Le Chicago Stadium : terre du premier Threepeat de l’histoire des Bulls
A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction l’Illinois et plus particulièrement Chicago, pour une visite guidée du Chicago Stadium qui accueillait les Bulls entre 1967 et 1994.
La fiche
- Nom actuel : Chicago Stadium
- Adresse : 1800 West Madison Street
- Ville : Chicago, Illinois
- Date d’ouverture : 28 mars 1929
- Date de fermeture : 9 septembre 1994
- Démolition : février-mars 1995
- Capacité : 18 676 personnes
- Propriétaire : Chicago Stadium Corp.
- Surnom : The Madhouse on Madison
- Successeur : United Center depuis 1994
Histoire
Le Chicago Stadium a vu le jour le 28 mars 1929 sur une idée de Paddy Harmon, qui voulait amener une équipe de NHL à Chicago. Il perdit contre Frederic McLaughlin, ancien militaire et futur propriétaire des Blackhawks de Chicago mais participera à hauteur de 2,5 millions de dollars pour les frais de construction afin d’avoir un minimum de contrôle sur la franchise. Au total, le coût s’éleva à 9,5 millions de dollars et la seule franchise résidant dans l’enceinte était celle de hockey sur glace. C’est en janvier 1966 que les Bulls de Chicago font leur apparition, ils doivent attendre la Draft d’expansion afin de participer à une saison officielle en NBA. Les débuts se font alors au début de la campagne 1966-67, mais ils devront attendre la saison suivante pour jouer sur le parquet du Chicago Stadium.
Pour leur premier match dans la salle, les Taureaux recevaient les Lakers, le 17 octobre 1967. Une défaite sera à l’ordre du jour pour la Windy City, s’inclinant sur le score de 107 à 105. A l’époque, la franchise était menée par le duo Jerry Sloan – Bob Boozer, ce dernier posa 36 points et 8 rebonds, insuffisant pour contrer Elgin Baylor, auteur de 21 points et 13 rebonds dans la victoire californienne. Dans cette arène, les fans ont eu le droit à de multiples rénovations, agrandissant le nombre de places assises. En 1929, il y avait 17 000 places mais les travaux ont permis de rajouter 374 sièges en 1958 avant de revoir ce chiffre à la hausse en 1986 avec un total de 17 458 places puis 18 676 à la fin de sa vie. Côté parquet, le logo était déjà présent dans le rond central mais sans le ballon de basket en arrière-plan et l’on retrouve également le taureau aux quatre coins du parquet. Par ailleurs, le système de climatisation étant un peu vieillot, il n’était pas rare d’observer du brouillard pendant les rencontres de fin de saison.
Etant une enceinte multifonction, il n’était pas rare d’assister à des concerts, des conventions politiques et autres manifestations sportives en dehors du basketball. En parlant de ce dernier, la salle organisa le All-Star Game de 1973, celui de 1988 et les Finales NBA du premier triplé des Bulls, de 1991 à 1993. Le dernier événement qui s’est tenu au Chicago Stadium n’était autre qu’un match de charité organisé par Scottie Pippen, le 9 septembre 1994. Malgré la retraite de His Airness, ce dernier viendra enfiler ses baskets pour coller 52 pions sur la tête de son ex-coéquipier. Parlons désormais records, c’est bien entendu Michael Jordan qui détient le record de points sur un match avec 64 unités lors de la venue du Magic le 16 janvier 1993. En-dessous du cercle, c’est Tom Boerwinkle qui goba 37 rebonds contre les Suns le 8 janvier 1970 alors que Ennis Whatley réalisa le plus de caviars avec 22 passes décisives à deux reprises lors de l’année 1984.
Meilleur souvenir au Chicago Stadium
Nous étions obligés de mentionner le premier titre et le premier triplé de l’histoire des Bulls, remportés en 1991, 1992 et 1993. Ces Finales ont donné lieu à des actions incroyables comme John Paxson qui inscrit un game-winner à la fois en 1991 et en 1993 pour achever les Suns. Eh oui ce n’est pas Jordan qui faisait tout le travail ! Il y a aussi le fameux Shrug Game de MJ. Mais si vous savez en 1992 lorsque les Blazers tentent d’arracher le titre aux mains de l’Illinois, le GOAT rentrera six paniers à trois-points dans la première mi-temps tout en scorant 35 points. Il y a énormément de bons moments mais autant faire le focus sur quelque chose dont on parle relativement moins souvent. Comme dit précédemment, le Chicago Stadium a organisé deux All-Star Game, en 1973 et 1988. C’est ce dernier qui nous intéresse car Michael Jordan va participer au Slam Dunk Contest contre Dominique Wilkins. Le premier est le leader de la saison au scoring avec 35 points de moyenne alors que le Hawk est deuxième, pointant à 30,7 pions par match. On passe en revue les autres participants : Spud Webb, Otis Smith, Jerome Kersey, Greg Anderson et Clyde Drexler. Des adversaires coriaces mais qui ne feront pas le poids devant deux des meilleurs dunkeurs de l’histoire. A l’époque de ce week-end spécial, les fans viennent pour assister à cet événement et la salle comptait alors plus de 18 000 témoins pour ce concours. Après le premier tour, les deux hommes se retrouvent en finale pour se départager. Alley-oop contre la planche, reverse dunk en double clutch, moulins à vent etc… Les deux joueurs se tirent la bourre et l’ailier d’Atlanta lâche 45 points sur le dernier dunk. Il faut alors un 48 pour égaliser ou au minimum 49 pour s’imposer. Le dunk qui va suivre, vous le connaissez : le numéro 23 prend son élan, saute depuis la ligne des lancer-francs et le légendaire Air Jordan est né. Le jury donnera la note de 50 et c’est tout le public qui explose à l’annonce. M.J vient de remporter pour la deuxième année consécutive le concours de dunk, Dominique a encore le seum.
Pire souvenir au Chicago Stadium
Imaginons que le pire souvenir de l’Illinois soit le départ en retraite de Michael Jordan, que resterait-il à découvrir ? Et bien imaginez un monde où Magic Johnson aurait son maillot retiré au plafond du United Center. Car oui, en 1979, les Bulls ont bien failli drafter Earvin. Retour à la fin des années 1970 où le principe de loterie n’existe pas. Le premier pick est alors attribué à pile ou face entre les deux pires bilans de la Ligue. Vous l’aurez deviné, cette année-là, les Bulls et les Lakers finissent bons derniers de leur Conférence respective. Chicago choisit pile et malheureusement, le premier choix ira en direction de la Californie qui récupérera alors le meilleur meneur de tous les temps (?). Pendant ce temps, le deuxième choix s’est avéré être un massacre, de son vrai nom David Greenwood (Green who ?), on vous l’accorde ça ne vous dit pas forcément grand-chose. Il restera tout de même six saisons dans la franchise affichant des moyennes tout à fait honorables de 12,6 points et 9,1 rebonds… Alors que pendant ce temps-là, Magic était déjà quintuple All-Star, tournait presque en triple-double de moyenne et comptait déjà trois bagues à ses doigts. Imaginez alors que les rôles se soient inversés, Chicago récupère Earvin Johnson et gagne son premier titre dix ans plus tôt. Kareem serait-il venu aux Lakers ? Lew Alcindor aurait fait le trajet Wisconsin-Illinois illico presto. Le Showtime aurait été l’expression à la mode du côté de la ville du vent et ça en jette un max. On pourrait aussi s’accorder à dire que cette souffrance à eu du bon car jamais les Bulls n’auraient été aussi mauvais au point de pouvoir tomber sur Michael Jordan cinq ans plus tard lors de la Draft 1984. C’est donc pas si mal lorsqu’on regarde cette malchance quatre décennies après. Mais les fans de l’époque et la franchise devaient se mordre les doigts de ne pas avoir choisi face.
What if…
Maillots retirés au plafond du Chicago Stadium
- #4 : Jerry Sloan, le 17 février 1978
- #10 : Bob Love, 14 janvier 1994
Palmarès au Chicago Stadium
- Champions NBA (1991-1993)
- Champions de Conférence (1991-1993)
- Champion de Division (1975, 1991-1993)
- Meilleur bilan : 67-15 (1992)
- Pire bilan : 24-58 (1976)
La suite
C’est un bout d’histoire qui s’est envolé en mars 1995, fin de la démolition du Chicago Stadium. Après 66 ans de services et 27 ans pour les Bulls, l’arène a dit au revoir à la ville. La domination est restée la même au United Center mais elle ne s’est pas transmise à la fin de la dynastie. Dix ans plus tard, la Draft de Derrick Rose redonnait de l’espoir aux fans mais malheureusement la blessure sera quasi-fatale pour le jeune meneur et les rêves de titre s’éloignent alors. L’avenir appartient au nouveau front office en place depuis le printemps 2020, à eux de redorer le blason et viser loin.
Les fans n’auront pas à s’en faire, le spectacle sera au rendez-vous et les joueurs ont intérêt à vouloir accrocher leur nom au plafond et s’inscrire parmi les plus grands basketteurs de la franchise de Chicago, les héritiers de MJ et Scottie se font toujours attendre.
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