L’Alamodome : eh oui, les Spurs ont eu une vie avant le Frost Bank Center

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction le Texas et plus particulièrement San Antonio, pour une visite guidée de l’Alamodome qui accueillait les Spurs entre 1993 et 2002.

La fiche

  • Nom actuel : Alamodome
  • Adresse : 100 Montana Street
  • Ville : San Antonio, Texas
  • Date d’ouverture : 15 mai 1993
  • Capacité : de 20 662 à 36 500 personnes
  • Propriétaire : ville de San Antonio
  • Surnom : Alamo City
  • Successeur : AT&T Center depuis 2002

Histoire

L’Alamodome est relativement récent puisqu’il ouvre officiellement ses portes le 15 mai 1993 mais cela ne va pas empêcher les Spurs d’y séjourner moins de dix ans avant de décider de construire leur propre salle, l’AT&T Center. Situé sur Montana Street, ce bâtiment était d’abord pensé pour attirer une franchise de NFL (football américain) mais sans réel succès. L’arène hébergera les Texans en 1995, la franchise n’existera qu’une seule année. En 2005 les Saints de la Nouvelle-Orléans viennent jouer trois rencontres en raison de l’ouragan Katrina qui a détruit leur stade et depuis 2011 ce sont les Roadrunners d’UTSA (football universitaire) qui occupent principalement le terrain. Dirigés par les cabinets d’architectures HOK Sport, les travaux ont coûtés la bagatelle de 186 millions de dollars.

Pour leur premier match dans cette toute nouvelle salle, les Spurs s’étaient imposés face aux Warriors sur le score de 91 à 85. Dans cette victoire à l’arrachée, David Robinson compila 32 points, 8 rebonds et 4 contres alors que le sixième homme Dennis Rodman avala 21 rebonds. Les Éperons étaient tout simplement trop forts pour Latrell Sprewell et ses 22 points, qui semblait esseulé. A cette époque, The Worm arrivait en provenance de Detroit et The Admiral n’avait pas de bague… Dans cette enceinte dernier cri, les fans avaient à disposition 20 662 places assises mais l’on pouvait atteindre un maximum de 36 500 places. Le 13 janvier 2023, les Spurs organisent un match de saison régulière à l’Alamodome pour célébrer les 50 ans de la franchise. 68 323 spectateurs étaient présents (TrashTalk inclus), battant le record d’affluence pour un match NBA. Le prix moyen pour un match de saison régulière pendant cette période était de 36 dollars. Le parquet se distinguait de celui en noir de nos jours, il était aux couleurs “classics” avec le logo rétro des Spurs, de couleur rose, bleu et orange, dans le rond central.

Etant une enceinte multifonctions – c’est ce qui aura poussé les Spurs à changer de salle – l’Alamodome pouvait accueillir plus de 200 événements à l’année du côté du Texas. Concernant le basket, l’enceinte a organisée le All-Star Game en 1996 ainsi que le Final Four de NCAA masculin et féminin, en 1998, 2004 et 2008 pour les hommes contre 2002 et 2010 pour les femmes. Sans oublier les Finales NBA de 1999 opposant la franchise de San Antonio aux Knicks. A propos des records établis, le grand Tim Duncan domine au scoring en plantant 53 points face aux Mavericks le 26 décembre 2001. Sans grande surprise, c’est bien Dennis Rodman qui goba 32 rebonds le 22 janvier 1994 face aux… Mavericks, encore. Celui qui détient le record de caviars en un match n’est autre qu’Avery Johnson avec 20 unités délivrées lors de deux rencontres, le 10 décembre 1997 face aux Clippers et le 17 décembre 1997 contre les Grizzlies.

Meilleur souvenir à l’Alamodome

Etant resté seulement une décennie dans cette enceinte, le meilleur souvenir pourrait être le duel entre Dirk Nowitzki et Tim Duncan lors du record en carrière de ce dernier, inscrivant 53 pions sur la tête de l’Allemand dans ce derby texan. Mais il y a plus marquant pour les fans et la franchise. On parle bien entendu du titre remporté en 1999 contre les Knicks. La saison 1998-99 fut tronquée par le lockout et chaque équipe disputera une cinquantaine de matchs en régulière, qui permet au duo d’intérieurs de hisser son équipe en pole position de la Ligue avec un bilan de 37 victoires pour 13 défaites. Arrivés en postseason, les Spurs marchent sur les Wolves avant de sweeper les Lakers puis les Jail Blazers avant de filer en Finales. On a connu parcours plus difficile pour une équipe ayant atteint le Graal. L’armada de San Antonio retrouve l’équipe de Gérards en provenance de New York mais ne prennent pas leurs adversaires à la légère, ce n’est pas le style de la maison. La série se joue alors en 2-3-2 (format de l’époque), les Spurs ne tremblent pas à domicile et remportent les deux premiers matchs sans trop forcer puisque les Knicks ne dépasseront pas la barre des 80 points marqués. Tim Duncan est intenable et comptabilise déjà 58 points, 31 rebonds et 6 contres en deux rencontres. Retour à la maison pour Latrell Sprewell et sa bande et au cours d’un Game 3 disputé, les New-yorkais arrivent à sortir la tête de l’eau lors du quatrième quart-temps et s’imposent derrière les 34 points d’Allan Houston alors que l’étrangleur de coach n’aura pas traîné des pieds puisqu’il inscrit 24 puntos lors de cette rencontre.

Les fans de la Grosse Pomme se mettent à croire à nouveau en leurs chances de titre mais le quatrième match sera maîtrisé de long en large par les hommes de Gregg Popovich. Timmy replante, Johnson sert du caviar en plat principal et D-Rob se charge de distribuer les crêpes en dessert. Victoire 96 – 89, les Texans ne sont plus qu’à 48 minutes de leur premier sacre. Le Game 5 est à nouveau très disputé, les deux équipes se rendent coup pour coup, Monsieur Sprewell fait le match de sa vie en compilant 35 points et 10 rebonds mais c’est bien Avery Johnson qui plantera un three à 47 secondes de la fin du match, game-winner synonyme de victoire et donc de titre. Tim Duncan est élu MVP des Finales avec 27,4 points, 14 rebonds et 2,2 contres de moyenne sur les cinq rencontres. Le sophomore pose les bases pour les vingt années à venir de la meilleure des manières. Effectivement les Spurs n’ont pas eu le temps de revenir en ville pour achever les Knicks puisqu’ils s’imposeront à New York à deux reprises pour finir la série mais ce souvenir marque le début de la domination du double MVP texan, moment inoubliable pour les fans des Éperons qui retournerons aussi à l’Alamodome pour fêter les titres suivant en plus gros comités. Plus on est de fous, plus on rit.

Pire souvenir à l’Alamodome

Comme dans toutes les franchises, il y a des mauvais moments que l’on vit au cours de son histoire. Cette fois-ci, cela se passe pendant la totalité de la saison 1996-97 où les Spurs, privés de David Robinson en raison d’une blessure, verront leur bilan chuter lourdement. Le pivot MVP en 1995 se blesse à la fin de l’été et le verdict tombe sans tarder : il manquera la totalité des matchs sur la campagne à venir. Coup dur pour les fans, les joueurs, bref, la franchise. Enchaînant les séries de défaites au cours de la saison, le bilan dressé au 20 avril 1997 est de 20 victoires pour 62 défaites, les plaçant alors troisième de la Ligue… en partant de la fin. Pour rappel l’équipe avait gagné 59 matchs la saison précédente et s’était inclinée face au Jazz en demi-finales de Conférence. C’est donc ni plus ni moins l’un des plus gros différentiels de victoires d’une saison à l’autre.

Sans l’Amiral, l’attaque est méconnaissable puisqu’ils finiront 27ème avec 90,5 unités de moyenne par match et l’autre côté du terrain n’est pas forcément mieux avec 98,3 points concédés, passant de la 11ème à la 19ème meilleure défense de la Ligue. Vous l’aurez compris, il fallait s’accrocher à l’époque si vous étiez fan du Spurs Basketball. Le coach Bob Hill, alors en poste depuis deux saisons, se fera remercier au bout de 18 rencontres avec un bilan de 3 victoires pour 15 défaites. L’homme qui prendra la suite ne sera autre que… Gregg Popovich. Il ne parviendra pas à redresser pour autant la barre puisque ses joueurs remporteront seulement 17 rencontres sur le reste de la campagne. Au final ce sera direction la lottery pour le front office du Texas et ils récupéreront alors le first pick de la Draft 1997, draftant le joueur de Wake Forest, Tim Duncan. Finalement, cela fait une année de souffrance pour 20 de bonheur, le prix est correct non ?

Maillots retirés au plafond de l’Alamodome

  • #00 : Johnny Moore, le 20 mars 1998

Palmarès à l’Alamodome

  • Champions NBA (1999)
  • Champions de Conférence (1999)
  • Champions de Division (1995, 1996, 1999, 2001 et 2002)
  • Meilleur bilan : 62-20 (1995)
  • Pire bilan : 20-62 (1997)

La suite

Les Spurs déménagent à l’aube de la saison 2002-03, laissant ainsi une part d’histoire derrière eux. La franchise continuera d’honorer ses fonctions en remportant quatre titres dans cette nouvelle arène, dont un avec David Robinson en 2003. La série de participation aux Playoffs continuera de durer pour atteindre 22 phases finales consécutives… en attendant le verdict de la saison 2019-20.

L’Alamodome n’est pas détruit et sert toujours à organiser d’autres événements sportifs et culturels, les joueurs et les fans n’ont pas l’air de regretter ce déménagement, cela permet aux habitant du Texas d’avoir plus d’occupations.

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