Warriors 2014/15 – 10 ans plus tard : Bob Myers, l’architecte de la dynastie de Golden State

Le 22 mars 2025 à 13:25 par Benoît Carlier

bob myers
Source image : NBA League Pass

Attention au coup de vieux : la dynastie Warriors a gagné son premier titre il y a… dix ans ! Une épopée qui a marqué le début d’une révolution en NBA, notamment sur le plan du jeu. La bande de Stephen Curry était encore jeune, mais a réussi à emporter avec elle une grande majorité de fans de basketball. 10 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série retraçant cette aventure singulière. Allez, épisode 3 ! 

Derrière chaque grande équipe, il y a un grand architecte. De 2012 à 2023, Bob Myers était le cerveau derrière les nombreux succès des Warriors, à commencer par quelques coups de génie qui ont mené jusqu’au premier titre de la dynastie de Golden State en 2015. Portrait.

Bob Myers, made in Oakland

Natif de Danville dans la banlieue d’Oakland et habitué du dernier rang de l’Oracle Arena, Bob Myers commence sa carrière professionnelle en tant qu’agent de joueurs. Cireur de banc à UCLA et titré en 1995, il comprend rapidement que son futur se joue à côté des parquets et pas dessus. Fraîchement diplomé en économie et commerce, il gravit rapidement les échelons chez Tellem and Associates où il finira vice-président. Après neuf ans dans cette première agence, il rejoint Wasserman Media Group où il négocie plus de 575 millions de dollars de contrat NBA pour des joueurs tels que Brandon Roy, DeAndre Jordan ou Kendrick Perkins. Des noms qu’il prendra l’habitude de croiser lors de son prochain grand défi.

Désireux de découvrir une autre facette du métier et de se rapprocher de ses proches, Bob Myers décroche un post d’assistant GM chez les Warriors en avril 2011. L’apprentissage est express et il se retrouve propulsé tout en haut de l’échiquier à peine un an plus tard. Son message en conférence de presse est clair :

“C’est un grand jour pour moi mais ce le sera encore plus quand nous aurons une équipe qui joue après la saison régulière et que nous pourrons nous battre pour gagner un titre. C’est ce qui me motive le plus.”

À ses côtés, le propriétaire des Warriors Joe Lacob boit les paroles du nouveau boss de son front office qui ne va pas tarder à faire ses preuves lors de la Draft NBA 2012. Après une saison compliquée marquée par un lockout et terminée à la 13è place à l’Ouest (23-43), Golden State est en pleine reconstruction. Bob a deux choix au premier tour et deux choix au second tour, il ne peut pas se rater. Avec le septième choix, les Warriors sélectionnent Harrison Barnes, un ailier polyvalent en provenance de North Carolina qui va tout de suite s’installer dans le cinq majeur dès sa saison rookie. Le reste de la Draft est déterminant dans l’histoire de la franchise de la Baie comme Bob Myers l’explique dans 95,7 The Game :

“Nous avions Draymond [Green] autour de la 20è place dans notre board et nous pensions qu’il serait déjà parti lorsque notre pick 30 arriverait. […] Nous avions un gros manque au poste de pivot et je ne devrais pas insister là-dessus mais tant pis. Nous avons pris Festus Ezeli avant de prendre Draymond. Quand on a vu que Draymond continuait de descendre, on était tout excités. ‘Oh mon dieu, peut-on avoir Draymond Green ?’ Nous sommes très chanceux de l’avoir car si quelqu’un le sélectionne plus haut, rien de tout ça ne peut arriver.”

Bien que régulièrement blessé, Festus Ezeli (drafté avec le choix #30) reste une pièce du puzzle qui permettra aux Warriors de retrouver le chemin du succès 40 ans après. Mais ce n’est rien à côté du rôle et de l’impact de Draymond Green finalement récupéré avec le 35è pick de Draft et l’un des plus gros steals de l’histoire destiné à se retrouver au Hall of Fame un jour. Une explosion qui va coïncider avec l’arrivée de Steve Kerr et le début de la dynastie des Warriors telle qu’on la connait aujourd’hui.

Le tournant de l’été 2014

La saison 2012-13 est marquée par le retour des Warriors en Playoffs et même en demi-finale de Conférence après avoir réalisé l’upset contre les Nuggets au premier tour. Une double victoire pour Golden State qui réussit à convaincre Andre Iguodala de décliner une prolongation à Denver pour rejoindre le projet de la franchise de l’État doré. Un nouveau gros coup de la part de Bob Myers qui assemble, pièce par pièce, le squelette d’un groupe qui va dominer outrageusement la Ligue durant toute la deuxième moitié de la décennie.

Chaque saison, le bilan s’améliore mais le plus gros tournant a lieu à l’intersaison 2014. Le GM prend une décision forte en se séparant de Mark Jackson contre l’avis général du vestiaire. La franchise remercie le pasteur pour les travaux mais ressent le besoin de changement pour concrétiser ses envies de titre.

“Les fans devraient savoir ou comprendre qu’ils doivent nous faire confiance. L’histoire récente a montré que nous faisions du bon travail,” s’explique Bob Myers sur CSN.

Commence alors la recherche du coach idéal. Un entraîneur qui pourrait développer de vrais systèmes en attaque en arrêtant de se contenter du jeu en isolation qui trouve forcément ses limites quand le jeu ralentit au moment des Playoffs. Stan Van Gundy et Steve Kerr font figure de favoris, les noms d’Alvin Gentry et Lionel Hollins sont également cités tout comme Tom Thibodeau, Mike D’Antoni et Fred Hoiberg.

Les Pistons sont plus rapides que les Warriors et mettent la main sur SVG en lui offrant une double casquette de coach et président des opérations basket. Steve Kerr devient alors la cible principale de Golden State. L’ancien coéquipier de Michael Jordan chez les Bulls durant le second Threepeat et de Tim Duncan à San Antonio en 2003, passé par le management des Suns et la télévision est le candidat rêvé mais les Knicks ont une longueur d’avance sur le dossier comme en témoigne ce tweet bien old-school d’Adrian Wojnarowski à l’époque de Yahoo!.

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C’est là que Bob Myers intervient. Malgré une semaine de négociation intensive entre Steve Kerr et Phil Jackson, le GM des Warriors trouve les mots pour convaincre la houppette blonde de réaliser son baptême du coaching dans la Baie. Un mariage parfait qui a fêté ses noces d’étain en 2024 et se poursuit aujourd’hui.

“Si Mark [Jackson, ndlr] était resté, il y a de fortes chances pour que les Warriors n’aient jamais gagné de titre et on serait toujours en train de se dire qu’une équipe basée sur le jump-shot ne peut pas gagner un titre,” détaille un ancien dirigeant des Warriors pour CBS Sports.

En recrutant son coach avant la Free Agency, les Warriors s’assurent de réaliser un marché en adéquation avec les attentes de Steve Kerr et c’est comme ça que Shaun Livingston et Leandro Barbosa viennent compléter un effectif qui mise sur la continuité pour aller titiller les sommets. Une continuité confirmée avec la prolongation de contrat de Klay Thompson après avoir un temps songé à échanger le sniper contre Kevin Love qui empilait alors les double-doubles dans le Minnesota.

Dirigeant de l’Année en 2015, une évidence

À partir de là, les dés étaient jetés et Bob Myers pouvait retourner dans l’ombre des bureaux de l’Oracle Arena en espérant que son plan se déroule sans accroc. Bingo ! La mayonnaise prend immédiatement avec Steve Kerr et les Warriors commencent leur saison avec 21 victoires pour 2 petites défaites. À mi-saison, Golden State est solidement attaché à la première place de la Ligue avec un jeu basé sur la passe et une forte adresse extérieure.

À 26 ans, Stephen Curry entre dans son prime. Il est insolent d’adresse toute l’année et raffle le premier trophée de MVP de sa carrière. Klay Thompson qui n’a plus à se soucier de son futur contrat prend régulièrement feu comme cette soirée de janvier 2015 où il plante 37 points en un quart-temps sur la tronche des Kings. Aux côtés des Splash Brothers, Draymond Green se révèle enfin aux yeux du monde dans son nouveau rôle de titulaire et passe tout proche du trophée de meilleur défenseur de l’année.  Andre Iguodala ravale son égo et accepte de sortir du banc pour dicter le jeu de la second unit avec la recrue Shaun Livingston pendant que Harrison Barnes et Andrew Bogut complètent le cinq majeur.

Pour la première fois de leur histoire, les Guerriers dépassent les 80% de victoires sur une saison avec un bilan de 67 succès et 15 revers qui leur offre logiquement l’avantage du terrain jusqu’à d’éventuelles Finales NBA. Ils ont la meilleure attaque de la Ligue (110 points par match), le meilleur defensive rating (101,4 points encaissés toutes les 100 possessions) et la plus haute pace en NBA.

À l’heure des Playoffs, tout le monde connait exactement son rôle et ça déroule face aux Pelicans, aux Grizzlies puis aux Rockets en finale de Conférence. Arrive LeBron James et des Cavaliers décimés en Finales NBA. Kevin Love est blessé depuis le premier tour des Playoffs et Kyrie Irving se fracture la rotule lors du Game 1. Une dernière série acharnée lors de laquelle Andre Iguodala parvient à freiner le King jusqu’à devenir le premier MVP des Finales à ne pas avoir débuté un seul match en tant que titulaire. Les Warriors l’ont fait, ils sont champions NBA 40 ans après leurs aînés et 40 ans après la naissance de Bob Myers.

Des gradins de l’Oracle Arena jusqu’aux bureaux, le GM a parcouru du chemin et ses choix ont remis sa franchise de coeur sur le toit de la Grande Ligue. De ses jolis coups à la Draft 2012 à la sélection de Steve Kerr pour succéder à un coach au bilan positif malgré son manque d’expérience dans le coaching, Bob Myers mérite cette bague de champion plus que n’importe qui et il est logiquement élu Executive of the Year pour compléter le tableau.

Véritable passionné, Bob Myers a imposé son style dans la franchise qu’il a supporté toute sa vie jusqu’à créer une dynastie. Proche de ses joueurs, il remet l’humain au centre dans une position où l’argent et le ROI sont rois. Il soulèvera quatre trophées avec les Warriors avant de s’en aller vers d’autres projets en NFL et comme analyste sur la chaîne ESPN, la tête haute et le palmarès bien rempli.

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Et pour les épisodes précédents : 

Sources texte : 95,7 The Game, CSN, CBS Sports

 


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