La chronique de Dirk – Episode #9 : Charlotte est le théâtre du dernier acte étoilé de Dirk Nowitzki, bien plus une comédie qu’une tragédie
Le 17 févr. 2019 à 17:19 par Aymeric Saint-Leger
Avoir des quadras performants dans la Ligue, c’est rare. C’est l’heure d’apprécier les derniers moments de ces gloires du jeu, qui ont ravi les fans sur plusieurs décennies. Dirk Nowitzki fait partie de ceux-là. Il entre dans sa 21ème saison NBA, qui pourrait s’avérer être l’ultime baroud du géant. Le meilleur joueur européen de l’histoire qui vit sa dernière danse ? TrashTalk ne pouvait pas rater ça, et va vous permettre de suivre l’année de Tall Baller from the G grâce à une rubrique bimensuelle. Allez, avant d’entonner le chant du cygne, il est temps que Dirk nous régale encore quelques mois.
# RETOUR SUR SES DERNIÈRES PERFORMANCES
- 7 février vs Charlotte Hornets (victoire 99 à 93) : 15 minutes de jeu, 8 points (à 3/5 aux tirs, dont 2/4 du parking), 1 block, 2 fautes
- 9 février vs Milwaukee Bucks (défaite 122 à 107) : 18 minutes, 6 points (à 2/9 aux tirs, dont 2/6 du parking), 3 rebonds, 2 interceptions, 1 block, 1 faute
- 11 février vs Portland Trail Blazers (victoire 102 à 101) : 13 minutes de jeu, 3 points (à 1/2 aux tirs, dont 1/2 du parking), 3 rebonds, 2 balles perdues
- 12 février @ Houston Rockets (défaite 120 à 104) : 10 minutes de jeu, 6 points (à 2/4 aux tirs, dont 1/2 du parking, 1/1 aux lancers-francs), 1 assist, 1 faute, 1 balle perdue
- 14 février vs Miami Heat (défaite 112 à 101) : 17 minutes de jeu, 12 points (à 5/14 aux tirs, dont 2/10 du parking), 2 rebonds, 1 interception, 1 faute
Statistiques sur la saison : 26 rencontres disputées (0 fois titulaire), 11 minutes de jeu, 4,7 points (à 35,5% au tir dont 30,9% du parking, 83,3% aux lancers-francs), 1,7 rebond, 0,3 assist, 0,2 interception, 0,3 block, 1,3 faute, 0,3 balle perdue.
Il en aura fallu du temps, pour que Dirk Nowitzki parvienne enfin à trouver un rendement digne de son rang dans cet exercice 2018-19. Les deux premiers tiers en sont déjà écoulés, de quoi laisser le temps à Papy Schultz de préchauffer correctement. Les deux dernières semaines précédant le All-Star Break ont ainsi été vraiment solides pour le légendaire numéro 41. Lors des cinq rencontres des Mavericks, il a disputé 14,6 minutes de moyenne, et a été auteur de sept unités au scoring. Des statistiques au-dessus des moyennes en saison de l’Allemand, soit un bon signe pour l’état de son corps, ainsi que pour son moral. On sent qu’il continue à prendre du plaisir sur les parquets, et que sa condition physique, bien que limitée, est toujours au rendez-vous. De toute façon, lorsqu’il ne peut tenir la comparaison face aux jeunes athlètes de la Ligue, il compense avec son talent, son cerveau, et son sens du timing. N’est-ce pas, Sterling Brown ?
Le petit frère de Shannon a mangé sa crêpe façon galette-saucisse à l’allemande, et n’est pas devenu demander son reste. Si ce type d’action reste assez rare actuellement chez Dirk Diggler, elle démontre qu’il peut toujours jouer, et comme il faut. Qui pensait que dans ce même match face aux Bucks, il était encore capable d’intercepter deux ballons ? Attention, c’est du season high. Il a d’ailleurs failli attendre sa meilleure performance de la saison au scoring (14 points), face à Miami le soir de la Saint-Valentin, où il retrouvait son ennemi préféré, Dwyane Wade. Avec 12 unités, un 5/12 au global et un laid 2/10 du parking, le menu du 14 février n’était pas folichon. Par contre, en grand gentleman qu’il est, le Wunderkind s’est quand même ramené à l’American Airlines Center avec un petit cadeau pour Flash.
#DirkNowitzki qui shoote sur la truffe à Wade : 💉💉💉pic.twitter.com/OWVvhlwieY
— Dallas Mavs France (@DallasMavsFr) 14 février 2019
Ah, qu’est ce qu’on aime ça. Une des plus jolies rivalités des années 2000 qui connaît un léger revival sur une telle action, on apprécie. Désormais, bien lointaine est l’époque où Tall Baller from the G et D-Wade se frittaient pour aller chercher une bague. Oubliée est la phase où les deux joueurs ne s’appréciaient pas particulièrement. La hache de guerre est désormais enterrée, bien enfouie entre les deux légendes, qui disputaient ce 14 février leur dernière rencontre face-à-face. À moins que, contrairement à ce que pense Mark Cuban (qu’on n’évoquera pas ici pour risque de flots de larmes incontrôlés), Dirk Nowitzki rempile une saison supplémentaire. Même malgré ça, il faudrait que Flash en fasse de même. Et la légende du Heat est déterminée à raccrocher les sneakers à la fin de cette saison. Peut-être se retrouveront-ils en Big3 League à l’avenir… Allez, trêve de plaisanteries, pendant que certains profitent de la trêve, il y a bien une dernière confrontation de prévue pour les deux hommes pendant celle-ci, et elle aura lieu ce soir, au terme d’un week-end exaltant pour le grand Allemand.
# DIRK NOWITZKI AU CENTRE DES FESTIVITÉS, LE GRAND BLOND PROFITE DU WEEK-END DANS UN ÉVÉNEMENT QU’IL CONNAIT AUSSI BIEN QU’OKTOBERFEST
Le chiffre 14 est présent partout cette semaine pour le Bon Gros Géant. Après la rencontre face à Miami lors du jour des amoureux, il honorera sa quatorzième (et dernière) participation au match des étoiles dès ce soir au Spectrum Center de Charlotte. Il s’agira de la dernière étape d’un séjour rempli d’émotion et d’action, entre performances sportives et coachesques, mais également par de bons vieux souvenirs qui remontent à la surface. Le All-Star Weekend, c’est aussi l’occasion de se rappeler, de se remémorer de bons moments. Un des meilleurs pour raconter ce genre d’instants, c’est bien sûr Charles Barkley. Lors d’une ancienne édition de la grande fête de février, il était venu narrer sa rencontre avec Dirk Nowitzki, un sacré phénomène dès le plus jeune âge. Morceaux choisis.
“Lors d’un match exhibition en Allemagne, il y avait Michael [Jordan], Scottie [Pippen], et d’autres joueurs NBA. On dirait que ce mec [Nowitzki, NDLR] a 18 ans. À cette époque, Scottie était considéré comme le meilleur défenseur au monde. Dirk est en train de nous botter les fesses, il est à 25 points à la mi-temps. Avec Michael, on dit à Scottie : ‘Scottie, tu dois t’activer un peu’. Il répond : ‘Je vais le verrouiller en deuxième mi-temps, je vais le lockdown.’ Dirk a terminé le match à 52 points.”
“Donc je vais le voir à la fin du match, je lui demande ‘Qui es-tu mec?’, il répond, commence à parler. Je lui demande où est-ce qu’il va jouer la saison prochaine, et il me répond qu’il doit aller à l’armée. […] Je me suis dit ‘C’est mort, le mec fait 2m10, il ne peut pas aller faire la p***** d’armée’.”
Le bon gros Chuck voulait ramener le prodige européen à la fac d’Auburn, mais Dirk Diggler a directement rejoint la NBA. Grand bien lui en a pris, puisque sa carrière est bien plus que réussie. Il est donc à l’honneur pendant tout ce week-end, pour lui rendre hommage bien sûr, mais il est également mis à contribution. Cela a débuté vendredi soir, lors du Rising Star Challenge, où Dirk coachait la Team World. Dans ce genre d’événement, les coaches n’ont pas vraiment une importance capitale. Les discours sont du blabla basique, la bonne humeur est présente. Si Kyrie Irving, coach de l’équipe américaine, est resté sobre, Dirk Nowitzki a fait du Dirk Nowitzki, avec une allocution pleine d’humour, qui tend toujours à pousser son poulain vers l’excellence.
Coach Dirk and Coach Kyrie give their squads some encouragement as they get ready to take the floor on TNT!#MTNDEWICERisingStarspic.twitter.com/tlerE24rFC
— NBA on TNT (@NBAonTNT) 16 février 2019
“Je vous laisserais la stratégie, ils ne m’ont pas vraiment choisi pour être le coach. Je souhaite des tirs ouverts, je veux que l’on partage le ballon, et non pas qu’un gars dribble vingt fois et ne rien créer, comme Luka le fait aux Mavs.”
Ahhh, la bonne petite punchline du Wunderkind adressée à son jeune partenaire, qui semble amusé par cette petite vanne. En même temps, il faut dire que Luka Doncic était venu en toute décontraction à Charlotte, que ce soit pour le match du vendredi ou le Skills Challenge du samedi. Dans les années futures, peut-être verra-t-on le Slovène prendre part au concours à trois points. Pour l’heure, c’est son aîné qui s’y est collé. Dix-neuf ans après sa première participation, papy est revenu pour slalomer entre les racks et démontrer la précision de son poignet. Et ça, il sait faire. Pour preuve, il a remporté le concours en 2006. Parmi les dix concurrents présents hier soir, il n’était pas favori. Les blagues allaient même bon train sur la nécessité de rajouter du temps pour que le numéro 41 ait le temps de shooter tous ses ballons. Pour autant, le résultat est loin d’être horrible.
17 points, c’est autant que Damian Lillard, plus que Khris Middleton, Kemba Walker ou encore Seth Curry. Si le niveau n’avait pas été aussi élevé, il aurait presque pu décrocher une place en finale. Mais lorsque l’on voit qu’avec 23 (coucou Danny et Devin), on n’est pas dans le trio final, c’est chaud. C’est dommage, mais c’est déjà superbe d’avoir pu prendre part à la fête, même si le public de la Caroline du Nord était bien moribond ce samedi soir. On omettra évidemment les deux ÉNORMES airball de Dirk Nowitzki pendant le concours, pour retenir que malgré les railleries, pépère était à l’heure pour le dernier rack, et très largement. Il parvient facilement à expliquer pourquoi, à la sortie de son run.
“Je me suis plus donné pour courir entre les racks que ce que je fais d’habitude pour le repli défensif”.
Petit trait d’esprit, et détermination à tout épreuve, il a tout donné. Malgré tout, pas de surprise malheureusement, les corners, ce n’est pas fait pour lui. Rien de plus normal, quand on a passé toute sa carrière à shooter à 45 degrés. Bref, Tall Baller frioom the G a joué le jeu, plutôt pas trop mal, ce qui laisse présager de bonnes choses pour ce soir… et éventuellement à plus long terme. C’est ce qu’il laisse sous-entendre auprès de Stefan Stevenson du Star Telegram lors du média day du All-Star Weekend.
“Les fans m’ont déjà montré beaucoup d’amour à l’extérieur, même si évidemment, je n’ai pas encore annoncé que cela allait être la fin. Je veux voir comment mon corps se sent sur les prochaines semaines. Si je parviens à voir des améliorations, que c’est toujours fun, je pense que nous prendrons cette décision [la retraite, NDLR] plus tard. […] J’adore ça. Dans le vestiaire il y a des blagues sur mon âge tous les jours. Ils m’appellent abuelo [grand-père en espagnol, NDLR] ou ‘grandfather’, ce genre de choses. J’apprécie ça. Fut un temps, j’étais le jeune gars qui se moquait des vieux. Maintenant je suis le vieux mec allongé sur la table de rééducation. C’est le cercle de la vie, ainsi va la vie.”
Papy n’a pas honte de son âge, bien au contraire, et compte toujours montrer aux petits jeunes de quel bois il se chauffe. Dix-sept ans après sa première sélection pour le match du dimanche soir, en 2002, il va faire sa dernière apparition dans un All-Star Game cette nuit. Oui, ça n’a jamais été son terrain de jeu privilégié, on a vu plus spectaculaire comme joueur pour un show tel que celui-ci. Cela n’empêche pas qu’il pourrait nous offrir de bons moments, comme un remake du alley-oop Curry-Nowitzki, ou encore une grosse série de banderilles du parking, histoire de faire rugir le Spectrum Center de bonheur. Le temps de jeu sera limité, peu importe. Dirk Diggler était aux affaires vendredi, samedi et dimanche soir, ce n’est pas donné à tout le monde. La preuve en est, une fois de plus, que l’Allemand est grand, bien plus que par la taille ou le talent, mais aussi par l’humilité, la gentillesse, par toutes les qualités humaines qui le rendent tant apprécié par le monde de la NBA dans son intégralité. Puis, s’il n’a jamais performé dans ce type d’événement, que ce soit en termes de spectacle ou de statistiques, il sait faire lorsque cela compte vraiment, en témoigne les classements all-time.
DIRK AU RÉVÉLATEUR DES STATISTIQUES
Lorsque l’on joue autant de temps dans une Ligue, et que l’on a été un franchise player pendant tant d’années, on fait partie des légendes de ce jeu. Dirk est l’un des plus grands par le talent, et cela se vérifie forcément au niveau statistique. C’est ainsi que nous surveillerons tout au long de l’année sa position dans différents classements all-time.
Classement des marqueurs les plus prolifiques en carrière :
Septième avec 31 310 unités.
Ce sont encore 109 points qui séparent le BGG de Wilt Chamberlain et de la sixième place dans ce classement. Avec encore 25 rencontres à disputer en saison régulière, il faudrait donc que Dirk Nowitzki score 4,36 points par match pour gratter un spot. Cela paraît réalisable, mais il ne faudra pas faiblir.
Classement du nombre de paniers réussis en carrière :
Neuvième avec 11 078 tirs réussis.
252 unités séparent le Now du Shaq, ce qui représente quand même un certain nombre de buckets. La marche du Big Aristotle sera trop haute pour Tall Baller from the G. Enfin, pour cette saison…
Classement du nombre de matchs disputés en carrière :
Quatrième avec 1 497 rencontres disputées.
Avec cinq matchs disputés avant le All-Star Break, le Wunderkind n’est désormais plus qu’à trois petites unités de la mythique barre des 1 500 rencontres en carrière. Avec neufs oppositions disputées de plus, il égalera John Stockton et se hissera péniblement sur le podium all-time de cette catégorie statistique.
# LE PROGRAMME DE DIRK NOWITZKI
Deux prochaines semaines :
- ALL-STAR GAME DÈS CE SOIR, 2H DU MATIN
- 23 février vs Denver Nuggets
- 24 février @ Utah Jazz
- 26 février @ Los Angeles Clippers
- 28 février vs Indiana Pacers
- 3 mars vs Memphis Grizzlies
Avant toute chose, on va bien évidemment profiter du All-Star Game de ce soir, que l’on espère un peu plus engagé et accroché que d’habitude. Sempiternel refrain qui résonne la plupart du temps dans le vide. Tant pis, c’est le dernier match de panier-ballon avant quelques jours, on va s’en contenter. Pour Dirk Nowitzki et les Mavs, ce sont cinq jours de repos qui vont arriver, avant la très sérieuse reprise des hostilités soit pas moins de cinq rencontres à disputer en neuf jours.
Le repos ne sera ainsi pas de trop, puisque ce sont de belles armadas qui attendent les Texans. Aucun match ne sera facile à aller chercher pour les hommes de Rick Carlisle. Si les Playoffs sont encore accessibles mathématiquement, ils semblent quasiment hors de portée de la bande à Luka. La fin de saison s’approche doucement pour Dallas, et elle pourrait intervenir dès le 11 avril.
25 rencontres, c’est ce qu’il reste à disputer pour Dirk Nowitzki. Lors des deux prochaines semaines, il fera face pour l’ultime fois au Jazz, aux Clippers, et aux Pacers. Ajoutées aux huit franchises qui ne croiseront plus la route du Wunderkind, cela donne onze publics qui ne reverront probablement pas la carcasse du géant germanique sur un parquet de leurs propres yeux. M-25, après ce soir, le compte à rebours sera malheureusement lancé.
Dirk Nowitzki est en forme, il le prouve en saison régulière, ainsi que pendant les festivités du All-Star Weekend. Espérons encore le voir s’amuser et nous faire nous lever de notre fauteuil ce soir. Pour les 56 ans de The Airness, le Wunderkind, à 61 ans, peut nous offrir un dernier récital étoilé, avant de se replonger dans une phase très sérieuse de la saison. Tant qu’il prend du plaisir et qu’il performe suffisamment, on peut se prendre à rêver tout bas d’une 22ème saison… Allez, auf wiedersehen, à dans deux semaines.
Sources texte : YouTube/SportsHighlights1, Twitter/@DallasMavsFr, Twitter/NBAonTNT, Star-Telegram