Gail Goodrich, l’homme des séries : et on ne parle pas de la Casa de Papel

Le 23 avr. 2020 à 19:17 par Ruben Dias

Gail Goodrich YouTube, NBA Vault.
Source image : YouTube

Légende des Lakers, Gail Goodrich n’était pas un joueur comme les autres. Tout ce qu’il a touché s’est transformé en or. Et notre petit doigt nous dit qu’il aime bien les séries, et rien à voir avec “The Last Dance”.

Les blancs ne savent pas sauter. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Ron Shelton. Mais quand un joueur possède un shoot soyeux et une technique hors pair, le reste n’est que superflu. Aujourd’hui, dans la famille des joueurs sous-cotés, on appelle Gail Goodrich. Souvent évoqué comme « l’autre gars » du trio des Lakers avec Wilt Chamberlain et Jerry West, il s’est fait une jolie place dans l’histoire de la franchise. Pas le plus grand, pas le plus costaud non plus, des allures de randonneur et la coiffure de Quentin, un mec de ta classe en CM2. 185 centimètres pour 77 kilos, des petits bras aux muscles acérés. Un physique banal qui aurait bien pu lui coûter sa carrière. Jugé trop petit pour le basket, ses coéquipiers le surnomment même Stumpy, mais que nenni, il en faut bien plus pour décourager le bonhomme. Un monstre de travail et d’abnégation, une source d’inspiration jusqu’au bout de ses doigts de fée, pour tous. Puis l’avenir lui a donné raison, le petit a fait sa marque dans un monde de géants.

En 1965, il est le pick territorial dans la draft des Lakers après avoir fait ses gammes à UCLA. Dans son état natal, le gaucher va avoir du mal à s’imposer. Faut dire aussi que dans les années 60, la mène des pourpre et or appartient à Jerry West. Pas mal la concurrence. Du coup, après trois années passées dans un rôle de remplaçant, il rejoint Phoenix dans la draft d’expansion. Pas si loin de chez lui, il va enfin pouvoir s’éclater à fond. Et il ne va pas avoir besoin de beaucoup de temps pour mettre les fans dans sa poche. Un seul match aura suffi en fait. 27 points, 10 caviars, 9 prises, la NBA fait connaissance avec Goodrich, et c’est loin d’être fini. Le fougueux meneur ne va rester en Arizona que deux petites années, histoire de les mener en Playoffs quoi. Les cow-boys sont dingues de lui, mais Gail a fini de zoner, et il rentre à la maison après un transfert en 1970. C’est bien au Forum d’Inglewood que s’écrira la suite de l’histoire, puis il finira sa carrière sous les couleurs du Jazz de New Orleans. Un long récit qui l’a finalement mené au Hall of Fame en 1996. Donc on a ici un joueur cinq fois All-Star, champion NBA, dont le maillot a été retiré à la fac de UCLA puis aux Lakers… Finalement, peut-être que ça ne sert pas à grand-chose de sauter. Un soliste de génie, aux dribbles vifs et précis, clutch au possible qui sublime un collectif, que demander de plus.

On vous disait aussi que c’était un homme de séries. Si on vous dit 30-0, vous pensez à quoi ? C’est sûrement le bilan que vous voudriez faire en Fut Champions. Mais c’est surtout le bilan de UCLA lors de la deuxième année de Stumps en NCAA. Les images sont rares, mais les chiffres restent à vie, et 21,5 points de moyenne c’est du lourd. Jamais auparavant une équipe de UCLA n’avait réussi à le faire, remporter tous les matchs d’une saison sans en perdre un seul, le gaucher l’a fait avec ses Bruins avant d’aller chercher le titre de champion. L’année suivante, rebelote. Goodrich est désormais double champion NCAA, et mieux encore, il claque 42 points en finale contre Michigan, un record à l’époque. On vous l’a dit, le garçon a réussi partout où il est passé. Un compétiteur acharné que rien n’arrête. Pas le plus athlétique certes, mais les finitions dans le cercle n’étaient pas un problème, tellement le lay-up était propre. Un joueur qui lui rend 30 centimètres et 40 kilos, dans la peinture ? Même pas peur, c’est le premier à le dire. 

“J’ai aimé le contact. Quand ils m’ont renversé ? Je me suis relevé et j’ai dit ‘merci pour les deux lancers francs’.”

D’ailleurs, les lancers francs étaient la seule ligne qui existait à l’époque. Ah, on ne l’avait pas précisé ? En fait, les saisons à plus de 20 points, c’était sans ligne à 3-points ouais. Pour un petit, pas sûr qu’on se rende compte de ce que ça représente. Donc oui, le garçon a dominé, jusqu’à nous offrir un très joli prime. À 28 ans, Goodrich va mettre tout le monde d’accord alors qu’Elgin Baylor – trop vieux – va se blesser au début de la saison 1971, ce qui signe par la même occasion la fin de sa carrière. C’est une déconvenue certes, mais l’effectif est profond, outre Wilt Chamberlain et Jerry West, il y avait Happy Hairston ou encore Jim McMillian pour faire le taf. Les Lakers vont tout détruire sur leur passage, 69 victoires pour 13 défaites, mais surtout 33 victoires d’affilée, deux nouveaux records NBA, d’ailleurs le second tient toujours. L’homme aime les séries et très peu la défaite. Le collectif va fonctionner à merveille, et Gail Goodrich va sublimer tout ça. 25,9 points, 4,5 passes et 3,6 rebonds toujours sans ligne à 3-points, on le rappelle quand même. La bague tend la main, c’est tout le Forum d’Inglewood qui sort les confettis. La fin est heureuse et le numéro 25 est désormais accroché au plafond. Le tueur en série le plus soyeux, c’est lui.

Un joueur exceptionnel parfois sous-coté. Les images sont rares, mais les histoires restent incroyables. « L’autre gars » est devenu une légende des Lakers, et ça ce n’est pas donné à tout le monde, loin de là.

Sources texte : NBA.com et NorthWest Arkansas Democrat Gazette