Ça s’est passé un 18 juillet : Shaquille O’Neal quitte Orlando pour Los Angeles, un vrai séisme en NBA !

Le 18 juil. 2017 à 08:45 par Nicolas Meichel

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Le 18 juillet 1996, la NBA changeait de visage. En effet, ce jour-là, l’agent libre Shaquille O’Neal décidait de quitter les palmiers d’Orlando pour rejoindre ceux de Los Angeles. Après quatre saisons sous le maillot du Magic, Shaq signait un contrat de sept ans et 120 millions de dollars avec les Lakers. Retour sur ce tremblement de terre qui a bouleversé la ligue.

Vous vous rappelez de la décision de LeBron James d’abandonner Cleveland pour amener ses talents à South Beach en 2010 ? Ou même celle de Kevin Durant il y a un an, quand il a choisi de changer de zone de confort en signant à Golden State après neuf saisons du côté d’Oklahoma City ? En 1996, la NBA a vécu un séisme similaire avec le pivot de 24 ans Shaquille O’Neal, considéré à l’époque comme le présent et le futur de la ligue. Premier choix de la Draft (1992), Rookie de l’année (1993), All-Star chaque saison (1993-1996), meilleur marqueur de la ligue (1995) et trois fois membre d’une All-NBA Team (1994, 1995 et 1996), Shaq avait rapidement réussi à enclencher le mode rouleau compresseur en NBA et à placer la très jeune franchise d’Orlando sur la carte du basket US. Le Magic, créé en 1989, était devenu l’un des poids lourds de la Conférence Est au milieu des nineties, où il a notamment participé à une Finale NBA face aux Houston Rockets d’Hakeem Olajuwon (1995). Bref, l’avenir s’annonçait brillant à Orlando, jusqu’à ce 18 juillet 1996.

Cette date marque officiellement la fin de l’ère O’Neal au Magic, et le début d’un chapitre légendaire chez les Lakers. Présent à Atlanta avec la troisième version de la Dream Team dans le cadre des Jeux Olympiques 1996, Shaq justifiait son choix dans une conférence de presse aux côtés du manager général de Los Angeles, Jerry West. Argent ? Tensions avec son talentueux coéquipier Penny Hardaway ? Mauvaises relations avec le coach Brian Hill et les médias d’Orlando ? Rien de tout cela selon O’Neal.

“Le changement est une bonne chose. Je suis un enfant de militaire, je suis habitué à déménager tous les trois, quatre ans. Les Lakers ont une grande tradition, notamment chez les intérieurs. […] Ils ont une jeune équipe, le style de jeu de l’Ouest est plus ouvert, donc j’espère pouvoir montrer mes talents un peu plus. […] L’argent n’était pas le facteur principal de ma décision. J’en ai assez d’entendre parler d’argent, d’argent, d’argent, d’argent. Je veux juste jouer, prendre du plaisir, boire du Pepsi et porter du Reebok.”

Dans un article paru l’an dernier sur le site de CBS Sports, Joel Corry décrit les coulisses qui ont provoqué cette décision. Il y a 21 ans, Corry était le consultant de Leonard Armato, l’agent de Shaquille O’Neal. Il a donc eu accès à l’ensemble des négociations. D’après lui, le Magic s’est sabordé tout seul alors qu’il avait toutes les cartes en main pour prolonger son arme de destruction massive. D’abord, sur le plan financier, la franchise floridienne possédait l’avantage car elle détenait les Bird rights du pivot. De plus, il n’y avait pas de salaire maximum à l’époque, ni de luxury tax. Mais Orlando n’en a pas profité. Au contraire, Corry indique que le Magic a initialement mis sur la table une offre très en deçà des attentes d’O’Neal, à hauteur de 13,5 millions de dollars par saison alors que Shaq attendait un salaire autour des 20 millions. La raison ? La franchise floridienne aurait voulu garder de la marge en vue de prolonger Penny Hardaway plus tard. Ensuite, Orlando aurait mis en avant les moindres faiblesses de son joueur (comme la défense et le rebond) pour gagner un peu de flexibilité dans les négociations. Pas forcément une bonne idée vis-à-vis du pivot. Et c’est à partir de là qu’un départ aurait été envisagé dans le camp de Shaquille O’Neal.

Pendant ce temps, du côté de Los Angeles, Jerry West faisait le nécessaire pour libérer de la masse salariale et ainsi se placer sur le dossier. C’est notamment pour cette raison que “The Logo” a transféré en 1996 l’intérieur des Lakers Vlade Divac contre le rookie Kobe Bryant. Ce trade est aujourd’hui encore l’un des plus gros coups de génie de l’histoire, parce qu’il a non seulement permis à la franchise californienne d’acquérir Kobe mais aussi parce qu’il a donné la possibilité à celle-ci d’offrir un meilleur deal à Shaq. Devant cette menace grandissante, le Magic avait réagi en augmentant son offre pour O’Neal à travers un contrat de sept ans et 109 millions de dollars, mais les Lakers proposaient 120 millions sur la même durée. Pour rappel, à ce moment-là, Orlando ne pouvait pas s’aligner dans le but de garder son joueur, car la notion d’agent libre restrictif n’existait pas entre 1995 et 1998. La suite, on la connait. La signature de Shaquille O’Neal à Los Angeles marque un tournant dans l’histoire de la NBA. Les Lakers deviennent rapidement l’une des meilleures équipes de la ligue et se transforment carrément en machine de guerre quand Phil Jackson débarque et Kobe Bryant explose. Durant la première moitié des années 2000, Los Angeles ramasse trois titres de suite et O’Neal remporte à chaque fois le trophée de MVP des Finales. Du côté d’Orlando, le départ de Shaq a logiquement été synonyme de déclin. En effet, sans son dominant big man, le Magic est devenu une équipe moyenne de la Conférence Est entre 1996 et 2003, période qui correspond au prime d’O’Neal.

En jouant avec le feu, la franchise floridienne s’est brûlée et a vu Shaquille O’Neal s’envoler pour Los Angeles. Si ce dernier a déclaré en 2015 qu’il regrettait cette décision, c’est surtout le Magic qui doit aujourd’hui s’en mordre les doigts par rapport à la façon dont se sont déroulées les négociations à l’époque. Bah oui, avec Shaq, peut-être qu’Orlando aurait un titre à l’heure actuelle…