Quand Vinnie Johnson est devenu 007 : retour sur le tir qui a offert le titre aux Pistons en 1990

Le 01 sept. 2018 à 12:15 par Nicolas Meichel

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Mettre un game-winner en saison régulière, c’est bien. Mettre un game-winner en Playoffs, c’est déjà autre chose. Mais alors mettre un game-winner en Finales NBA pour remporter une baguouze, c’est carrément le summum. Peu de joueurs dans l’histoire de la ligue ont réussi un tel exploit et l’ancien arrière des Pistons Vinnie Johnson fait partie de ce cercle VIP.

Retour en 1990. Cette année-là, Detroit affronte les Portland Trail Blazers de Clyde Drexler. Champions la saison précédente, les Pistons sont en route pour le back-to-back. La franchise guidée par le coach Chuck Daly mène 3-1 dans la série et n’a qu’une idée en tête, finir le taf lors du Game 5 dans l’Oregon. Cependant, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu pour Isiah Thomas et Cie. En effet, les locaux mènent sur le score de 76-69 à huit minutes et trente secondes de la fin. La finale va-t-elle repartir dans le Michigan pour une sixième manche ? Est-ce que Detroit peut réaliser un come-back et ainsi mettre fin aux espoirs des Blazers ? Vinnie Johnson choisit la deuxième option. Très discret lors des trois premiers quart-temps, où il n’a pas marqué le moindre panier, l’arrière des Pistons se transforme en héros dans la dernière période. Il inscrit d’abord un shoot en sortie d’écran, puis un autre en transition après un stop défensif. C’est officiel, Vinnie est rentré dans son match. Derrière, Johnson enchaîne et fait la misère à Portland, qui ne trouve aucune solution pour l’arrêter. Il marque trois autres paniers ainsi que trois lancers francs. Sous son impulsion, Detroit revient dans la partie et égalise dans la dernière minute sur un tir de Thomas. 90-90, 36,5 secondes à jouer. Les Blazers chient dans la colle sur la possession suivante, ce qui donne une occasion en or aux Pistons.

Isiah a la gonfle dans les mains. Il laisse tourner l’horloge. Défendu par Terry Porter, il transmet le ballon à Vinnie Johnson, placé derrière la ligne à trois points sur le côté droit de l’attaque. VJ réalise alors deux dribbles avant de prendre un shoot compliqué face à l’ailier Jerome Kersey. Ce dernier mesure tout de même deux mètres, soit treize centimètres de plus que l’arrière de Detroit. Mais peu importe. Johnson parvient à déclencher son tir et ça fait mouche. Ficelle, rien à dire, c’est parfait. Le banc des Pistons explose tandis que les supporters de Portland sont KO debout. Les Bad Boys prennent l’avantage 92-90 avec seulement 0,7 seconde au chronomètre. Les Blazers ne parviennent pas à s’en remettre. Au total, Vinnie termine avec 15 points dans le quatrième quart-temps, à 6/7 au shoot, et donc le game-winner pour le titre de champion NBA. Difficile de faire plus clutch.

“L’action était construite afin qu’Isiah ait le ballon pour prendre le dernier shoot. Joe Dumars était la deuxième option. Chacun devait faire face à une prise à deux. Quand j’ai reçu le ballon et que j’ai vu qu’Isiah et Joe étaient couverts, avec le temps qui s’écoulait, j’ai pris le shoot.” – Vinnie Johnson

Ce dernier quart symbolise assez bien la carrière de Johnson avec les Pistons. Sélectionné par les SuperSonics avec le septième choix de la Draft 1979, il est arrivé à Detroit deux ans plus tard dans le cadre d’un échange avec l’ailier Greg Kelser. En l’espace d’une décennie dans le Michigan, Vinnie a essentiellement évolué en sortie de banc, en tant que sixième homme de luxe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a joué un rôle important dans l’ascension et le succès des Pistons à cette époque-là. Quand on pense à ces Bad Boys qui ont disputé trois Finales NBA consécutives, avec deux titres de champion, on pense d’abord à Isiah Thomas, Joe Dumars, Bill Laimbeer ou Dennis Rodman, mais il ne faut pas oublier VJ. Scoreur dangereux, il a régulièrement apporté un coup de boost à son équipe derrière le backcourt titulaire, et ce Game 5 face aux Blazers en est l’exemple parfait. Il était même surnommé “Microwave” (micro-ondes pour les buses en anglais) pour sa capacité à chauffer rapidement. C’est Danny Ainge qui l’a appelé ainsi pour la première fois en mai 1985, après un match de Playoffs entre Boston et Detroit dans lequel Johnson a claqué 34 points, dont 22 dans le seul quatrième quart-temps. En 1987, Vinnie a notamment terminé deuxième dans la course au titre de meilleur remplaçant de la saison avec 15,7 points par match, sa meilleure moyenne en carrière. Si les Pistons ont décidé de retirer son numéro 15, ce n’est pas par hasard.

Pour Vinnie Johnson, ce shoot assassin face aux Blazers représente le sommet d’une carrière très correcte. Il n’a jamais été All-Star, il n’a jamais remporté la moindre distinction individuelle, mais il a été un maillon essentiel des Pistons version Bad Boys.