Il y a 37 ans, Mark Eaton distribuait 14 blocks face à Portland : avant Rudy Gobert, c’était lui la muraille du Jazz

Le 18 janv. 2022 à 16:38 par Loic Duthoit

Mark Eaton 18 janvier 2022
Source : YouTube

L’immense Mark Eaton – grand de ses 224 centimètres et d’une extraordinaire carrière NBA – réalisait le 18 janvier 1985 une ligne statistique à son image : 12 points, 20 rebonds et 14 contres. Des performances indécentes qui vont mener le pivot du Jazz à réaliser une saison 1984-85 que l’on pourrait qualifier de… défensivement all-time ? Débrief.

Le Jazz d’Utah possède dans un triple défenseur de l’année dans ses rangs. On l’a vu ces dernières semaines, sans Rudy, la défense du Jazz prend l’eau. Le Français sait comment être un grand joueur NBA sans avoir des statistiques offensives mirobolantes. Il tient ça en partie de celui qui était son mentor et son ami, décédé d’un accident de vélo le 29 mai dernier. Oui, Mark Eaton avait compris – après une discussion avec Wilt Chamberlain – qu’il était préférable pour lui de se concentrer uniquement sur la défense s’il voulait un rôle en NBA. Ce qu’il a formidablement bien fait. Il n’a jamais passé la barre des 10 points de moyenne sur une saison et ne brillait pas comme Rudy au rebond (“seulement” 7,9 par match en carrière). Le domaine où Mark Eaton était le meilleur ? Les blocks bien féroces, bien mécaniciens, bien 2m24. En témoigne d’ailleurs la performance qu’il réalisait il y a 37 ans, tout pile.

This Day in History (85) Mark Eaton had 12 PTS,, 20 REBS and 14 BLKS vs the Blazers.

This was his 2nd game with 14 BLKS and 3rd game with 20+ REBS & 10+ BLKS! pic.twitter.com/j9DSrZhi8f

— Ballislife.com (@Ballislife) January 18, 2018

Les Blazers se déplacent dans l’Utah pour un match entre deux équipes qui finiront la saison au coude-à-coude (5ème et 6ème de la Conf’ Ouest). Dès le début de la rencontre, la domination du grand Eaton n’a d’égal puisqu’il compte déjà 9 blocks à l’entracte. Le grand rouquemoute terminera le boulot dans une seconde période où il pourra beugler « not in my house » à cinq reprises, avant que son Jazz n’empoche une victoire 127 à 122. Avec 12 points, 20 rebonds et 14 contres, le pivot s’offre un triple-double très particulier et à son image. En effet, 10 de ses 12 points ont été inscrits sur la ligne des lancers-francs, et 17 de ses 20 rebonds sont défensifs. Si l’on a l’habitude que le triple-double mette en avant un apport global du joueur sur le jeu offensif de son équipe, on a ici l’un des triple-doubles les plus défensifs de l’histoire. Un point c’est tout.

Cette performance all-time est le symbole d’une saison all-time pour Mark Eaton. Au cours de l’année où Michael Jordan – qui terminera Rookie Of the Year – Charles Barkley, Hakeem Olajuwon et John Stockton arrivent en NBA, et lorsque Kareem Abdul-Jabbar devient le plus vieux MVP des Finals en remportant le titre avec les Lakers, on oublie trop souvent la saison défensive de Mark Eaton. Il distribue 456 gifles en 82 matchs cette saison, un record encore d’actu et qui n’a jamais vraiment été approché. Forcément, quand tu tournes à 5,6 contres de moyenne par match (là aussi, jamais égalé), c’est tout de suite plus simple d’entrer dans les bouquins d’histoire. Le pivot y ajoute 9,7 points et 11,3 rebonds de moyenne – ses meilleurs stats en carrières – et complète une saison de domination défensive plus que flippante. Il rafle bien évidement son premier Defensive Player Of the Year à la fin de l’exercice. Pour ajouter un peu à sa legacy, le pivot possède également la meilleure moyenne de blocks sur toute une carrière, fixée à 3,5 sur 11 saisons. Il prendra sa retraite en étant dans le club très fermé des joueurs à plus de 3.000 contres en carrière et est aujourd’hui le 4ème contreur le plus prolifique de l’histoire de la Ligue. Propre.

Mark Eaton a joué avec toutes les légendes des années 80 et du début des années 90. On vous dit souvent d’aller regarder des mixtapes de Kareem Abdul-Jabbar ou d’Hakeem Olajuwon pour voir à quel point ils étaient indéfendables, mais si vous voulez les voir se faire martyriser dans la raquette au sommet de leur art, c’est à Mark Eaton qu’il faut se référer.