Le Georgia Dome : seulement deux saisons partielles en NBA mais un record all-time qui n’est pas près de bouger

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction la Géorgie et plus particulièrement Atlanta, pour une visite guidée du Georgia Dome qui accueillait les Hawks entre 1997 et 1999.

La fiche

  • Dernier nom : Georgia Dome
  • Adresse : One Georgia Dome Drive Atlanta, GA 30313
  • Ville : Atlanta, Géorgie
  • Date d’ouverture : 6 septembre 1992
  • Date de fermeture : 9 juin 2017
  • Démolition : 20 novembre 2017
  • Capacité : 71 228 personnes
  • Propriétaire : État de Géorgie
  • Prédécesseur : Omni Coliseum
  • Successeur : State Farm Arena depuis 1999

Histoire

Ce nom n’a de secret pour aucun des curieux de football américain. Stade emblématique des Falcons d’Atlanta entre 1992 et 2017, le Georgia Dome ne fut pas la propriété exclusive de la franchise de NFL pendant ces 25 années. Entre 1997 et 1999, les Hawks viennent s’installer provisoirement chez les footeux, pour une raison assez simple : la franchise est en attente de déménagement. Les années 1990 sont le  changement central d’une NBA qui roule tout droit vers la modernité. Les télévisions se dotent de nouvelles caméras pour capturer les highlights, de nouvelles franchises apparaissent, et une préoccupation toute particulière accordée aux suites de luxe s’étend sur toute la décennie. Dans ce contexte aussi, plusieurs salles arrivent à bout de souffle et s’effritent, c’est le temps du changement, surtout à Atlanta.

Les Hawks jouent depuis 1972 dans l’Omni Coliseum, salle mythique des Aiglons et du maître des lieux Dominique Wilkins. Les années passant, l’Omni Coliseum prend de l’âge et commence à se délabrer. Le contexte de la modernité, additionné à la vétusté de la salle suffisent à convaincre la franchise de faire naître un nouveau complexe. Ce sera chose faite dès 1997, avec le début de la construction de la Philips Arena, renommé plus tard State Farm Arena. Point positif, les Hawks ne se retrouvent pas sans salle ou dans de modestes algecos. Ce sera le Georgia Dome durant tout le processus de naissance de la Philips Arena. Une capacité de 71 228 personnes, 164 suites de luxe, un complexe surplombé d’un dôme géant de 82 mètres, des dimensions hors-normes, bref tout ce qu’il faut pour mettre le feu dans toute la Géorgie. De feu justement, il en sera question lors d’une date précise, où le Georgia Dome rentrera dans l’histoire pour, certainement, ne plus jamais en sortir. Ce soir-là, le 27 mars 1998, une marrée humaine se déplace dans la salle provisoire des Aiglons pour une raison bien particulière.

Meilleur souvenir au Georgia Dome

Deux ans de Georgia Dome auront quand même suffi à mettre des étoiles plein les yeux aux fans des Hawks. Si les deux saisons n’auront pas permis aux Hawks d’enfin franchir plus de deux paliers en NBA, une date restera à jamais comme le meilleur souvenir des 62 046 spectateurs du Georgia Dome. Oui oui, 62 046 personnes présentes pour un match de saison régulière de NBA. Le 27 mars 1998, la NBA est frappée d’un nouveau record, celui de la plus grosse affluence pour une rencontre dans l’histoire de la Grande Ligue. Les causes et le contexte de ce record sont toutes trouvées. En 1998, Atlanta dispose d’une bonne petite équipe autour de Steve Smith et de Dikembe Mutombo, et du membre de la Dream Team 1992… Christian Laettner. Une équipe correcte qui finira 5ème de la saison 1997-98, mais qui souffre d’un manque cruel de spectateurs durant la saison. Car si le Georgia Dome accueille les grandes affiches de la Ligue, l’Alexander Memorial Coliseum de 8 000 spectateurs essaie de remplir tant bien que mal les recettes billetterie des affiches moins sexy, sans grand succès.

62,046 fans watch us play the Bulls at the Georgia Dome in ’98. It’s still a single-game NBA attendance record! #tbt pic.twitter.com/hnC55TKLts

— Atlanta Hawks (@ATLHawks) June 7, 2013

Mais le 27 mars 1998, le tiroir-caisse des Hawks déborde comme jamais. Les Bulls débarquent en ville. Ce sera potentiellement le dernier match de Jojo à Atlanta, au sein des Bulls plus mythiques que jamais avec un Dennis Rodman haut en couleur, un Scottie Pippen en costard certes, mais l’attraction est ailleurs, elle s’appelle Michael Jordan. Pour Chicago, c’est un match de saison régulière censé préparer les hommes de Phil Jackson pour un sixième titre en huit saisons. Côté Atlanta, les Hawks servent plus de sparring-partner que d’adversaires féroces. Peu importe, toute la Géorgie se déplace au Georgia Dome pour voir His Airness. Et ils ne seront pas déçus. MJ score 34 points, agrémenté de 5 rebonds et 4 caviars. Petit match pour l’ami Jojo où son poulain Scott Burrell brillera aussi à Atlanta avec 18 points. Côté Hawks, Dikembe a fait du Dikembe avec un 12 points – 10 rebonds, qui n’aura pas suffi à stopper les Taureaux, qui s’imposeront en Géorgie de 15 points (89-74). Une défaite certes, mais un souvenir indescriptible pour les 62 046 fans d’Atlanta qui auront vu une dernière fois Michael Jordan version Bulls. L’ancien record d’affluence de 47 790 personnes venait déjà du Georgia Dome, l’année passée, face aux mêmes adversaires. Les Hawks ne verront plus les Bulls après, Playoffs obligent et une équipe d’Atlanta bloquée au stade des demi-finales de Conférence. Pourtant la saison d’après, les Hawks auront une occasion en or de briser ce plafond de verre… ou pas.

Pire souvenir au Georgia Dome

La saison 1998-99 se lance avec des Bulls démantelés, la retraite de Michael Jordan et un lock-out qui empêche de commencer une bonne partie des matchs. À Atlanta, ce n’est que la deuxième saison du Georgia Dome, pourtant elle constituera bien la dernière des Hawks dans l’enceinte gigantesque. Une saison raccourcie, donc, puisque les franchises ne disputeront que 50 matchs sur les 82 normalement prévues. Sous les ordres de Lenny Wilkens, Atlanta fait le travail et engrange 31 victoires avec six joueurs à dix points ou plus. Prime au collectif en Géorgie avec comme fers de lance, Steve Smith, Dikembe Mutombo et Mookie Blaylock. Pas transcendant sur le papier mais suffisant pour terminer quatrième d’une Conférence Est bien pâle, dominée par le Heat d’Alonzo Mourning.

Au premier tour des Playoffs, les Hawks reçoivent les Pistons de Grant Hill et d’un Joe Dumars en phase de pré-retraite. Victoire en cinq matchs d’Atlanta, à une époque où le premier à trois victoires remportait le premier tour. Dans le même temps, entre la Floride et New York, les Knicks, huitièmes, créent une énorme surprise et balaient le Heat, premier de la Conférence. Une occasion inespérée pour le Georgia Dome de rugir, et d’enfin accéder aux Finales de Conférence. Les Hawks n’ont pas à se farcir le premier, la route est donc toute tracée pour Atlanta qui dès à présent, doit s’imposer quatre fois, et peut donc laisser filer un ou deux matchs aux Knicks.

Sauf que rien ne se passe comme prévu, New York a toutes les caractéristiques sauf celle d’être un réel huitième de Conférence. Autour d’un Patrick Ewing vieillissant, une équipe de soldats menée par Allan Houston et Latrell Sprewell ne se pose aucune question. Game 1, le premier plante 34 points le second 31, victoire Knicks au Georgia Dome (100-92). Atlanta est sonné d’autant que le trio Smith – Mutombo – Blaylock a marqué 55 points. Coup de froid en Géorgie, mais cela arrive, il est impossible d’avoir autant de réussite sur plusieurs matchs. En fait si. Deuxième match de la série, les Hawks sont sous pression alors que les Knicks ont déjà coché leur objectif, prendre au moins un match à l’extérieur. Dans un match aussi cadenassé que possible, Latrell Sprewell sort encore de sa boite, plante encore 31 points et fait encore gagner New York (77-70). Les Hawks sont à terre, incapables de répondre à l’insolence des Knicks version 1999 complètement désinhibés, d’une confiance inébranlable. Le collectif imposé par Lenny Wilkens ne répond plus. Il faudra un miracle pour revenir à 2-2, dans un Madison Square Garden chauffé à blanc par un public, dont peu croyaient en la réussite de ces Knicks-là. Le miracle ne viendra jamais, Atlanta se fera sèchement sweeper par New York. Encore une occasion manquée, les Hawks n’iront toujours pas en Finales de Conférence, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait pas photo. Le 20 mai 1999 et la deuxième défaite à domicile dans la série aura clos la (courte) ère du Georgia Dome, avec d’immenses regrets de ne pas voir d’autres matchs couperets dans l’enceinte géante.

La suite

L’année 1999 marque un tournant dans la franchise des Aiglons. Le début de la saison 1999-00 coïncide avec l’ouverture de la Philips Arena, salle plus petite que le Georgia Dome, mais plus adaptée aux spectateurs. Le sweep à la sauce new-yorkaise traumatisera longtemps ATL qui ne retrouvera les Playoffs que neuf ans plus tard, en 2008, et atteindra enfin les Finales de Conférence en 2015. Le Georgia Dome devient ainsi à partir de 1999, la propriété exclusive des Falcons, l’équipe de football américain, et plus aucun match des Hawks n’aura lieu dans le complexe. La NFL parcourera le géant stade jusqu’en 2017, où le 9 juin, le Georgia Dome sera fermé, puis le 20 novembre démoli.

Le Georgia Dome n’aura pas connu la gloire de son équipe de basket mais peut encore se vanter d’avoir le record d’affluence all-time d’un match NBA. Et ce record, il va falloir être très bon pour aller le chercher.

Source image : YouTube/Atlanta Falcons