Playoffs Revival : Michael Jordan ne peut pas expliquer ce qu’il fait, il était une fois le shrug game

Le 20 janv. 2014 à 16:21 par David Carroz

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Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Lorsque l’on parle de performance en Playoffs, et encore plus en Finales, un nom vient immédiatement à l’esprit. Celui de Michael Jordan qui a multiplié les prouesses lors de la postseason. Compétiteur né, MJ savait élever son niveau de jeu lors des grands rendez-vous. Au point d’écœurer certains soirs ses adversaires. Comme lors du Game 1 des Finales NBA en 1992 face à Portland. Shrug Game.

Le contexte : Chicago en quête de back-to-back

Les Bulls entament la saison 1991-92 tout juste auréolés de leur premier titre. Et ils ne comptent pas s’arrêter là. Emmenés par un Michael Jordan enfin libéré de la pression du premier titre et un Scottie Pippen lieutenant idéal, l’équipe de Windy City domine la saison régulière en établissant un record de franchise de 67 victoires (battu depuis en 1996, mais également en 1997). MJ (30,1 points à 51,9%, 6,4 rebonds, 6,1 assists et 2,3 steals) remporte son deuxième titre de MVP consécutif. Mais l’objectif est le back-to-back. En Playoffs, la tâche est bien plus ardue. Après avoir sweepé le Heat, les Bulls rencontrent ceux qui deviendront leurs principaux rivaux : les New York Knicks et leur basket physique, qui rappelle d’une certaine façon celui des Detroit Pistons. No easy buckets. Ils poussent les coéquipiers de Jordan à un Game 7, où Chicago déroulera (110-81). Les rendez-vous sont pris pour les années à venir. La finale de Conférence face aux Cavs sera moins compliquée (4-2) et les Bulls peuvent donc défendre leur titre.

À l’Ouest, suite à l’annonce de la séropositivité de Magic Johnson et son départ à la retraite, les cartes sont redistribuées. Quatre équipes se tiennent en quatre victoires à la fin de la saison régulière : les Blazers (57-25), le Jazz (55-27), les Warriors (55-27) et les Suns (53-29). Ce sont finalement les joueurs de Portland qui remportent le titre de champion à l’Ouest, leur deuxième en trois ans, et qui retrouvent donc les Finales après leur échec face aux Pistons en 1990. Leur parcours en Playoffs est moins chaotique que celui des Bulls. Ils sortent les Lakers (3-1), les Suns (4-1) puis le Jazz (4-2). Clyde Drexler (25 points à 47%, 6,6 rebonds et 6,7 passes) est un des rares joueurs à pouvoir rivaliser avec Michael Jordan, et les médias cherchent justement à remplacer le duel Bird-Magic par celui entre les deux arrières finalistes en 1992. Malheureusement pour The Glide, cette finale le laissera pour toujours dans l’ombre de MJ.

La performance : Shrug Game

Les Bulls attaquent la série sur leur parquet. Jordan sort d’une performance plutôt médiocre aux tirs, à 10/27 face aux Cavs. Peu importe, il a passé les derniers jours à bosser son shoot, hors de question de ressortir de telles stats en finale. Les Blazers eux veulent refaire le coup des Lakers l’année précédente et s’adjuger le premier match à l’extérieur pour faire douter les Bulls. Ils attaquent le match en trombe, et après un dunk de Drexler sur Jordan, prennent 8 points d’avance, 15-7. À cet instant du match, Michael avait déjà raté deux shoots à 3-points. De toute façon, les tirs longues distances ne sont pas sa spécialité (27% durant la saison régulière 1991-92). Mais titiller l’orgueil du champion n’est jamais une bonne idée. Alors que certains déclaraient que Drexler avait réalisé une saison de MVP (dont Phil Jackson selon certains journalistes, mais démenti par le Zen Master), ce dunk de Clyde The Glide va réveiller l’égo de Jordan. Lors de sa troisième tentative from downtown à la fin du premier quart-temps, le #23 réussit son panier. Personne n’imagine que la suite va être un festival. Les Bulls finissent cette période avec 3 points d’avance, 33-30.

Le deuxième quart-temps est le théâtre du show Jordan. Après un fadeaway devant Drexler, MJ commence à se lâcher. Poste bas, jump shot, à 3-points, dans le corner, en tête de raquette… tout y passe, Drexler est complètement largué. Mais rien n’y fait, il continue sur sa lancée. Il rentre 6 paniers à 3-points en première mi-temps, record NBA, et marque 35 points sur les 24 premières minutes. Record également pour une finale NBA. Après sa sixième réussite longue distance, Jordan se tourne alors vers la table de marque et hausse les épaules, comme si lui non plus ne comprenait pas ce qu’il se passait. “Je ne peux pas l’expliquer moi non plus” semble-t-il dire. Les Bulls rentrent aux vestiaires avec l’avantage, 66-51. À ce moment-là, on se rappelle un échange qui a précédé les Finales NBA. Un journaliste parlait de sa comparaison avec Clyde Drexler et Jordan répondait qu’ils se valaient dans chaque catégorie. “Et à 3-points ?” lui lançait l’insolent, sachant bien que le joueur des Blazers (33,7%) est au-dessus de MJ (27%). La réponse est donnée sur le parquet.

Jordan n’aura pas besoin d’en rajouter beaucoup pour la deuxième partie du match, les Bulls creusant l’écart dans le troisième quart remporté 38 à 17. Il finit la rencontre avec 39 points, 16/27 au tir, 6/10 à 3 points, 3 rebonds, 11 passes et 2 interceptions en 34 minutes. Chicago s’impose 122-89.

“J’ai commencé une série derrière la ligne des 3 points. J’avais l’impression qu’il s’agissait de lancers francs” – Michael Jordan après le match.

La suite : Threepeat dans l’Illinois

La suite, c’est tout d’abord le second titre des Bulls, avec Jordan comme MVP. La fin de l’ère Magic vs Bird. Le meneur des Lakers a annoncé sa séropositivité avant le début de la saison 1991-92 et a pris sa retraite. Larry Legend prend la sienne après les JO de Barcelone et l’expérience Dream Team, le dos en miettes suite à des années de combat NBA. Nous entrons alors dans l’Air Jordan, qui va régner sur la ligue jusqu’en 1998, malgré sa pause baseball entre l’été 1993 et le printemps 1995. Avec deux threepeats entrés dans l’histoire. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler.

L’odeur du sang, l’intensité des Finales, rien de mieux pour pousser Michael Jordan à son meilleur niveau. Et cette ouverture face aux Blazers a été une nouvelle preuve de son instinct de tueur.