Marvin Bagley a fermé des bouches : moins de talent pur que Luka Doncic, mais alors quel fit chez les Kings

Le 08 avr. 2019 à 17:13 par Clément Hénot

Marvin Bagley III
Source : YouTube

On se souvient, beaucoup de fans des Kings ont grincé des dents au moment de la Draft 2018. La franchise disposait alors du deuxième choix de cette cuvée derrière les Suns qui sélectionnent sans surprise Deandre Ayton. Sactown peut choisir Trae Young, Jaren Jackson Jr. mais surtout Luka Doncic, longtemps annoncé premier choix après des saisons fantastiques au Real de Madrid. Finalement, Vlade Divac décide de sélectionner… Marvin Bagley, troisième du nom, devant le Slovène. Un choix très audacieux…

…Mais ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ? Auteur d’une Summer League vraiment pas terrible du tout malgré de bons débuts contre les Lakers, il fera ensuite preuve d’une incroyable nonchalance contre Miami en ne prenant que deux tirs (aucun réussi) en 30 minutes. Et lorsqu’il décide d’en tenter seize contre les Warriors ? Il n’en rentre que trois, tout ça avant de se faire engloutir par Deandre Ayton lors du match contre les Suns. Les fans commencent à fulminer d’avoir loupé un Luka Doncic qui marche déjà sur l’eau avec les Mavericks, fort de ses expériences passées au Real Madrid, et ils se disent que les saisons galère qui durent depuis maintenant depuis une quinzaine d’années sont loin d’être finies.

Le début de la saison régulière est un peu mieux, mais pas encore à la hauteur d’un second choix de Draft. Toutefois, Vlade Divac l’a répété à maintes reprises : choisir Marvin Bagley n’a pas été un choix difficile pour lui. Il a confiance en son poulain pour s’adapter, et le gamin de Duke aura sa chance. Ce qui n’est toujours pas fait pour rassurer les fans de Sacramento, dont le capital patience commence à devenir sérieusement entamé étant donné que le souvenir du trade de DeMarcus Cousins aux Pelicans est encore dans toutes les mémoires. Les Kings étaient alors lentement mais sûrement descendus dans la hiérarchie à l’Ouest. Mais Vlade Divac a pris un nouveau risque, et comme dirait le célèbre philosophe marseillais Mohamed Henni “Vous prenez jamais de risques et vous vous plaignez d’avoir une vie de merde”. Vlade Divac a tenté, sans doute pour préparer une nouvelle saison sous de meilleures auspices.

Et c’est justement ce qu’il va se passer : les Kings vont devenir l’équipe frisson de la ligue, vont retrouver de leur superbe et vont même jouer les trouble-fêtes dans la très relevée Conférence Ouest. Dans le sillage d’un De’Aaron Fox qui conduit à 200 km/h le camion dont Vlade lui a donné les clefs, c’est toute une équipe qui carbure à la vitesse de la lumière. Buddy Hield enchaîne les banderilles extérieures et devient un candidat crédible au titre de MIP en embuscade derrière Pascal Siakam et D’Angelo Russell, Bogdan Bogdanovic multiplie également les performances propres au tir en sortie de banc. Willie Cauley-Stein (quand il veut bien se bouger) se révèle être un éboueur redoutablement efficace. Harry Giles montre également de belles choses en sortie de banc mais Bagley semble être celui qui était le moins attendu à ce niveau, et encore moins en termes de fit.

L’ancien de Duke, au profil athlétique et très mobile pour son gabarit, fait un bien fou à la bench mob des Kings lorsque Bjelica part s’asseoir. Il s’est très bien adapté à la vitesse supersonique de son meneur de jeu, à l’instar d’Harrison Barnes, qui a pourtant joué plusieurs saisons avec Dirk Nowitzki et qui a probablement dû demander du sucre après ses trois premières attaques en violet… Bagley the third lui, n’a pas eu ce problème, son shoot du parking manque encore de fiabilité, mais sa vitesse d’exécution, ses qualités athlétiques et sa finition sous le panier en font un redoutable poste 4 moderne et un complément parfait à ce style d’équipe. Bagley finit la saison bien mieux qu’il ne l’a commencé et signe des moyennes de 14,7 points et 7,5 rebonds par match sur la saison. Il s’est même permis de se lancer dans le rap avec son titre “Look At Me Now” qui sonne comme une petite pique à tous ceux qui n’avaient pas cru en lui au début.

Mais ce qui surprend encore plus, c’est cette faculté à s’adapter et à se mettre en retrait pour le collectif à un si jeune âge. Bagley III aurait pu, en tant que second choix de Draft, vouloir tirer la couverture à lui et laisser son ego l’envahir. Il n’en fut rien, il a bossé en silence, s’est rendu indispensable et est devenu une pièce maîtresse du puzzle de Vlade Divac au cours de la saison. Bagley n’a que 20 ans et il est certain qu’il va encore progresser, et la possibilité de le voir devenir titulaire indiscutable n’est absolument pas à écarter. Peut-être que Doncic aurait apporté autre chose aux Kings, et qu’il aurait également éclaboussé la Californie de son talent, mais c’est bien monsieur Marvin Bagley III qui fait aujourd’hui profiter Sacramento de son humilité et de ses facultés d’adaptation.

Marvin Bagley est passé de “vilain petit canard” à “excellent choix de Vlade Divac”. Car on le répète, Divac n’a pas hésité au moment de sélectionner le touffu de Duke. Bien lui en a pris au final, puisque  même si Doncic fait des merveilles à Dallas, leur bilan n’est pas aussi propre et les soupçons autour de l’affaire Kristaps Porzingis viennent potentiellement assombrir un avenir qui s’annonçait plus clair. Et même s’ils ont échoué aux portes des Playoffs, les Kings ont fait sensation dans la très relevée Conférence Ouest et ont livré leur meilleure saison depuis bien longtemps. Bagley n’en est peut-être pas le principal artisan, mais les Kings lui doivent tout de même beaucoup.


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