La brocante de TrashTalk épisode 7 : la NBA et le rap, deux mondes liés pour le meilleur et pour le pire, n’est-ce pas Tony

Le 11 août 2019 à 13:31 par Julien Dubois

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C’est officiel, la canicule est passée par là et l’été est déjà bien entamé alors en attendant que la NBA reprenne ses droits dans notre quotidien, on recharge les batteries comme on peut. Entre deux matchs de Summer League pour survivre, on a même le temps d’enlever ses œillères pour porter un regard différent sur notre sport préféré. Alors sortez vos lunettes de soleil et votre appareil à pression, TrashTalk vous accompagne en cette saison estivale avec des thèmes variés sur le monde de la grosse balle orange pour se changer un peu les idées. Allez, petit détour par la Brocante.

Fromage et pomme de terre. Durant et Twitter. Crêpe et cidre. Bière et pétanque. Café et TrashTalk. J.R. et éthanol. LeBron et tampering. Jeudi soir et bar. CP3 et l’argent. Pile ou face. Champagne et Marc Gasol. Vacances et barbecue. Chaussure droite et chaussure gauche. Certaines choses entretiennent des relations particulières par paire, et aujourd’hui on parle donc du rap et de la NBA qui forment un duo bien de ce genre.

On associe souvent la naissance du rap avec le quartier du Bronx, à New York, où la population était clairement défavorisée. L’avènement du break et de la musique hip-hop se fera au travers de “Block party”, des soirées, qui auront lieu dans les rues du Bronx, un peu… là où il y a de la place. Et attention, où est-ce qu’on trouve un espace plat et libéré dans un quartier populaire des années 1970 ? Au playground du coin, bingo, et c’est là le premier lien véritable que l’on peut faire entre le monde du rap et le monde du basket. Évidemment ce n’était pas le seul lieu mais remarquer ce lien paraît important. En effet, le premier véritable lien entre le basket et le rap c’est en fait la rue, et les origines communes. Quoi de plus rap que du trashtalking sur un playground ou qu’un speaker qui ambiance les personnes présentes sur le bord du terrain. Quoi qu’il en soit, on observe clairement des origines communes mais surtout une percée au grand public à peu près dans le même temps. En effet, le rap explose aux States dans les années 1980, la même période que celle où Magic et Bird ont fait exploser la NBA aux yeux de tous. Ce processus d’évolution culturelle et de lien de parenté entre le rap et le basket est d’ailleurs expliqué dans le documentaire sur Vince Carter qu’un autre stand de la brocante détaille.

Toutes ces similitudes ont poussé beaucoup de joueurs NBA à se lancer dans le rap ou, en tous cas, à s’essayer dans ce domaine-là. Pour ne citer que les plus connus voici une petite liste, pêle-mêle : Allen Iverson aka Jewels, Chris Webber aka NC, Gary Payton aka GP ou encore Shaquille O’Neal aka Shaq Fu. Autant certains comme Gary Payton n’ont sorti qu’un single, d’autres comme Shaq ont véritablement sorti des albums. En l’occurence, le gros pivot a même décroché un disque de platine avec son album Shaq Diesel. En revanche, Iverson s’est fait reprimandé par David Stern à l’époque, en raison de paroles trop violentes et néfastes pour l’image de la NBA. On touche alors à un autre point difficile, la cohabitation entre le rap et la NBA pour les dirigeants, qui n’ont pas forcément une bonne image de la musique hip-hop. Avec le temps, la situation s’est stabilisée et les deux mondes cohabitent aujourd’hui plus facilement. Beaucoup de rappeurs interviennent bien plus directement en tant que supporters voire propriétaires des franchises, à l’image de Drake ou de Jay-Z, respectivement pour les Raptors et les Nets. On a aussi Snoop Dogg qui a toujours été un grand fan des Lakers, surtout pour le meilleur et rarement pour le pire d’ailleurs. Finalement, aujourd’hui, on peut bien plus apparenter cela à la simple cohabitation de deux monstres du business : la NBA a explosé et le rap est désormais le genre musical le plus écouté, ce qui a certainement facilité la liaison et la médiatisation de tout ça. Aujourd’hui, l’un des ambassadeurs du domaine n’est autre que le King, qui sur son Instagram n’hésite pas à partager ses découvertes musicales, souvent accompagnées d’un petit “Sheesh” en guise de commentaire.

D’une manière réciproque, le rap emprunte beaucoup au monde de la NBA pour s’inspirer et trouver des punchlines. Quoi de plus facile, en effet, que de se comparer au GOAT de Chicago pour flexer dans un morceau. On ne compte plus les références à Jordan dans le rap, solution de facilité mais très efficace. D’autres cherchent un peu plus loin et utilisent le rap comme une simple référence pour ambiancer leur public, à l’image de Caballero et JeanJass dans leur titre La base : “Du mauve coule sur mes dents en or jaune, hmm ça c’est les Lakers”. Autre exemple pour montrer que l’on est le meilleur, parler de ses nombreuses bagues, comme un champion NBA, hein Macklemore : “Feeling like John Havlicek , check, with these eight gold rings”. TrashTalk propose donc, à son tour, sa punchline signature : “Je tiens bien l’alcool comme J.R Smith, même après trois bières j’te postérise comme Carter Vince”.

Sorti il y a deux jours, l’album Big D.O.L.L.A est le troisème album studio de Damian Lillard, aka Dame Dolla. Dans celui-ci, le meneur de Portland démontre qu’il est un rappeur sérieux avec des instrus variées et des flows différents d’un son à l’autre. Le premier titre est d’ailleurs un feat avec Lil Wayne, ce qui montre que le gars a de la portée et pourrait potentiellement passer en radio. Bref, les rappeurs/joueurs ne sont pas morts et on en compte d’autres dans la ligue dont voici une liste non exhaustive : Lou Williams aka LouWill, Iman Shumpert aka 2wo1ne ou encore, à un niveau de basket bien plus faible… Mister V, qui a fait disque de platine avec son album Double V. L’occasion pour nous d’en placer une pour notre héros national Tony Parker qui nous a à l’époque sorti des titres… [insérer adjectif].

Voilà pour ce petit tour d’horizon du lien entre le rap et la NBA, qui date et n’est pas prêt de s’arrêter. De notre côté, on attend toujours un album de l’un de nos héros, pourquoi pas JaVale McGee et une punchline “j’ai autant de bague que The Dream”. Pour conclure, petite observation : avec le titre de champion de Toronto en 2019, Started de from de bottom de Drake n’a jamais été autant d’actualité. Comme quoi, rien n’est dû au hasard.