Danny Ainge commence à découvrir le revers de la médaille : se foutre de la gueule du monde, ça se paye

Le 04 févr. 2019 à 15:35 par Enzo Ferretti

Danny Ainge
Source image : Montage IGN

Existe-t-il un general manager NBA aussi charismatique et insolent que Danny Ainge ? Décideur important des Celtics depuis plus de 15 ans maintenant, il s’est souvent distingué par ses décisions fortes, ses coups de génie et son flegme à toute épreuve, quitte à choquer. Jusqu’à maintenant, ça lui a plutôt souri, mais la donne risque bientôt de changer.

La NBA est un business et les franchises sont des entreprises qu’il faut faire tourner en laissant peu de place aux sentiments. Cet aspect est une chose que Danny Ainge a très bien compris. Lorsqu’il a pris en main les Celtics en 2003, il a su mettre de côté tout le côté affectif afin de faire de Boston une franchise de nouveau victorieuse, elle qui sortait d’une décennie 90 complètement blanche. Le GM a toujours su prendre les choses à bras le corps, si bien qu’en 2013, il n’a pas hésité à entamer une reconstruction en envoyant les deux légendes Paul Pierce et Kevin Garnett aux Nets et en remplaçant l’expérimenté Doc Rivers par le jeunot Brad Stevens. Ces décisions fortes et forcément contestables lorsqu’on est fan des Celtics sont difficiles à encaisser mais force a été de constater qu’elles se sont avérées être bonnes et qu’elles ont fait avancer la franchise. Ces dernières années, Danny Ainge s’est fait remarquer sur la planète NBA, notamment lors du dossier Isaiah Thomas : le lutin, coqueluche adorée du TD Garden au niveau de jeu flamboyant et à la loyauté à toute épreuve avait conquis tout le peuple vert et se distinguait comme le véritable franchise player. Résultat ? Ce bon vieux Danny a parlé chinois au moment d’une éventuelle prolongation de contrat, sachant pertinemment que le fait de donner du cash à un petit lutin n’est jamais une très bonne affaire dans un monde de grands gaillards comme la NBA. Du coup, ni une ni deux, il a monté un trade avec les Cavaliers et envoyé son joueur paître à Cleveland en échange de Kyrie Irving. Une fois de plus, l’image du GM est ternie mais l’avenir lui donnera encore raison lorsqu’on voit la place qu’à pris Uncle Drew chez les Celtics cette année. Du coup, on se dit simplement que c’est un manager pragmatique, même si son comportement est borderline, et on laisse passer. Mais aujourd’hui, l’homme a une réputation et doit désormais la trimbaler partout où il va. Les Celtics sont d’ailleurs dans la danse pour recruter Anthony Davis et ont des arguments à faire valoir mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le père du joueur ne voit pas du tout Boston d’un bon œil et l’a affirmé au micro d’ESPN.

“Je ne voudrais jamais que mon fils joue pour Boston après ce qu’ils ont fait à Isaiah Thomas. Aucune loyauté, le gars a donné son cœur et son âme et ils l’ont tradé. […] Ce n’est que mon avis, pas celui d’Anthony. J’ai juste vu des choses au fil des années avec Boston et il n’y a aucune loyauté.”

Ça, c’est dit et franchement, difficile d’aller à l’encontre de ses paroles. Comme lui, nous étions à l’époque tous outrés du comportement de Danny Ainge vis-à-vis d’Isaiah Thomas, et même si ses décisions sont souvent bonnes, la manière de fonctionner fait jaser et ne rend pas vraiment service à la franchise en termes d’image. En effet, à quoi bon vouloir s’installer dans la durée à Boston quand on sait que sur un coup de tête, le GM peut te bazarder on ne sait où du jour au lendemain. Aujourd’hui, Boston passe pour un endroit austère, peu sécurisant et où la mainmise du GM contraint même les meilleurs joueurs de l’équipe à penser au jour le jour. D’ailleurs, l’actuel franchise player des Celtics l’a bien compris et après un an et demi passé sous le maillot vert, il a déclaré qu’il ferait le meilleur choix pour sa carrière l’été prochain et donc que le fait de rester dans le Massachusetts n’était pas du tout une évidence pour lui. On dirait bien que les fichues manies de Danny Ainge commencent gentiment à lui retomber dessus. À vouloir jouer au pragmatique sans sentiment en occultant la fidélité, la loyauté et le respect qui sont des valeurs essentielles dans le monde du sport, le general manager des Celtics a fini par se construire une image négative de dirigeant froid et antipathique, même s’il fait objectivement du bon boulot. Sa façon de gérer les joueurs est très décriée en NBA et ceci pourrait coûter à la franchise d’être moins attirante à l’avenir. Pour l’instant, Anthony Davis lui-même n’a pas spécialement émis de réserves à une possible arrivée à Boston mais attention Danny, le calcul ne fait pas tout, il faut savoir parfois faire preuve de tact et de reconnaissance.

Aujourd’hui, Danny Ainge demeure malgré tout l’un des meilleurs GM de la Ligue aujourd’hui. Ses qualités ne sont pas remises en causes ici et il faut rappeler que la situation actuelle de la franchise est également le fruit de son superbe travail effectué jusqu’à présent. Cependant, ses méthodes continuent à faire débat et il pourrait bientôt les regretter. L’arroseur arrosé comme on dit.

Source texte : ESPN