Ime Udoka, un coach rookie en Finales NBA : le tacticien a choisi le chemin le plus escarpé mais s’en est sorti avec brio
Le 30 mai 2022 à 13:32 par Nicolas Vrignaud
Il est l’artisan de la réussite de ces Celtics. Ime Udoka, le coach de Boston, s’est offert la nuit dernière un ticket pour ses premières Finales NBA contre Golden State, plutôt logique étant donné qu’il s’agit d’un rookie. L’exploit est de taille pour le tacticien, qui n’a pas toujours fait rimer son nom avec le succès cette saison. Au fait, le dernier à avoir gagné un titre NBA en tant que néophyte sur le banc, c’était Steve Kerr… téma le symbole.
Quand un coach découvre le poste de head coach en NBA, on s’attend à ce qu’il prenne le temps de s’adapter à son nouveau poste, même après des années en tant qu’assistant comme c’est le cas pour Ime Udoka. Pourtant, certains tacticiens ne sont pas faits de ce bois-là. Accéder aux Finales NBA lors de sa première année sur le banc, c’est quelque chose. Dans l’histoire, Steve Kerr l’a donc fait avec les Warriors en 2015, mais plus récemment, on citera aussi Tyronn Lue et les Cavaliers en 2016, ainsi que Nick Nurse en 2019 avec Toronto (Nurse a néanmoins coaché dans d’autres ligues que la NBA auparavant). Pour le reste, il faut remonter à Paul Westhead et Pat Riley avec les Lakers au début des 80’s et du Showtime. Il y en a également pas mal du côté des années 50, mais ce sont souvent des profils ayant navigué dans d’autres ligues telles que la BAA et l’ABA, compétitions similaires à l’époque. Ime Udoka a donc ajouté son nom à cette liste prestigieuse, mais il ne s’arrête pas là. Si les autres coachs ont pu profiter d’un contexte en leur faveur avec un parcours plus ou moins tranquille en Playoffs (un peu moins pour Nurse faut l’avouer), ce n’est pas le cas du coach des Celtics. C’est un nouveau club qui vient de se créer par la tête pensante de Boston : premier tacticien rookie à s’ouvrir la voie des Finales avec plusieurs victoires en Game 7 à son compteur. Celle-ci, il va falloir aller la chercher. Bien sûr, Ime aurait sans doute préféré éviter de prendre ce chemin très escarpé, mais les adversaires de Beantown n’ont pas rendu la vie facile aux joueurs des C’s.
Très observateur, la grande faculté d’Udoka aura été de pouvoir s’adapter à toute situation compliquée. Maintenant, c’est donc Steve Kerr qui se dresse face à lui. Comme expliqué plus haut, le coach de Golden State est également passé par là en 2015, rendant cette confrontation spéciale à cet égard. Face à des Warriors qui ont aussi érigé la défense comme un principe majeur de leur jeu, il ne faudra pas avoir peur d’imposer sa patte. Il est certain qu’Ime s’est posé hier soir chez lui le temps d’une pensée, tout ému du chemin parcouru. Jeudi, c’est Steve Kerr qui risque de ressentir également un pincement au cœur. Il y a sept ans (déjà…), c’était lui qui se tenait à la place de son adversaire. Petit instant nostalgie passé, il faudra s’y remettre car l’enjeu reste un titre NBA quand même. Pas d’inquiétude à ce niveau-là pour le tacticien du Massachusetts d’ailleurs.
“On y va avec beaucoup de confiance. Je sais qu’il s’agit d’un nouveau challenge difficile. Miami nous a aidés à nous préparer à certaines actions sans ballon. Les Warriors sont une équipe de haut niveau en matière d’exécution, ils ont une tonne de grands shooteurs, de grands joueurs tout court. Ce sont des gars que je connais bien, et nous sommes prêts à les affronter.”
– Ime Udoka
On parlait du périple du coach des Celtics cette saison, il n’a pas été de tout repos, très loin de là. Le début de saison a même été plutôt chaotique pour Boston. Les Jay Brothers qui se cherchent, un collectif en galère… on était très loin de l’équipe que l’on voit aujourd’hui. Pour tenter de créer le déclic, Udoka n’a pas hésité à mettre parfois ses stars on the spot en conférence de presse, sans grand succès. Après un naufrage à Chicago en novembre, une “réunion de crise” a même été organisée. L’objectif ? Que tout le monde se regarde droit dans les yeux, et qu’on décide enfin de ce qui est bon à faire pour la franchise. La réponse a été de travailler. Bosser dur, en baver mais avec pour récompense une amélioration notable du niveau de jeu. Au final, cet objectif a été largement atteint, et c’est toute la NBA qui en a fait les frais. Avec comme fer de lance la défense, Ime Udoka a eu le nez fin et a montré le leadership qui était nécessaire à ce groupe pour qu’il tienne la route et monte véritablement en puissance. Il n’y a rien de mieux que la défense pour souder un groupe collectivement, et pour assurer en match si les shoots ne rentrent pas comme ils le devraient. La remontée inespérée à la deuxième place de l’Est a redonné aux Celtics un statut de favoris, qu’ils ont assumé autoritairement contre les Nets et jusqu’au bout contre les Bucks. Face au Heat, ils sont même allés jusqu’au coup d’État, renversant le roi de l’Est chez lui en Floride au terme d’un gros Game 7. L’exploit est fort, et montre tout le mental de ce groupe passé par la défaite à l’automne dernier. L’heure de faire la teuf du coup ? Pas si vite. Pour Ime, lorsque l’on officie chez les Celtics – 17 fois champions NBA – il n’est pas question de célébrer un titre de champion de conférence. Toujours sérieux le type.
“Tout ça n’aura servi à rien si on échoue en Finales. Les gars ont célébré mais rapidement tourné la page en disant ‘on en a encore quatre de plus’. On ne célèbre pas les titres de Conférence Est dans la franchise des Celtics. On accepte ce standard d’excellence.”
C’est souvent dans l’adversité que naissent les belles histoires. Une fois n’est pas coutume, celle d’Ime Udoka en est une preuve supplémentaire. Saison rookie aux débuts compliqués mais qui peut se terminer par le plus magique des épilogues… ce serait beau, mais pas certain que les Warriors ne signent pour tout ça.