Nikola Jokic, plus vrai que nature : un départ diesel mais une deuxième étoile de All-Star, il ne manque plus que de la régularité

Le 10 avr. 2020 à 13:34 par Benoît Carlier

Nikola Jokic 7 avril 2020 pari
Source image : YouTubeNBA BandWagon Fan

Quatrième de la course au MVP il y a un an, Nikola Jokic nous a de nouveau fait sa classique cette saison. Un départ diesel avant de se mettre progressivement au niveau pour atteindre son pic de forme juste à temps pour les Playoffs. Dommage que ces derniers ne soient pas d’actualité avant un bail…

La saison 2019-20 avait commencé de la plus pénible des manières, avec une défaite en quart de finale du Mondial face à l’Argentine future dauphine de la compétition. N’en déplaise à Kurt Helin, l’affrontement entre la Serbie et Team USA avait lieu dans les matchs de classement et était synonyme de nouvelle déconvenue pour les cainris tandis que les compatriotes de Vlade Divac échouaient à la cinquième place avec un seul revers malheureusement survenu au pire moment dans ce tournoi. De retour de Chine, le Joker avait l’air blessé dans sa chair. On ne sait pas si la nourriture locale n’était pas à son goût, si l’épisode de l’Albicéleste a eu du mal à passer ou si les coups de gueule de Sasha Djordjevic ont continué à résonner dans sa tête mais c’était un joueur méconnaissable qui errait sur le terrain avec un maillot des Nuggets au début de la saison. Incapable de livrer un effort pendant plus d’un quart-temps, il sait toujours être clutch mais la forme n’y est pas. Malgré tout, les résultats collectifs restaient dans la lignée de l’année précédente, grâce à l’un des rosters les plus complets du circuit. Pas d’inquiétude donc, mais quand même un peu de crispation dans les bureaux de Denver face aux débuts mi-figue mi-raisin des deux grandes stars de l’équipe puisque Jamal Murray avait déjà commencé les montagnes russes. Le fond de la piscine sera touché lorsque Nikola Jokic enchaînera 8, 8, 7, 13 et… 6 points à cheval sur les mois de novembre et de décembre avec un air toujours aussi peu concerné. Mais même comme ça, les Pépites restaient dans le positif (3-2), promettant de frapper fort dès le retour au niveau de leur All-Star en puissance.

Finalement, il ne faudra pas attendre très longtemps avant son troisième triple-double de la saison face au Thunder – beaucoup moins radin que le premier – afin de lancer une jolie série de sept victoires consécutives. Tout d’un coup, on reconnait beaucoup plus le magicien des Balkans avec 21,9 points, 10,3 rebonds et 8,6 passes et surtout 50% de ficelles du parking sur cette dizaine de jours menant jusqu’à Noël. Du Jokic dans le texte avec encore un brin d’adresse supplémentaire derrière l’arc. On assiste alors à une douce mais inexorable montée en puissance du Serbe alors que le premier tiers de la saison est franchi. Une nouvelle étape sera atteinte le 6 janvier avec 47 points envoyées dans les gencives d’une équipe d’Atlanta qui attendait encore l’échange de Clint Capela. Un record en carrière bien violent dont les pigeons risquent de se souvenir un moment vu la vitesse à laquelle ils se sont fait plumer, puis dévorer par le Joker. La suite est plus classique, avec ses hauts et ses bas, comme s’il avait une jauge d’énergie à ne pas dépasser pour conserver son poids de forme et surtout ne pas arriver en postseason avec le réservoir complètement vide.

Dans sa gestion habituelle, Niko nous a quand même donné le hoquet lors d’un improbable 30-21-10 contre le Jazz ponctué par un turnaround one legged fadeaway sur la tête de Rudy Gobert pour assurer la gagne dans la dernière minute. On reprend son souffle tranquillement et on relit cette phrase absolument brutale. Heureusement que la pause du All-Star Break nous laissera digérer les images de ce carnage car notre coeur n’aurait pas supporté l’annonce qui a suivi l’anniversaire de son quart de siècle juste après sa seconde convocation au match des étoiles : le gros nounours aurait donc perdu 10 kilos durant la saison. On tient peut-être une des explications de sa lente transformation tout au long de l’année. Un retour à son poids de forme qui lui permet d’être plus léger moins lourd (restons sérieux) sur le parquet et de réaliser avec plus d’aisance tous ses moves de meneur qu’il maîtrise à merveille pour déclencher du périmètre. A 25 ans, on parle bien de l’un des dix meilleurs joueurs du monde lorsqu’il n’est pas en digestion et qu’il est lucide 48 minutes. Passeur de génie avec un sens aiguisé du placement sous les arceaux, il a donc profité de l’été pour bosser ses tricks qui font de lui une Licorne inarrêtable pour peu qu’il veuille se donner du mal. Alors heureusement pour ses adversaires que sa forme va et vient car sans cette flemme habituelle, attention les dégâts.

Troisièmes à l’Ouest, les Nuggets font encore une grande saison dans le sillage de leur pivot. Et par définition, le meilleur joueur de l’une des trois meilleures équipes de sa Conférence est un candidat crédible au titre de MVP. Surtout avec les stats du bonhomme. Il s’agira désormais de corriger cette légère tendance à choisir ses matchs pour ne pas paraître trop prétentieux pour commencer à taquiner sérieusement les Giannis et compagnie. Car il en a les moyens, c’est une évidence.


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