Rudy Gobert fait le match de sa vie : 21 points, 16 rebonds et Team USA à genoux, ça vaut tous les All-Star Game du monde

Le 11 sept. 2019 à 16:23 par Benoît Carlier

Snobé par les votants pour le All-Star Game depuis deux ans et jalousé pour son double trophée de DPOY publiquement remis en cause par certains de ses homologues en NBA, Rudy Gobert n’a pas dû chercher très longtemps pour trouver de la motivation avant ce quart de finale contre Team USA. Résultat, une performance all-time qui permet à la France de faire chuter les cainris pour la première fois depuis près de 13 ans en compétition officielle (89-79). Espérons qu’après ce match il soit enfin respecté comme l’immense joueur qu’il est à son retour dans la Grande Ligue.

Par où commencer ? Disons que le contexte ne pouvait pas être plus chargé pour le pivot titulaire de l’Equipe de France. A 27 ans, le natif de Saint-Quentin se rapproche tout doucement de son prime et pourtant, malgré son récent titre de double Meilleur Défenseur de l’Année, il souffre encore d’un manque de considération dans son pays d’adoption. Trop rustre en attaque, parfois renfermé, chez l’Oncle Sam on peine à lui prêter ce rôle de leader dans un vestiaire mené par un sophomore de 23 ans. Son absence lors du dernier match des étoiles lui a clairement mis les boules au point de lâcher quelques larmes devant les journalistes qui ont bien fait rire certaines grandes gueules notamment du côté de la baie de San Francisco. Enfin, même lorsqu’il a reçu un trophée aux NBA Awards, Myles Turner a trouvé le moyen de le dénigrer. Heureuse coïncidence, Donovan Mitchell et le pivot des Pacers étaient justement confrontés à l’EDF dans un match que tout l’Hexagone attendait depuis plusieurs années cet après-midi alors que Draymond Green était sûrement en train de préparer ses meilleures punchlines sur Twitter en cas de victoire de Team USA. Pour toutes ces raisons et les critiques qui avaient pu être entendues à droite à gauche depuis dix jours sur le manque d’impact de l’ancien Choletais dans cette Coupe du Monde, c’était le timing parfait pour sortir un match XXL pour fermer des bouches par milliers et changer de statut dans le crâne des Américains les plus arrogants. Et ça, il ne fallait pas le dire deux fois à Rudy.

Face au small-ball de l’équipe de Gregg Popovich, certains prédisaient une longue soirée de galère pour le numéro 27. Pourtant, deux heures plus tard, on se demandait quel big man Team USA aurait pu aligner pour espérer limiter le carnage de Gobzilla dans la raquette. Son stepback à trois points attendra encore un peu et Evan Fournier l’excusera volontiers car c’est tout simplement un match parfait que vient de nous délivrer Rudy durant les 34 minutes qu’il a passées sur le parquet. Opposé à l’homme palmier sous les paniers, il est tout de suite très agressif et Turner voit son compteur de fautes s’envoler. Mais encore faut-il rentrer ses lancers-francs pour faire fructifier tous ces efforts. Avec 63,1% d’adresse sur la charity line en carrière et encore 63,6% cette saison, ce n’était pas franchement gagné mais après un premier échec pour se régler Gobert ne commettra plus jamais d’erreur dans l’exercice. Un 9/10 synonyme de mention Très Bien qui ne fait que traduire l’état d’esprit de tueur avec lequel il est rentré dans cette salle de Dongguan. Car en l’absence de Vincent Poirier resté en surmaillot toute la soirée sans que l’on sache vraiment pourquoi, la rencontre promettait d’être éreintante pour notre Stiffle Tower qui n’est allé souffler que six petites minutes en tout.

Mais on ne pouvait tout simplement pas se priver de notre big man plus que nécessaire dans ce match et Vincent Collet l’a très bien compris. Ses quatre minutes de repos à cheval sur le troisième et le quatrième quart-temps ont coûté un 12-3, preuve de son caractère indispensable pour intimider les percées US et faire son chantier dans la peinture adverse. En effet, même en configuration small-ball les cainris arrivaient avec une moyenne de 47 rebonds par match contre 31 pour les Frenchies avant cette rencontre. Un point noir tout de suite identifié par le sélectionneur et son staff et dont on a sérieusement souffert dès que le joueur du Jazz s’absentait quelques secondes. Heureusement, il ne fallait pas tomber dans le piège des fautes et il a su gérer son tempérament explosif pour ne pas pénaliser ses coéquipiers. Avec ses bras tentaculaires, il a fait très mal avec tous ses rebonds offensifs (7 !) qui terminaient toujours par un petit tip-in qui rapportait deux points aux Bleus et il n’y a même pas eu débat dans la raquette puisque la France termine avec un ratio positif de 16 rebonds par rapport à leurs cousins d’outre-Atlantique. Mais on ne pouvait pas finir cet hommage à Gobzilla sans faire référence à ses deux contres dans le clutch. Une première fois sur Kemba Walker à moins de 120 secondes du buzzer et une seconde fois sur son coéquipier qui réalisait également un match insolent jusqu’ici dans la dernière minute. Spida pourra reparler à Rudy de cette action autant qu’il veut lors des déplacement du Jazz la saison prochaine pour savoir s’il y avait faute mais les arbitres ont choisi leur camp et Nando De Colo a terminé le boulot aux lancers pour sceller la victoire française.

Rudy Gobert est en demi-finale et il peut être satisfait de sa prestation. Auteur de 21 points, 16 rebonds dont 7 dans le camp adverse, 3 contres et 9/10 de précision aux lancers-francs avec un +/- de +26, il vient peut-être de délivrer son meilleur match en carrière. Le message est passé et les Américains ne pourront plus prétendre qu’ils ne savent pas qui il est. Il est celui qui a éliminé Team USA de la plus grande compétition internationale après les Jeux Olympiques et ça, ça vaut plus que n’importe quelle sélection au All-Star Game.