The Palace of Auburn Hills : bienvenue en enfer
A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction le Michigan et plus particulièrement Detroit, pour une visite guidée du Palace of Auburn Hills qui accueillait les Pistons entre 1988 et 2017.
La fiche
- Dernier nom : The Palace of Auburn Hills
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Ancien nom : Bradley Center
- Adresse : 6 Championship Drive
- Ville : Auburn Hills, Michigan
- Date d’ouverture : 13 août 1988
- Date de fermeture : 12 octobre 2017
- Démolition : février 2020
- Capacité : 22 076 personnes
- Propriétaire : Tom Gores
- Surnom : The Palace
- Successeur : Little Caesars Arena depuis 2017
Histoire
Première salle officielle des Detroit Pistons, le Palace voit le jour le 13 août 1988 dans la banlieue Nord de la ville automobile, Auburn Hills. Parmi les anciens locataires, on retrouve le Shock (WNBA), les Vipers (hockey sur glace), le Safari (soccer indoor), le Fury (football indoor) et l’équipe de la NBA, les Pistons. La salle aura coûté 70 millions de dollars et les travaux sont alors dirigés par les architectes de Rossetti Associates. William Davidson, propriétaire de la franchise, en avait marre de trimbaler son équipe de parquet en parquet et c’est donc lui qui financera les installations. C’était d’ailleurs l’une des quatre arènes de la NBA à ne pas porter le nom d’une entreprise ou d’une firme.
Pour le premier match dans ce qui allait devenir l’antre des Pistons, les hôtes recevaient les Hornets le 5 novembre 1988. Les Bad Boys, comme à leur habitude, avaient limité leurs adversaires à 34,7% aux tirs pendant la soirée alors que leur collectif maîtrisa la partie, remportée 94 à 85 derrière Bill Laimbeer et ses 14 points, 12 rebonds, 4 contres. Les fans de l’époque avaient en leur possession pas moins de 21 454 places assises, avant les rénovations effectuées en 1997 pour monter ce chiffre à 22 076 sièges. Le prix moyen des places s’élevait à 31 dollars au début des années 90 alors que si vous vouliez siroter une coupe de champagne dans une suite de luxe, vous pouviez payer 850 dollars au milieu des années 2000. Au niveau du parquet, ce dernier a subi des changements en raison de la mise à jour du logo, remplaçant le dernier dans le rond central alors que l’inscription “The Palace” se situait derrière la ligne à trois points.
Etant une enceinte multiculturelle, The Palace se détachait du sport de temps à autre avec l’organisation de concerts, comme le témoigne le show d’ouverture en compagnie de Sting et de la toute dernière performance au sein du complexe en septembre 2017, signée Bob Seger. Au total sur presque 30 ans d’existence, ce n’est pas moins que 200 événements qui ont pris place chaque année dans le Michigan. Concernant le basket, l’arène a reçu les Finales WNBA de en 2003 et 2006 ainsi que les Finales NBA de 1989, 1990, 2004 et 2005. A propos des records établis, deux joueurs tiennent la meilleure performance offensive de la salle avec 46 points chacun. Le premier est Grant Hill, le 8 février 1999 contre les Wizards et le second est Jerry Stackhouse qui prendra feu le 15 mars 2001 contre les Lakers. Bien évidemment, Dennis Rodman aura gobé le plus de rebonds avec 34 prises le 4 mars 1992 contre les Pacers alors que le surprenant et mystérieux Brandon Jennings aura distribué 21 passes décisives le 21 janvier 2015 contre le Magic.
Meilleur souvenir au Palace d’Auburn Hills
Les Pistons ont connu de beaux jours dans leur ancienne salle dont l’obtention de trois titres de champions NBA, en 1989, 1990 et 2004. On vous emmène à la fin des années 80 avec les original Bad Boys de Detroit, en quête d’une première bannière historique. Nous sommes donc en 1989, James Harden n’est pas encore né et Janet Jackson squatte le Billboard Hop 100, le basket se joue à la dure… Ah la belle époque ! La date indiquée sur le tableau de bord de la DeLorean est le 6 juin 1989, quelques heures avant le Game 1 des Finales NBA opposants les Lakers aux Pistons. Un an auparavant, les Angelinos s’étaient imposés contre ces mêmes Bad Boys en sept matchs. On prend les mêmes et on recommence. Sauf que cette fois, la tournure des événements ne sera pas en faveur des Pourpre et Or.
D’un côté, Detroit, balayant les Celtics et les Bucks avant de remporter sa série contre les Bulls en six matchs. De l’autre, Los Angeles, sweepant absolument tout le monde, Portland, Sonics et Suns. Ils n’ont pas perdu un seul match depuis le 15 avril 1989, monstrueusement impressionnant. On ne vous cache pas que ces derniers sont les grands favoris mais bon, sur un malentendu, oublie que t’as aucune chance comme dirait l’autre. MoTown reçoit pour les deux premières rencontres, qu’elle remportera avec une facilité déconcertante, Isiah Thomas malmène la défense et Joe Dumars est toujours présent avec 22 pions. The Nice Guy va même monter en température dans la deuxième manche avec 33 points à 10/16 aux tirs alors que l’excellent Vinnie Johnson cumule 37 points en sortie de banc sur ses deux premiers matchs. Les Californiens sont sous le choc mais comptent bien renverser la situation chez eux. Que nenni, le Michigan se réveille dans le dernier quart-temps pour repasser en tête derrière 31 puntos de Joe Dumars et 26 de l’ami Thomas. Les Lakers sont menés 3-0 et sont désarmés. C’était le match de trop. Ils s’inclineront lourdement lors du Game 4 malgré 40 points de James Worthy. Le challenge était trop gros pour passer à côté, les Bad Boys ont voulu ramener la cité des Anges sur terre, c’est chose faite. Le premier titre de l’histoire de la franchise de Detroit, pas de doute cette équipe était incroyable, du sang et des coups, l’équipe la plus dure à jouer a su trouver sa voie jusqu’au Graal. Deux autres titres suivront dont un en back-to-back.
Pire souvenir au Palace d’Auburn Hills
Les années des Pistons n’ont jamais été toutes blanches. Des mauvais souvenirs, il y en a quelques uns. Parmi eux, les Finales perdues en 1988 après avoir mené 3 à 2, celles de 2005 face aux Spurs lors d’un Game 7 irrespirable mais finalement l’événement qui a le plus marqué les fans et la Ligue entière, c’est bien le soir du 19 novembre 2004, la bagarre générale déclenchée par Ron Artest, plus communément appelée “Malice at the Palace“. Les hôtes reçoivent les Pacers de Rick Carlisle, match à l’ambiance électrique et odeur de revanche en raison de l’élimination de ces derniers lors des Finales de la Conférence Est, remportées 4 à 2 par les Bad Boys 2.0. Les fermiers ne sont qu’à quelques secondes de repartir avec une septième victoire en neuf matchs quand tout à coup Ron Artest pète un câble. Le mec qui prône la paix aujourd’hui était loin d’être un enfant de cœur à l’époque, c’était le maître des coups fourrés…Pas très fourrés d’ailleurs puisqu’il se faisait souvent attraper par la police des parquets. Bref, tout commence avec ce génie du punch, qui en balancera un bien sale dans la tronche de Ben Wallace, les esprits s’échauffent et le jeu s’arrête momentanément. Les deux parties semblent se calmer et le boxeur du dimanche s’écarte du terrain pour se planquer avec les journalistes en attendant le verdict des arbitres. Ce genre d’incident arrive et le match va reprendre, pensent alors les fans. C’était sans compter sur le fabuleux John Green, un spectateur, ayant eu l’idée lumineuse de balancer son soda sur Ron Ron. L’ailier n’en demandait pas moins pour justifier sa violence et se rue alors sur le pauvre homme avec l’idée de l’encastrer bien comme il faut. L’anarchie règne dans l’antre des Pistons et tout le monde vient se mêler à la baston générale. Le chaos fini par cesser et le lendemain des mesures drastiques sont alors divulguées par le commissioner David Stern : Ron Artest est suspendu jusqu’à la fin de saison et le salaire va suivre avec. Servant de mémo à la construction identitaire de la Grande Ligue, The Malice at the Palace aura été la bagarre de trop.
Maillots retirés au plafond du Palace d’Auburn Hills
- #1 : Chauncey Billups, 10 février 2016
- #2 : Chuck Daly (nombre de titres NBA remportés en tant que coach), le 25 janvier 1997
- #3 : Ben Wallace, le 16 janvier 2016
- #4 : Joe Dumars, le 10 mars 2000
- #10 : Dennis Rodman, le 1er avril 2011
- #11 : Isiah Thomas, le 17 février 1996
- #15 : Vinnie Johnson, le 5 février 1994
- #16 : Bob Lanier, le 9 janvier 1993
- #21 : Dave Bing, le 18 mars 1983
- #32 : Rip Hamilton, le 26 février 2017
- #40 : Bill Laimbeer, le 4 février 1995
- Bill Davidson (propriétaire), le 28 décembre 2011
- Jack McCloskey (GM), le 29 mars 2008
Palmarès au Palace d’Auburn Hills
- Champions NBA (1989, 1990 et 2004)
- Champions de Conférence (1989, 1990, 2004 et 2005)
- Champions de Division (1989, 1990, 2002, 2003, 2005, 2006, 2007 et 2008)
- Meilleur bilan : 64-18 (2006)
- Pire bilan : 20-62 (1994)
La suite
Il sera compliqué d’insuffler une telle énergie et une telle identité dans la tête des Pistons des années 2020 mais les vestiges laissées par leurs prédécesseurs font d’eux une franchise défensive (dans la tête seulement). Il n’était jamais facile de se rendre au Palace pour y disputer un match de basketball et beaucoup y ont laissé des dents. Démolit à partir de février 2020, c’est tout un pan des Detroit Pistons qui part en fumée…
Désormais logés à la Little Caesars Arena, les Pistons de MoTown vont devoir se démener s’ils veulent ajouter des bannières à celles présentes au plafond, afin de marquer l’histoire de la franchise mais aussi de la salle, on n’oublie jamais ceux qui gagnent.
Source image : YouTube/NBA