Défenseur de l’Année 2020-21 : chez nous Rudy Gobert garde le lead, troisième DPOY à venir pour l’immense tourelle du Jazz ?

Le 02 mai 2021 à 15:10 par Alexandre Taupin

Rudy Gobert
Source image : NBA League Pass

Ils sont les gardiens du temple, les body guards, les stoppeurs, les remparts (premier ou dernier peu importe). Eux ce sont les défenseurs, ceux qui dorment bien dès que tu finis à 2/15 au tir et cinq turnovers pour conclure le spectacle de ta propre déchéance. Assurances tous risques de leurs équipes respectives, ils vouent un culte au Defensive Player of the Year, le DPOY. On arrive dans la dernière ligne droite et… Rudy Gobert se rapproche peut-être du Graal. 

Une saison 2020-21 qui nous aura laissé un goût assez étrange, avec un calendrier réduit mais paradoxalement surchargé, ce qui a probablement favorisé l’avalanche de blessures parmi certains candidats crédibles à notre fameux DPOY (Anthony Davis, Joel Embiid, Kawhi Leonard, Myles Turner…). En prenant en compte les nombreux absents mais aussi notre habitude de mettre en avant un seul joueur par franchise (sinon l’intégralité des Grizzlies 2014 aurait été DPOY), un paquet de joueurs restent sur la sur la touche mais les dix derniers noms qui vont sortir de notre chapeau ne sont pas des bouche-trous pour autant. Certains ont été réguliers toute l’année, d’autres sont montés en puissance progressivement mais à la fin, il ne peut en rester qu’un. On regarde ce qu’il en est ?  

# Mention honorable I : Jimmy Butler

Meilleur intercepteur de la Ligue (2,1 steals), Jimmy a récemment affolé les compteurs avec presque trois interceptions de moyenne sur le mois écoulé. Aucun autre joueur ne dépasse les deux interceptions par match cette année à part lui et c’est aussi le genre de joueur qui prend personnellement le moindre panier encaissé (*insérer GIF Michael Jordan) et part direct en mission pour corriger le tir. Top 5 aux ballons déviés (3,5 par match) mais aussi podium NBA des ballons sauvés (1,2), Jimmy Buckets fait clairement sa part du taf surtout qu’il doit souvent switcher pour cacher un peu les manques d’un Duncan Robinson ou d’un Kendrick Nunn. La défense du Heat peut lui dire merci, une fois de plus.

# Mentions honorables II et III : Joel Embiid et Matisse Thybulle

Honneur aux aîné, JoJo avait tout pour être dans la course au DPOY cette saison et il n’arrête d’ailleurs pas de le dire encore aujourd’hui. Dominant à souhait, le pivot a fait de l’intimidation son maître mot et la raquette de Philly est plus blindée qu’un coffre-fort. Il n’y a probablement que Rudy Gobert pour avoir une telle présence défensive à l’intérieur dans la Ligue et, spoiler, même si Ben Simmons truste le podium, il y a encore beaucoup de monde qui voit Joel Embiid comme le meilleur défenseur des Sixers. Le gros problème du natif de Yaoundé ce sont les blessures, et un nombre de match probablement insuffisant pour espérer récupérer le titre. Il obtiendra des votes c’est évident, mais il faudra encore attendre un peu pour garnir le palmarès. Un autre nom qu’il FALLAIT évoquer ? Matisse Thybulle. Parmi les déceptions de la mi-saison, le jeunot est revenu avec les crocs et il montre clairement pourquoi il était le meilleur défenseur de sa cuvée l’an dernier. Si Philadelphie a une défense élite, c’est aussi parce qu’elle peut sortir une sangsue de son banc pour défendre sur des joueurs calibre All-Star. Il a d’ailleurs été très bon contre Devin Booker récemmen et son ratio ballons déviés / minutes est assez impressionnant (3,2 en 20 minutes) tout comme le fait qu’il est le seul joueur avec plus d’un contre et plus d’une interception de moyenne tout en jouant moins de 25 minutes par match. S’il garde ce niveau, il parait bien improbable qu’il ne squatte pas une All-Defensive Team à un moment donné de sa carrière.

#10 – Tom Thibodeau 

Depuis notre premier ranking, on se contentait de mettre les Knicks dans nos mentions. Incroyables de solidité en défense, les joueurs de New York ont opéré un vrai virage au moment d’attaquer cette saison. Les fans peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir l’une des meilleures défenses du pays, tout simplement. Le plus compliqué ici ? C’est qu’il est impossible de sortir un joueur du lot. No disrespect pour Nerlens Noel, Elfrid Payton ou Julius Randle mais aucun n’a le calibre pour être DPOY et s’il devait y avoir une récompense, elle devrait se partager car c’est le groupe dans son entièreté qui a vraiment mis les mains dans la boue pour step up. Et si vraiment vous insistez, donnez donc le prix à Tom Thibodeau car c’est lui qui, en l’espace de six mois, a façonné cette identité défensive, faisant passer les Knicks dans une autre dimension (23ème au rating en 2019-20 contre 4ème en 2020-21).

#9 – Myles Turner 

Lui n’est pas une wild card mais ses chances de remporter le trophée de stoppeur de l’année sont passées récemment à zéro ou presque. Peut-être sera-t-il plus haut placé au final mais ici on a préféré le laisser loin du podium à cause de sa récente blessure au gros orteil. Excellent protecteur de cercle, Myles Turner aura quand même passé l’année à distribuer des baffes à des ballons lâchés un peu à la hâte. Meilleur contreur de la Ligue (3,4 bâches par match) et garantie défensive des Pacers, il méritait quand même son petit paragraphe, surtout qu’il faisait encore partie du Top 3 le mois dernier… Encore un joueur qui aura beaucoup perdu à cause des blessures et si Indiana a proposé une défense mi-figue mi-purin toute la saison, Myles Turner n’a lui aucun regret à avoir, car il a clairement sauvé les meubles.

#8 – Clint Capela 

L’ami Clint Capela a progressé tranquillement sur la fin de ce classement cette saison. On l’a d’abord mentionné petitement, avant de lui ouvrir la porte du Top 10 et il finira donc… huitième. Une récompense amplement méritée même s’il paye sans doute le niveau de son équipe dans cette partie du terrain. Parmi les acteurs majeurs du renouveau des Hawks, le Suisse a été le joueur le plus régulier de son équipe et il a permis à Atlanta de sortir un peu la tête de l’eau en défense alors qu’ils ne pouvaient de toute façon pas faire pire. Gros protecteur de cercle, il n’a jamais hésité à aller au combat et on l’a même retrouvé sur pas mal de highlights cette saison. Pas toujours dans le beau rôle mais au moins, ses coéquipiers savent qu’il ne lâchera jamais rien. Quand on voit le backcourt qu’il a devant lui, on mesure tous les efforts qu’il a dû faire pour boucher les trous d’une défense aux airs de gruyère 72 mois d’affinage il y a encore un an. Si tous ses potes s’inspirent de lui un minimum en défense ? Les Hawks auront de beaux jours devant eux.

#7 – Luguentz Dort

OKC n’a sûrement pas la même lumière que d’autres marchés mais le travail défensif de Luguentz Dort n’est pas passé inaperçu, loin de là. Le “Harden Stopper” est reparti à la chasse aux attaquants et on l’a vu toute la saison se coltiner les meilleurs extérieurs adverses, toujours avec une main devant la tronche et une présence physique qui a dissuadé un paquet de petits malins. La marge de progression du gamin est assez impressionnante, et on ne parle pas seulement de la défense. Il y a un an, il n’était qu’un illustre inconnu et maintenant, on parle de lui comme d’une référence défensive de la Grande Ligue. L’équipe prend des volées depuis quelques semaines et le defensive rating est en chute libre alors qu’ils avaient montré de vraies belles choses, dommage pour Lulu mais dites-vous que septième c’est déjà pas mal, un Français rêverait de l’être sur le Tour de France.

#6 – Giannis Antetokounmpo

Le Greek Freak fait toujours autant le taf, se donne encore et encore et il peut switcher sur tout ce qui bouge. Polyvalence, envie, mobilité, physique, Giannis Antetokounmpo est un défenseur élite de notre Ligue et ce n’est pas le genre à se cacher quand il s’agit de récupérer la gonfle. Malgré cela, Milwaukee n’a jamais su construire une vraie régularité en défense cette saison. Un mauvais départ, ça va mieux depuis, mais on reste loin des chiffres de l’an passé où les Bucks régnaient sans partage sur la NBA. Le DPOY en titre partait sur des bases très élevées et forcément la chute n’en est que plus lourde, mais peut-être qu’on en attendait plus vu défensivement vu le matos présent sur place (Jrue Holiday, Brook Lopez, P.J. Tucker). Le Grec peut oublier la double couronne de la spécialité mais de toute façon, ce n’est pas sur ce type de récompense que l’on jugera la saison de ce cher Giannis.

#5 – Draymond Green

Les années passent et Draymond Green reste la valeur sûre de la défense des Warriors. Si on a beaucoup rigolé en écoutant son auto-proclamation en tant que meilleur défenseur de l’histoire, on peut au moins admettre l’importance du bulldog pour son équipe. On a tous vu Golden State prendre l’eau en début de saison et puis, lentement mais sûrement, remonter à la surface. L’impact de Draymond Green est énorme sur la défense des siens et pour le croire, il suffit de voir les matchs où il n’est pas sur le terrain. Sur les huit matchs manqués par Dray cette saison, cinq sont des défaites et toutes de plus de 20 points d’écart. (dont le -39 contre Milwaukee et surtout la raclée de 53 points contre Toronto) Par son intelligence de jeu, son placement, sa capacité à driver ses coéquipiers, à réveiller sa troupe, il est simplement in-dis-pen-sable à Steve Kerr. Vu les stats collectives et le bilan de Golden State, aucune chance de voir l’ancien DPOY remettre le couvert mais on ne peut qu’applaudir le boulot effectué. Il a d’ailleurs reçu les éloges d’un certain Joel Embiid récemment, alors qu’il fut tout proche de manger Nikola Jokic tout cru quelques jours plus tard. Ca va, y’a pire comme référénces.

#4 – Mikal Bridges 

Quelle progression pour Mikal Bridges cette saison ! On connaissait déjà ses aptitudes défensives mais le voir se développer à un tel niveau est assez impressionnant. Chien de garde attitré chez les extérieurs des Suns, il se coltine évidemment tous les soirs les meilleurs joueurs adverses. Mister Ponts n’est pas exactement un joueur de stats, tu ne le verras pas en haut des listes d’interceptions ou de contres, mais c’est plutôt le joueur sangsue qui te laisse juste la place pour respirer mais aucune voie par où passer. Si Phoenix réalise une superbe saison c’est aussi grâce à lui mais attention les stats défensives de l’équipe (5ème defensive rating, 5ème aux points encaissés) ne sont pas seulement de son fait. Certes il est incroyable de ce côté du terrain, mais on pense beaucoup aux Suns comme une défense élite en tant que groupe plutôt que comme un one-man show. Le step-up a été dingue d’une année à l’autre mais il manque encore quelque chose pour viser plus haut. En 2022 qui sait ?

#3 – Bam Adebayo

Jimmy Butler-Bam Adebayo, Bam Adebayo-Jimmy Butler, on a un peu varié les plaisirs d’un ranking à l’autre mais la vérité c’est qu’ils mériteraient tous les deux d’en être. Pourquoi choisir Bam Bam au final ? Sans doute à cause de sa régularité, sa polyvalence, sa capacité à switcher sur tout ce qui bouge avec succès. Quand un meneur voit un intérieur défendre sur lui en un contre un, impossible de ne pas avoir un petit sourire en coin mais avec Adebayo c’est pas exactement le même trip. Kyrie Irving a d’ailleurs pu en faire l’amère expérience avec un joli 0/8 au tir lorsqu’il était gardé par l’intérieur lors du dernier Heat-Nets. On peut dire ce qu’on veut, les joueurs qui ont cette capacité à garder les cinq postes sont vraiment une espèce rare et il faut les mettre en avant. On peut aussi avancer un peu quelques chiffres le concernant : leader aux box outs (4,1), il est également Top 6 aux Defensive Win Shares, Top 15 aux tirs contestés (à 3-pts et en global, merci la polyvalence) et la défense du Heat fait partie des meilleures du pays. (7ème rating) S’il venait à gagner le trophée ? Il serait le premier joueur de Miami à l’emporter depuis Alonzo Mourning en 2000.

#2 – Ben Simmons

Désolé pour Ben Simmons mais il pourrait bien rester accroché à sa seconde place. On ne manquera jamais de rappeler à quel point Ben Simmons est fabuleux en défense et lui aussi fait partie de cette catégorie qui défend les postes 1 à 5, comme Adebayo ou Giannis et c’est peut-être, tout simplement, le meilleur défenseur extérieur de la Ligue aujourd’hui. On a parlé de sa polyvalence, mais pas des chiffres qui entourent son dossier. 3ème aux ballons déviés (3,7 par match), il peut aussi profiter aussi des stats collectives pour briguer le trophée (2ème rating défensif, 7ème aux points encaissés). Pour les chiffres avancés c’est un peu moins brillant puisque son équipe prend plus de points avec lui que sans lui (106,3 contre 105,6 quand il est absent) mais rien de bien grave là-dedans et ça montre surtout que les remplaçants (n’est-ce pas Matisse Thybulle) font grave le taf quand les titulaires soufflent. Non, le gros caillou dans la chaussure de Ben Simmons, il s’appelle peut-être… Joel Embiid, car quand t as un défenseur calibre DPOY dans ton équipe, tu perds forcément en lumière et il serait surprenant que JoJo ne prenne pas quelques bulletins à Ben Simmons quand l’heure sera venue de voter.

#1 – Rudy Gobert

Vous l’aviez deviné mais on offre donc, encore, notre vote à Rudy Gobert sur cet ultime ranking. Leader incontesté de la défense du Jazz, Gobzilla a encore sorti une saison majuscule, suffisante pour nous pour arracher un troisième trophée en carrière. Leader aux Defensive Win Shares, meilleur rebondeur défensif de la Ligue (et deuxième au global), deuxième contreur, c’est aussi lui qui conteste le plus de shoots à 2-points dans toute la ligue. Vous en voulez encore ? Lorsqu’il est sur le terrain, le defensive rating de son équipe est de 101,5 (ce qui serait la première place, et de loin) contre 111,9 lorsqu’il est absent. (plutôt vers la quinzième). En bref, sur 100 possessions, son équipe prend dix points de plus quand il n’est pas là, et on peut aussi citer les stats collectives (troisième au defensive rating, quatrième aux points encaissés) ainsi que le bilan d’Utah pour booster un peu plus la candidature de Rudy. Contrairement à Ben Simmons, aucun de ses camarades ne lui piquera de votes, malgré le niveau de Royce O’Neale ou encore Mike Conley), désormais l’heure d’aller chopper une troisième statuette qui lui permettrait de rejoindre Dwight Howard sur le podium all-time des libéros NBA, seulement devancé par Ben Wallace et Dikembe Mutombo. Wow.

Rudy Gobert semble tenir le bon bout et pourrait donc aller chercher bientôt un merveilleux hat-trick. On reste sur du conditionnel car il y a de solides gaillards en face, mais Saint-Quentin pourrait avoir de bonnes raisons de faire la fête cet été, et pas seulement à cause du déconfinement.