Raja Bell raconte comment il a gagné le respect de Kobe Bryant : le trashtalking ça rapproche

Le 04 sept. 2018 à 16:30 par Aymeric Saint-Leger

Kobe Bryant - Suns
Source image : YouTube / ABC

Alors que l’on célébrait il y a peu Kobe Bryant à l’occasion de son quarantième anniversaire, c’est l’occasion pour chacun de se rappeler plusieurs moments de la carrière du Mamba. Il y en a forcément un qui reste un souvenir impérissable pour chacun d’entre nous. C’est aussi le cas de Raja Bell. L’arrière qui a quitté les parquets lors de la saison 2012-13 était un défenseur pugnace qui a enquiquiné Vino pendant leur passage commun dans la Ligue, et d’autant plus un soir de Playoffs en 2006. Il est un des rares à avoir défié le numéro 8 de l’époque, qui aime ça.

Raja Bell, bien que retraité depuis seulement quelques années, représentait bien le basket à l’ancienne. Malgré un physique pas si impressionnant pour un poste 2 (1m96 pour 92 kilos), c’était un défenseur acharné, dur sur l’homme, mais aussi capable d’artiller sérieusement. Le monsieur tourne quand même à 40,6% de moyenne en carrière du parking, et a réalisé deux saisons consécutives à 14,7 points par rencontre, en 2005-06 et 2006-07. À cette époque, Mr Cloche est dans son prime, approchant la trentaine. Il fait partie de l’effectif des Suns, chapeauté par Mike D’Antoni, où se trouvent des gros joueurs, à l’exemple de Steve Nash et Amar’e Stoudemire. Avec les Babac, et autres Shawn Marion et Leandro Barbosa, il agit en soutien de ce duo d’exception qui maîtrisait tant le pick-and-roll. En quelque sorte, celui qu’on surnommait Kobe Chopper était un 3&D de luxe, le genre de type qu’il faut dans un roster pour aller loin dans les joutes printanières. Tiens, mais d’ailleurs, pourquoi un tel surnom ? Sans doute parce que Raja Bell et un certain monsieur oscarisé aujourd’hui ont une histoire commune dans cette Ligue. Tout commence en 2001, lors des Finales NBA. Alors que Kobe est déjà l’homme à (a)battre, Philadelphie cherche des solutions pour contenir la bête. C’est ainsi qu’un non drafté de 1999 intègre le roster de Larry Brown. Il s’agit bien du jeune arrière de 24 ans à l’époque qu’on envoie au mastic contre le numéro 8 des purple and gold pour lui rentrer dans la gueule. C’était le boulot de Raja Bell, et c’est comme ça qu’il s’est fait sa place en NBA. Son arrivée dans la Conférence Ouest à partir de l’exercice 2003-04 va lui offrir plus de confrontations avec le futur Hall of Famer. Mais c’est vraiment lors de la saison 2005-06 où la rivalité va être exacerbée. C’est à partir de là que commence le meilleur souvenir de l’ancien arrière des Suns, qu’il conte à Drew Ruiz de HoopsHype.

“Il y en avait beaucoup [de souvenirs, ndlr] sur le terrain. On a échangé beaucoup de coups de coude et fait beaucoup de trashtalking et d’autres choses de ce genre, mais un de mes souvenirs préférés me ramène à l’époque où on se cherchait à travers les médias. Je ne sais pas comment Kobe se sentait à l’époque, mais je détestais vraiment ce mec à cette époque. Je ne l’aimais vraiment pas. Puis la partie la plus cool de cette histoire pour moi est qu’avec le temps, lorsque je l’ai revu, on a commencé à développer un peu de respect mutuel. Une relation a commencé à se développer. Nous ne sommes jamais devenus les meilleurs amis du monde. Mais à une époque, il m’arrivait de le contacter et de lui demander s’il avait besoin de quelques chose, ou d’un endroit où venir passer Thanksgiving si les Lakers étaient en ville, ou je prenais simplement des nouvelles de sa famille. C’était assez cool. Parmi tout, c’est ce que j’ai préféré. Il semblait y avoir un niveau de respect que nous avions atteint, et lorsque tu peux dire que tu as réalisé ça avec un des meilleurs joueurs de tous les temps, je trouve ça plutôt cool pour moi.”

La détestation, elle provient de cette saison 2005-06. La baston de coup de coudes, les deux hommes en étaient spécialistes. En novembre, Bell quitte le terrain avec une lèvre ouverte. En avril, lors de la troisième confrontation entre Phoenix et L.A., Kobe plante 51 points sur la tête de son adversaire. En bon trashtalker, Kobe commence la joute verbale en après-match, avec une petite décla sympa : ‘I’ve got bigger fish to fry than Raja Bell. Are you kidding me ?’. Ce que vous pouvez traduire par ‘J’ai d’autres chats à fouetter’ en français. Soit, l’arrière des Suns n’est qu’une formalité à gérer pour lui. L’escalade de la provocation par presse interposée se poursuit, jusqu’au premier tour des Playoffs à l’Ouest, où se retrouvent le troisième et le sixième, soit… Suns et Lakers, bingo. La série sera âpre entre les deux hommes, jusqu’à ce fameux Game 5. En tout début de quatrième quart-temps, suite à d’éventuelles provocations de Phil Jackson, Raja Bell dégoupille, et envoie un coup de la corde à linge à faire pâlir le Clothesline from hell d’un certain JBL. Le pugilat est évité de peu, suspension d’un match pour le guard de Phoenix, qui reviendra pour le Game 7 où son équipe se qualifiera. Il faut quand même se rappeler que le bon vieux Raja, il s’est tapé avec Vino qui était quand même dans sa saison à 35,4 points de moyenne. Ce défi permanent, cette non-peur que l’arrière des Soleils a manifesté face au Black Mamba, c’est quelque chose de rare. C’est ainsi que le contentieux entre les deux hommes, après quelques punchlines encore bien sympathiques, s’édulcorera avec le temps, jusqu’à ce qu’un réel respect s’installe entre le Kobe Chopper et sa cible, avant que Raja n’annonce officiellement sa retraite en 2014, deux ans avant un des ses meilleurs ennemis.

Tenir tête à Kobe Bryant, et lui rentrer dans le lard, tout en le stoppant, personne n’a vraiment réussi à le faire. Mais pour ce qui est de le titiller, de le limiter, Raja Bell était clairement l’un des meilleurs. Par sa pugnacité, son acharnement parfois à la limite de la règle, il a obtenu le respect du Black Mamba, quelque chose de précieux. C’est une belle anecdote que ressort Mr Cloche, qui se remémore le bon vieux temps, et qui en gardera sans doute un souvenir impérissable.

Source texte : HoopsHype, ESPN