Bilan de la saison 2019, version Spurs : le Big Three n’est plus là, mais il laisse de sacrées sneakers à remplir

Le 02 mai 2019 à 10:54 par Gianni Mancini

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Source image : YouTube

On annonçait une année un peu transitoire dans le Texas, et c’est exactement ce que l’on a eu. Après un été particulièrement foufou, qui laissa plus de questions que de réponses, Gregg Popovich dut redoubler d’efforts pour que la sauce prenne. S’il parvint à faire quelques miracles, il faut se rendre à l’évidence, ce San Antonio n’est plus l’ogre de l’époque de son trio légendaire. Pour l’instant.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ :

48 victoires pour 34 défaites, c’est le bilan que l’on avait prédit dans notre preview d’avant-saison, pour ce San Antonio new-look. Bon, on ne va pas trop se lancer de fleurs, puisqu’on a émis ce pronostic quelques jours seulement avant la grave blessure de Dejounte Murray, valant au jeune meneur d’être out pour toute la campagne. En connaissance de cette donnée importantissime, on les aurait possiblement vu plus bas. C’est vrai, sans son point guard titulaire, difficile d’aborder sereinement une saison qui, quoi qu’il arrive, allait déjà être marquée par l’intersaison chaotique vécue. Manu Ginobili ? Ciao bye, merci pour tout l’artiste. Tony Parker ? Exporta ses talents du côté de North Carolina beach. Et bien entendu, le doss’ des doss’, le départ fracassant, dans tous les sens du terme, de Kawhi Leonard à Toronto, qui embarqua dans sa besace Danny Green. En tout, c’était quatre éléments absolument ma-jeurs du titre de 2014 qui se faisaient la mâle. La contrepartie glanée dans le trade avec les Raptors paraissait intéressante, avec notamment un All-Star confirmé en la personne de DeMar DeRozan, mais quant à savoir si tout cet assemblage de dernière minute allait donner quelque chose de cohérent, mystère et boule de gomme. En bref, situation inhabituelle de flou artistique de ce côté du Texas, et la patate n’était pas spécialement dure à voir arriver, reste à savoir quelle était réellement l’ampleur des dégâts.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ :

Tenez-vous bien, parce que pour une fois, on était pile dans le mile. 48 victoires pour 34 défaites, c’est également le record avec lequel a fini la bande à Pop à la fin du dernier match de la régulière. Comme pressenti, ce roster a un peu fait les montagnes russes cette saison, trop de hauts pour être largué de la course aux Playoffs, et trop de bas pour viser une place durable dans le top 4 de l’Ouest. Nous pouvons quand même noter une belle remontada au classement après pourtant un début de saison poussif, pour ne pas dire assez infâme, qui valut d’ailleurs une jolie descente dans les bas-fonds de la Conférence. Mais no panic, Monsieur Popovich n’en est pas à son premier tango, ou plutôt rodéo, et il put s’appuyer sur un duo DeRozan/LaMarcus Aldridge qui fit le taf. On peut d’ailleurs s’attarder sur le premier, qui arrivait dans un environnement inconnu après une rupture difficile avec son ex canadienne. C’était un peu du “ça passe ou ça casse” concernant l’arrière et son incorporation dans le système San Antonio, mais à l’arrivée, on peut dire que le natif de Compton a géré la transition avec brio. Sa moyenne de points la plus basse depuis la saison 2014-15, oui, mais simplement car on n’attendait pas de lui de sortir des cartons chaque soir. Record en carrière au rebonds et à la passe, cela illustre bien son rôle d’homme à tout faire occupé tout au long de l’exercice. Derrière, un LMA dans ses stats habituelles de All-Star, et des surprises que chef Pop nous sortit de sa toque, telles que Derrick White ou même Davis Bertans : pas de doute, il fallait une nouvelle fois compter sur les marcheurs blancs de la NBA. Un septième place accrochée dans une Conf’ historiquement relevée plus tard, voilà que se dressaient les Nuggets au premier tour. Un obstacle trop important pour ces Spurs à la fois talentueux mais limités, et après une série acharnée jusqu’au Game 7, il était temps de rentrer à la maison, avec les honneurs mais sans la médaille, et de se poser les bonnes questions. Mission accomplie pour ce qui est de faire perdurer une streak historique de 22 saisons en Playoffs consécutives, mais une série peut parfois en cacher une autre, et ce fut la deuxième fois en autant d’années que la franchise ne vit pas le second tour en postseason, une triste première sous l’ère Popovich.

L’IMAGE DE LA SAISON :

Dejounte Murray

Ça s’est passé avant même le début des hostilités, et pourtant, il s’agit du moment qui a véritablement conditionné la suite de la saison des Spurs. Sortant d’un exercice 2017-18 encourageant, on attendait un vrai jump de la part de Dejounte Murray à la mène. Finalement, on peut juste espérer que ce ne soit que partie remise pour la saison prochaine, encore la faute à un foutu coup du sort. Frustrant.

ON NE L’ATTENDAIT PAS ET IL A CARTONNÉ : DERRICK WHITE

On vous l’a dit, Popovich a eu besoin de redoubler d’ingéniosité pour combler un énorme manque dans le backcourt texan. Ça tombe bien, le technicien a prouvé à travers les années qu’il avait le nez plutôt fin. Si on vous avait parlé de Derrick White en préambule de cette saison NBA, vous n’auriez sûrement pas misé un kopeck sur le sophomore, et on le comprend. Drafté en 29ème position il y a deux ans, White réalisa une saison rookie des plus anecdotiques. Sauf que cette année, il y avait un véritable spot à prendre, et notre client l’a allègrement saisi. Presque dix points, quatre rebonds et quatre passes de moyenne, à 48% au shoot, c’est ce qu’on appelle un beau step-up, à tel point que l’on parlait de manque pour le collectif de San Antonio lorsqu’il s’est absenté pour la deuxième fois de la saison en février à cause d’une blessure. Surtout, on retiendra une campagne de Playoffs assurée avec un grand A, et on se rappelle de son carton à 36 points claqués sur la tête de Jamal Murray et de Denver. Quinze pions de moyenne en postseason, à 54,7% au tir, on veut pas dire, mais White a été propre comme blanc.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET ET IL A ABUSÉ : PAU GASOL 

Qu’on se le dise, on n’attendait pas de Pau Gasol à ce qu’il mette le feu à la Ligue, du haut de ses 38 balais. Non, mais il avait jusqu’ici apporté sa pierre à l’édifice Spurs, toujours pas très loin de son petit double-double des familles. Enfin, ça, c’était avant. Et si on le pressentait pour avoir son mot à dire pour une place dans le cinq de départ, surtout quand ça jouait grand en face, la réalité est que ce bon vieux Pau n’a servi strictement à rien. C’est triste à dire, mais avec 27 petits matchs joués, dont seulement six dans le starting five, l’Espagnol n’entrait tout simplement pas dans les plans, et fut même relégué au rang de quasi-tricard dans cet effectif Texan avant de s’envoler pour les Bucks. Dans le Wisconsin, Big Pau n’est pas plus utilisé, ni davantage productif, donc, et cela tend à confirmer qu’on est bien en train d’assister au crépuscule d’une immense carrière.

LA VIDÉO DE LA SAISON :

“Nul n’est prophète en son pays”. DeMar DeRozan n’est pas canadien, mais n’allez surtout pas remettre en question son statut légendaire auprès de qui que ce soit dans le Grand Nord. Un retour à la maison qui restera comme l’un des moments poignants de ce cru 2018-19.

CE QU’IL VA BIENTÔT SE PASSER :

On le redit, on va probablement se questionner sec du côté de San Antonio cet été. Le coach emblématique sera de nouveau d’attaque, c’est presque officiel, mais pour ce qui est du reste, on n’a pas énormément de certitudes. L’échange avec Toronto est un panic trade de qualité, mais un panic trade quand même. DeRozan, Poeltl, tout ça c’est bien, mais ça ne semble pas capable de remettre en marche un nouveau cycle de la gagne, auquel on a été tant habitué aux Spurs ces deux dernières décennies. La période post-Big Three promettait d’être compliquée, et elle l’est. Actuellement, la franchise semble prise le cul entre deux chaises, toujours candidate sérieuse à l’Ouest mais plus être en mesure de jouer les premiers rôles… pour l’instant. On dirait bien que c’est le moment pour être agressif en vue de la free agency cet été, mais les Texans ne disposent pas d’une grosse marge de manœuvre, les deux All-Stars englobant près de la moitié de la masse salariale de l’équipe sous le cap, avec encore deux ans de contrat chacun. Il faudra donc maximiser les opportunités, en plus de profiter d’un noyau de jeunes pousses qui s’est avéré intéressant. Pour le reste, on fait confiance à la magie Popovich, pas qu’on ait tellement le choix de toute façon.

Une saison transitoire pourrait bien en suivre une autre pour la mythique franchise. Néanmoins, le board de San Antonio a réalisé suffisamment de coups de maître pour qu’on se taise et qu’on les laisse faire tranquillement. On est juste un peu inquiet, car quand il s’agit des Spurs, c’est d’une dimension presque familiale dont il est question. Ménagez un peu papi Pop, il n’est plus tout jeune.


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