangé un truc et ensuite il est allé à la salle et m’a botté le cul.”

A l’époque, personne ne s’y trompe, les têtes d’affiche de la NBA, ce sont les deux géants. Chacun de leur duel est attendu, analysé, commenté par des millions d’Américains. L’exercice 1961-62 en est l’un des exemples les plus représentatifs. Nommé MVP pour avoir conclu la campagne en 18,9 points et 23,6 rebonds de moyenne, Bill Russell fait également des Celtics la première équipe à atteindre les 60 victoires en une saison. En face, Wilt Chamberlain va inscrire 50,4 points et capter 25,7 rebonds par match. Même sur NBA Live 07 c’était pas possible de faire ça en fait. En Playoffs, la confrontation n’est même plus attendue, elle est demandée par les fans. Et bien sûr, encore une fois, c’est Boston qui sort vainqueur avec un Chamberlain limité à 33 points de moyenne par le ministre de la Défense des Hommes en vert. Ah oui oui, on assume totalement l’emploi du mot “limité” dans cette situation. Eh oui Wilt, au basketball le but est de gagner des matchs, pas d’enchaîner les 50/25, même si c’est stylé. La rivalité se poursuit même dans les médias où ces derniers n’hésitent pas s’envoyer des pics pour toucher l’orgueil de son ennemi. L’apogée de cette compétition dans la compétition ? Les Finales NBA de 1964 – sur lesquelles nous sommes récemment revenus – seule fois où les deux monstres se rencontreront à ce stade. Une série à l’image de cet affrontement inégal, où l’un a toujours su prendre le dessus sur l’autre grâce à un collectif supérieur, et ce n’est pas Chamberlain qui vous dira le contraire.

“Les 11 bagues ? Ça m’a toujours gêné, parce que c’est un mensonge. Russell n’a pas gagné 11 titres, il a joué dans des équipes qui ont gagné 11 titres – c’est différent. Il avait tellement d’aide autour de lui, c’était incroyable.”

Au final, bien qu’ils aient toujours été comparés, les deux joueurs n’ont jamais véritablement joué sur le même plan. Sur le domaine statistique, Wilt dominait outrageusement. En 94 matchs face à Russell, “The Stilt” terminera en 30/28 de moyenne, contre 14/23 pour le pivot des C’s. C’est fort, mais loin d’être assez pour ne serait-ce qu’effleurer le palmarès de Bilou. Onze titres de champion contre deux et un bilan de 57 victoires pour 37 défaites en confrontation directe. Aïe… Certes, les titres de meilleur scoreur ou rebondeur c’est cool, mais les bagouzes restent de loin l’accomplissement ultime. Et sur ce terrain, il n’y a jamais eu photo entre les deux hommes. Tout au long de leur carrière, cette volonté de faire mieux que l’autre transpirait dans chacune de leurs actions. On pense notamment à cette histoire selon laquelle Bill Russell n’avait qu’une seule exigence pour son contrat : être payé un dollar de plus que Wilt. Et on a envie de vous raconter des milliers d’autres anecdotes… Tenez ! Saviez-vous qu’il leur arrivait de se faire des courses de bagnoles à travers tous les États-Unis pour finalement se faire choper par les flics ? C’est pas aujourd’hui qu’on reverrait ça. Évidemment, beaucoup vous raconteront les périodes de froid, avérées, qui ont existé entre les deux hommes tant leur compétitivité était intense. Mais lorsque Wilt Chamberlain s’est éteint à la suite d’une crise cardiaque en 1999, seul le respect et une sincère amitié n’étaient restés de toutes ces années de rivalité, comme l’explique si bien Bill Russell, qui s’était à l’époque exprimé sur la disparition de son meilleur adversaire.

“Je me sens incroyablement blessé. J’ai perdu un ami cher et exceptionnel et une partie importante de ma vie. Notre relation était intensément personnelle. Beaucoup ont qualifié notre compétition de “plus grande rivalité de l’histoire du sport”. Nous n’avions pas de rivalité. Nous avions une compétition véritablement féroce basée sur l’amitié et le respect. Nous avons juste adoré jouer l’un contre l’autre. La férocité de la compétition nous a fait liés comme amis pour l’éternité. Nous adorions la compétition. Wilt adorait la compétition.”

Il a toujours été difficile de penser à Bill Russell sans que Wilt Chamberlain n’arrive très vite dans un coin de la tête. Deux compétiteurs nés, deux basketteurs hors du commun, deux personnalités si uniques. Aujourd’hui parti à son tour, le pivot des Celtics s’en est donc allé rejoindre son rival. Non, on va la refaire. Aujourd’hui parti à son tour, le pivot des Celtics s’en est donc allé rejoindre son… ami.

Source texte : ESPN / Basketball Reference / Bleacher Report