Les derniers jours de Mike Brown à Sacramento
Le 30 déc. 2024 à 13:57 par Thibault Mairesse
C’est un séisme qui a fait grand bruit en NBA : le renvoi de Mike Brown de son poste d’entraîneur des Sacramento Kings. Une décision qui peut sembler précipiter au premier abord et qui l’est encore plus si on se penche sur les derniers jours de l’ex-coach de l’année sur le banc de SacTown.
À l’instar des flambeaux de Koh Lanta, Mike Brown a été prié de prendre son sac, son flambeau néon et de rejoindre Denis Brogniart Monte McNair. Le GM des Kings a tout simplement renvoyé son entraîneur sans aucune autre sommation.
Une décision qui fait suite à un homestand de cinq matchs où Sacramento s’est enfoncé chaque jour davantage dans la crise comme le rapporte The Athletic.
Une série de défaites fatale
Le début de la fin de Mike Brown débute donc le 16 décembre lors d’une défaite face aux Nuggets où les Rois avaient encaissé 130 points. Cette version des Kings est réputée pour prendre des valises de points sauf que sur sa dernière année civile, Mike Brown s’est activé à trouver des solutions pour mieux protéger sa moitié de terrain et on a commencé à en voir les résultats. L’équipe au néon est devenue une équipe moyenne défensivement là où elle n’était pas bonne en 2022-23 (6ème pire défense de la Ligue).
Sauf que le front office a eu la super idée de supprimer la profondeur de son effectif et de lui apporter comme principal renfort DeMar DeRozan. Un ajout qui ne fit pas sur plan offensif d’autant plus que DMDR n’a jamais été réputé pour être une foudre de guerre défensive.
Justement, le numéro 10 des Kings avait l’occasion d’offrir la victoire face aux Nuggets, mais dans une ultime possession où le ballon est mystérieusement devenu une patate chaude, l’ailier a raté le tir de la gagne.
DeMar DeRozan absolutely choked in the moment pic.twitter.com/tb3cNmkXth
— Ahmed/The Ears/IG: BigBizTheGod 🇸🇴 (@big_business_) December 17, 2024
Ensuite, place à une double confrontation face aux voisins des Lakers. Des Angelinos emmenés par LeBron James qui a pour agent un certain Rich Paul. C’est ce même Rich Paul qui est devenu l’agent de De’Aaron Fox, il y a de ça quelques semaines. Une décision lourde de sens dans une période où le nom du renard est plus que jamais dans les rumeurs de transfert.
Avant de se pencher sur l’état des relations le meneur et son coach, place au jeu et aux deux nouvelles catastrophes signées par des rois qui n’ont rien de royal.
Après la première défaite, Mike Brown s’est exprimé en conférence de presse en déclarant qu’il avait besoin d’un groupe uni et non pas de joueurs avec un pied à Sacramento et l’autre on ne sait où. Un tacle où on peut dire sans trop se mouiller qu’il était à destination de De’Aaron Fox.
On peut alors penser que le dialogue est rompu entre la jeune superstar et son coach. Une idée renforcée par les déclarations de Fox après l’éviction de Mike Brown.
“Je ne dirais pas qu’on se sent coupable. C’est le type de travail qu’on fait. Bien sûr, lorsqu’il signe son extension cet été, on pensait qu’il serait là plus longtemps, mais au final il sera payé. C’est l’avantage d’être joueur ou coach NBA, il y a ces contrats garantis.” De’Aaron Fox
Ambiance.
On passe rapidement sur la seconde défaite face aux Lakers et sur le revers subi contre Indiana pour se concentrer sur le match de la catastrophe. Cette fameuse rencontre face aux Pistons.
Avec trois points d’avance, la consigne de Mike Brown est on ne peut plus simple et s’applique à tous les niveaux : ne pas laisser le tir à 3-points et surtout ne pas faire faute. Une consigne qui n’est pas arrivée aux oreilles de De’Aaron Fox – trop occupé à penser à son futur duo avec Victor Wembanyama peut-être – puisqu’il enfreint ces deux règles. Il mange la feinte de Jaden Ivey qui peut dégaîner derrière l’arc, mais surtout il fait faute. 3+1 quasiment sur le buzzer qui scelle le sort des Kings, mais aussi celui de Mike Brown par la même occasion.
JADEN IVEY 4-POINT PLAY FOR THE WIN ‼️
Pistons win 114-113 🚨 pic.twitter.com/9wuXDyj85V
— NBA (@NBA) December 27, 2024
Rideau pour Mike Brown
En coulisse, ça s’active et la décision ne se fait pas attendre puisque le renvoi du coach est prononcé à peine quelques heures plus tard.
Une décision qui a fait l’effet d’un tremblement de terre en NBA puisque Steve Kerr et Mike Malone sont montés au créneau pour saluer le taff du coach de l’année 2023. L’entraîneur des Nuggets n’y est pas allé de main morte puisqu’il a déclaré :
“C’est terrible, juste terrible. […] Au début, j’étais vraiment choqué et surpris, puis je me suis repris et je me suis dit : ‘Pourquoi suis-je choqué et surpris ?’. Pour deux raisons.
D’abord, parce qu’en tant qu’entraîneur NBA, vous allez être critiqué. Quand ils gagnent, c’est grâce à Sabonis et Fox. Quand ils perdent, c’est à cause de Mike Brown. C’est comme ça que ça marche. Et deuxièmement, parce que je sais pour qui il travaille. Donc je ne suis pas surpris que Mike Brown ait été viré, parce que j’ai été viré par la même personne (Vivek Ranadivé, propriétaire des Kings).” Michael Malone
Michael Malone blasts the Kings for firing Mike Brown: “No balls. No class.”
Malone says Brown was fired over the phone on his way to the airport for the Kings’ next game.
“I’m not surprised that Mike Brown got fired, because I got fired by the same person.” pic.twitter.com/LoE4XKsvzQ
— DNVR Nuggets (@DNVR_Nuggets) December 28, 2024
Parce que si renvoyer un entraîneur est une chose, la manière de le faire en est une autre. Ce vendredi, Mike Brown dirigeait sa séance d’entraînement comme il en a l’habitude avant de prendre un vol direction Los Angeles. Un vol dont Mike Brown ne reçut jamais la carte d’embarquement puisqu’il a été laissé purement et simplement sur le tarmac. Si l’image peut sembler forte et exagérée, elle reflète quasiment à la perfection ce qu’il s’est réellement passé.
À peine cette fameuse séance d’entraînement terminée que Mike Brown a été convoqué par Monte McNair qui lui a fait part de son renvoi.
Si l’annonce provient de GM des Kings, il n’y a aucun doute sur le fait que Vivek Ranadivé est venu mettre son nez là-dedans. Le proprio de Sacramento n’a pas pour habitude de conserver ses coachs très longtemps. La promotion de Doug Christie à la tête de l’équipe correspond au huitième coach des Kings en 12 ans.
Difficile d’installer une stabilité et une quelconque continuité dans ces conditions.
Une éviction que Mike Brown devait sentir venir puisqu’il a déclaré lors de son ultime conférence de presse :
“Quand les temps sont durs, vous vous rendez compte de qui est réellement là pour vous. Les gens changent de train rapidement. Le soutien que vous avez ne sera pas là éternellement, mais ce sont des choses avec lesquelles je dois travailler.” Mike Brown
Si les temps sont durs, un renvoi face à la première difficulté semble une décision un peu prise à la va-vite. Il faut rappeler que Mike Brown est le coach qui a ramené les Kings en Playoffs après un trou d’air de 17 ans. S’il n’a jamais pu capitaliser là-dessus, c’est parce que le front office n’a jamais été capable de lui envoyer des renforts cohérents avec ses objectifs et non l’apport de DeMar DeRozan n’a jamais transformé les Kings en des prétendants au titre.
Si Mike Brown n’est pas exempt de tout reproche à l’image de ses rotations hasardeuses (coucou les minutes de Keon Ellis), il n’a pas à être victime de l’incompétence de ses supérieurs.
Mais on le sait, la NBA est un business dans lequel quand tout va bien on rend hommage aux joueurs et quand tout va mal, on tire sur l’entraîneur.
Mike Brown a donc été le premier fusible à sauter, mais cela risque de ne pas être le dernier.
Doug Christie prend sa place et il devrait finir la saison. Le management de Sacramento a toujours eu la volonté d’installer l’ex-étoile des Kings sur le banc et n’a même pas cherché un autre candidat pour succéder à Mike Brown.
Première bonne nouvelle, Doug Christie semble plus tenir le vestiaire que ne l’avait son prédécesseur. Plusieurs fois, Domantas Sabonis a encensé ses entraîneurs durant l’été et Douggie ne cesse de vanter les qualités de De’Aaron Fox.
Le front office tente-t-il réellement d’installer Doug Christie sur le banc de l’équipe ou est-ce un panic move pour conserver la superstar de Sacramento ? L’avenir nous le dira.
Source texte : The Athletic